Thoros
de
la
Montaigne
fu
sire
d'Ermenie,
et
moru
sans
heir,
et
escheut
Ermenie
au
Melih
son
frère:
lequel
Melih
ot
deus
fis,
Rupin
et
Sanon
[1].
Rupin
esposa
Isabeau,
la
fille
Hanffroy
dou
Thoron,
et
orent
deus
filles,
Aalis
et
Phelippe.
Aalis
esposa
le
prince
Beimont
et
orent
un
fis
qui
ot
nom
Rupin,
que
l'on
appelait
le
Prince
Rupin,
et
esposa
Helvis,
la
fille
dou
roy
Emeri
de
Chipre
si
com
est
dit,
et
orent
deus
filles,
Eschive
et
Marie.
Eschive
moru;
Marie
esposa
Phelippe
de
Monfort,
sire
de
Sur.
Phelippe,
l'autre
fille
Rupin
de
la
Montaigne,
esposa
Pacre
[2],
et
orent
un
fils
Constans,
qui
moru.
Puis
la
mort
de
Rupin
de
la
Montaigne,
Livon
son
frère
se
saisit
de
la
lerre
et
se
fit
coroner
à
roy,
et
fu
le
premier
roy
d'Ermenie
et
esposa
Sebille,
la
fille
dou
roi
Eimeri
de
Chipre
et
de
la
royne
Isabeau,
et
orent
une
fille
qui
ot
nom
Isabeau.
—
Après
la
mort
du
roy
Livon,
la
dite
Isabeau
espousa
Phelippe,
le
fis
dou
prince
Borgne,
lequel
valut
mout
poi,
et
le
tuerent
li
baron
d'Armenie;
puis
esposa
la
royne
Ysabeau
d'Ermenie
Heïton,
le
fis
Constans,
qui
estoit
conestable
et
bail
d'Ermenie,
et
orent
deus
fis
et
cinq
filles:
Livon,
Thoros,
Sebille,
Femie,
Ritta,
Isabeau,
Marie.
Sebille
esposa
le
prince
Beimont
d'Antioche,
Femie
esposa
Julien
le
sire
de
Saïette,
Ritta
esposa
le
sire
de
la
Roche,
Marie
esposa
Gui
de
Ibelin,
Ysabeau
moru,
Thoros
fu
occis
de
Sarrasins.
Livon
fu
roy
après
la
mort
de
son
pere,
et
esposa
Guiran,
la
fille
au
seignour
dou
Lambron,
et
orent
sept
fis
et
trois
filles
[3]:
Heïton,
Thoros,
Semblat,
Constans,
Horses
[4],
Rupin
que
il
nomerent
Alinah,
Oïsim,
Ysabeau,
Ritta
et
Jefanon
[5].
Puis
la
mort
du
roy
Livon,
Heïton
son
fis
ot
la
seignorie
et
ne
se
vost
coroner,
ains
vesti
abit
de
Menours,
et
dona
la
seignorie
a
Thoros
son
frere;
puis
li
toli
et
la
dona
a
Semblant,
son
autre
frere
et
fu
coroné
du
royaume
d'Ermenie.
Thoros
esposa
Marguerite,
la
fille
du
roi
Hugue
de
Chipre,
et
ot
un
fis,
Livon;
Isabeau
esposa
Amauri
le
fils
du
roy
Hugue
de
Chipre,
si
com
vous
avez
oy
[6];
Ritta
esposa
le
fis
de
l'empereur
de
Constantinople;
Jefanon
morut.
Le
dessusdit
Semblat
fit
tuer
Thoros
son
frere,
puis
Heïton
le
fit
prendre,
et
dona
la
seignorie
a
Constans,
son
frere;
puis
fit
il
prendre
Constans,
et
manda
Semblat
et
Constans
en
Constantinople;
là
morut
Constans,
et
il
donna
la
seignorie
a
Livon
son
neveu,
qui
fu
fis
Thoros
et
de
Marguerite,
la
fille
dou
roy
Hugue
de
Chypre,
corne
a
esté
dessus
dit.
----------------------
Ochine,
souche
des
Héthoumiens
et
premier
seigneur
de
Lambroun,
«qu'il
fortifiait
autant
que
possible,
vivant
en
paix
et
sans
épreuve
dans
ce
château-fort
inaccessible,
devint
l'ami
des
empereurs
grecs
et
reçut
d'eux
la
dignité
de
Sébaste
et
beaucoup
de
présents».
Quel
était
au
juste,
à
cette
époque,
l'état
de
la
forteresse
de
Lambroun,
je
ne
le
sais
pas
positivement,
mais
nos
historiens
lorsqu'ils
en
parlent
usent
encore
davantage
des
épithètes
forte,
inaccessible,
imprenable;
quelquefois
même,
ils
disent
une
forteresse
absolument
imprenable.
L'un
d'eux
en
parlant
du
mont
Armén
ou
Arméni,
dit
«qu'il
se
trouve
à
l'est
de
Lambroun,
de
cette
forteresse
inaccessible,
bâtie
sur
l'un
des
premiers
gradins
du
Taurus:
de
ce
château-fort
qui,
enveloppé
dans
une
grandeur
majestueuse,
du
haut
de
la
montagne
domine
la
ville
de
Tarsus».
C'est
bien
en
effet
à
l'est
de
Lambroun
qu'il
faut
placer
le
mont
Armén;
la
haute
sommité
qui
s'élève
au
nord-ouest
de
la
forteresse
porte
un
nom
turc
qui,
traduit
en
arménien,
signifie
à
peu
près
«Croupe
de
bœuf».
Près
de
Lambroun
se
trouve
un
plateau
d'une
assez
grande
étendue,
à
une
altitude
de
1250
métres
au-dessus
du
niveau
de
la
mer.
Il
est
recouvert
de
belles
prairies,
de
pâturages
et
d'ombrage,
et
sert
de
résidence
d'été
aux
habitants
de
Tarse
et
d'Adana.
Ces
deux
dernières
villes
se
trouvent
à
une
distance
de
12
à
16
heures
de
la
forteresse,
et
le
chemin
est
bordé
d'arbres
fruitiers.
Les
Turcs
ont
donné
à
la
contrée
qui
s'étend
entre
la
forteresse
et
la
montagne
de
la
«Groupe
du
bœuf»,
le
nom
de
Ghiavour
bahdjéssi
(Jardin
des
infidèles).
Cet
espace
est
parsemé
de
plantations,
de
maisons
de
bois,
et
de
cabanes
pour
ceux
qui
y
demeurent
pendant
l'été.
Peut-être
les
plantations
furent-elles
faites
et
ordonnées
par
les
premiers
seigneurs
aisés
du
château,
car
on
affirme
même
à
présent,
au
dire
d'un
voyageur
européen,
qu'elles
datent
du
temps
des
Croisés.
On
trouve
aussi
en
cet
endroit
un
petit
lac.
(p.
82
Vue
des
maisons
d'été
de
Lambroun)
Au
milieu
de
ce
plateau
s'élève
à
pic
un
rocher
calcaire,
taillé
et
poli
comme
un
mur
par
la
nature
et
par
les
hommes
[7].
Ce
n'est
que
du
côté
de
l'ouest
qu'on
peut
le
gravir,
par
un
escalier
artificiel,
très
difficile,
qui
conduit
au
sommet,
où
se
dresse
superbement
la
forteresse
trois
fois
glorieuse,
De
son
côté
sud,
elle
regarde
Tarse,
la
capitale;
de
l'est,
la
Cilicie
Trachée,
les
Portes
ou
les
Gorges
de
la
Cilicie;
enfin
au
nord
et
à
l'ouest
elle
est
protégée
par
les
hauts
remparts
du
Taurus,
qui
se
dressent
comme
de
formidables
murailles.
A
ces
pieds
croissent
en
abondance,
des
cèdres,
semblables
à
ceux
du
Liban,
aux
tons
bruns
et
verts.
Les
murailles
épaisses
sont
encore
debout
en
partie.
On
entre
par
cinq
grandes
portes
à
larges
voûtes,
sur
lesquelles
sont
sculptées
des
figures
de
lions
héraldiques
portant
sur
la
tête
une
couronne
royale,
et
à
leur
côté
on
voit
une
croix
travaillée
par
de
menus
ornements.
En
pénétrant
dans
la
forteresse,
on
aperçoit
les
restes
de
tours
carrées
et
d'un
édifice
oblong
construit
en
belles
pierres
de
taille,
lequel
est
divisé
dans
sa
longueur
en
trois
compartiments.
Les
salles
du
château
sont
voûtées
et
les
murs
percés
de
fenêtres
ogivales.
Ce
monument
est
purement
arménien,
ce
que
confirment
les
lettres
arméniennes,
gravés
sur
beaucoup
de
pierres
entrées
dans
sa
construction.
Les
tours
sont
percées
de
petites
ouvertures
circulaires
communiquant
entre
elles;
dans
les
embrasures
de
ces
meurtrières,
on
voit
les
traces
des
feux
qui
ont
dû
servir
probablement
à
faire
des
signaux,
comme
autrefois
on
avait
l'habitude
de
les
employer
en
stratégie.
Une
fort
belle
tour
octogone,
bien
voûtée
et
recevant
le
jour
par
de
petites
fenêtres
ménagées
dans
l'épaisseur
des
murailles,
est
au
sud-est
de
la
forteresse.
La
salle
basse
de
cette
tour
était
la
chapelle
du
château.
Ces
derniers
détails
nous
viennent
de
V.
Langlois
qui
a
visité
ces
lieux
en
1852-1853;
mais
ni
lui,
ni
d'autres
explorateurs
n'ont
mentionné
aucune
inscription
mémorable,
alors
que
nos
princes,
pendant
trois
siècles
d'un
règne
glorieux,
devraient
en
avoir
laissé
beaucoup.
Peut-être
en
découvrira-t-on
dans
l'avenir,
par
des
fouilles
et
des
recherches
plus
minutieuses.
Seule
une
grande
croix,
transportée
de
ce
château
à
Tarse,
datée
de
l'an
1297,
porte
sur
son
piédestal
cette
inscription:
«Aie
pitié
de
ton
serviteur,
Grégoire,
qui
l'a
construite.
Amen».
—
Et
aux
angles:
«Mon
Dieu
Seigneur
J.
C.
1297.
Amen».
Et
plus
haut
il
semble
que
l'on
ait
ajouté
plus
tard:
«Aie
pitié
de
ton
serviteur
Jean
Gaspar».
A
défaut
d'inscriptions,
nous
placerons
ici
quelques
notes
extraites
des
chroniques
et
des
mémoires
sur
Lambroun.
Ce
château-fort
ne
s'est
rendu
qu'une
seule
et
dernière
fois;
mais
dans
quelles
conditions
et
à
quelle
époque?
nous
ne
le
savons
pas;
car
la
capitulation
n'est
indiquée
que
d'une
façon
très
vague.
Notre
chroniqueur
parlant
des
seigneurs
de
Lambroun,
dit:
«Ochine
eut
pour
successeur,
son
fils
Héthoum,
qui
fut
également
honoré
du
titre
de
Sébaste
par
l'empereur
Alexis.
Après
que
les
Latins,
venus
en
Orient,
eurent
pris
Jérusalem,
la
cité
sainte,
(1098-9),
le
Sébaste
eut
à
soutenir
plusieurs
attaques
de
leur
part
pour
défendre
le
château
son
patrimoine;
mais
avec
l'aide
de
Dieu
et
du
saint
apôtre
Pierre,
il
sortit
victorieux
de
ces
épreuves,
s'enrichit
et
fut
comblé
d'honneur
par
Jean,
roi
des
Grecs».
Ce
dernier
est
Jean
Comnène,
fils
et
successeur
de
l'empereur
Alexis,
qui
occupa
le
trône
de
Byzance
de
1118
à
1143.
Comme
le
dit
ce
passage,
dès
l'arrivée
des
Croisés
dans
ces
lieux,
ils
s'efforcèrent
de
ravir
aux
Grecs
les
châteaux
et
les
terres
qui
leur
appartenaient.
Suivant
leur
exemple,
les
princes
Roupiniens
descendirent
peu
à
peu
du
nord
au
sud.
Les
Héthoumiens
et
les
autres
seigneurs,
vassaux
des
Grecs,
eurent
donc
à
lutter
contre
leurs
compatriotes
Arméniens
et
contre
les
étrangers.
S'ils
purent
leur
résister,
ils
le
durent
à
l'excellente
position
de
leurs
forteresses
de
Lambroun,
de
Babéron,
d'Asgourse,
et
d'autres.
Si
elles
n'avaient
pas
été
bien
défendues
par
la
nature
et
par
leurs
fortes
murailles,
ou
si
l'art
de
diriger
les
sièges
avait
été
plus
avancé,
elles
seraient
tombées
infalliblement
au
pouvoir
des
Latins
et
peut-être
les
Léoniens
n'auraient-ils
plus
eu
le
bonheur
de
régner
sur
toute
la
Cilicie.
Le
même
mémoire,
d'où
nous
avons
tiré
ces
considérations,
nous
apprend
que:
«Héthoum
avait
de
nobles
fils
et
des
filles
qui
parvinrent
sous
ses
yeux
à
l'âge
de
puberté.
Il
maria
quelques
-
uns
de
ses
enfants
avant
sa
mort,
mais
non
son
fils
aîné
Ochine
qui
ne
se
maria
qu'après
avoir
succédé
à
son
père.
Héthoum
laissa
le
château
de
Babéron
à
son
second
fils
Sempad;
il
maria
l'une
de
ses
filles
avec
Basile,
frère
de
Grégoire,
Catholicos
des
Arméniens
et
petit
fils
de
Grégoire
Magistros
de
Betceni.
Ochine,
qui
succéda
à
Héthoum,
reçut
également
de
l'empereur
Manuel
le
titre
de
sébaste;
il
accumula
des
trésors
et
s'enrichit
beaucoup».
—
Basile
parvint
à
lui
faire
épouser
la
fille
de
son
frère
Zoravar,
la
princesse
Chahantoukhte.
Ochine
eut
de
cette
princesse
d'abord
une
fille
(Marie),
puis
en
1151,
un
fils
auquel
il
donna
le
nom
de
Héthoum,
et
en
1152,
notre
père
spirituel»,
c'est-à-dire
saint
Nersès
de
Lambroun,
et
enfin
trois
autres
fils
Abirad,
Chahenchah,
Grégoire
et
deux
autres
filles,
Talitha
et
Chouchan
ou
Suzanne.
La
fidélité
d'Ochine
comme
lige
de
l'empereur
lui
valu
des
richesses
et
des
honneurs,
mais
aussi
l'inimitié
des
Roupiniens.
C'était
alors
le
brave
Thoros
II
qui
gouvernait
la
Cilicie.
Revenu
de
Constantinople,
où
il
avait
partagé
la
captivité
de
son
père,
il
reconquérait
peu
à
peu
tout
le
domaine
de
ses
pères.
Pour
mieux
résister
au
jeune
envahisseur,
Ochine
s'allia
aux
Grecs.
Les
Nathanaël,
ses
parents,
et
d'autres
seigneurs,
imitèrent
son
exemple.
Joints
à
12,
000
cavaliers
commandés
par
Andronic,
ils
vinrent
assiéger
Messis;
mais
ils
furent
vaincus
par
Thoros.
Sempad,
frère
d'Ochine
et
Seigneur
de
Babéron,
fut
tué
dans
la
bataille;
Ochine,
fait
prisonnier,
dut
promettre
40,
000
pièces
d'or
pour
sa
rançon.
Il
en
paya
la
moitié
immédiatement,
et
comme
garantie
pour
le
reste
de
la
somme,
il
donna,
comme
otage,
son
fils
Héthoum,
à
peine
âgé
de
deux
ans.
L'enfant
n'avait
pas
encore
reçu
le
baptême;
Thoros
le
fit
baptiser
et
se
chargea
de
son
éducation.
Sa
figure
éveillée,
son
intelligence
plurent
tant
à
Thoros
qu'il
lui
donna
sa
fille
en
mariage
avant
même
qu'il
eût
atteint
l'âge
de
puberté,
et
le
renvoya
libre
chez
son
père,
estimant
comme
dot
de
sa
fille
les
20,
000
pièces
d'or
qui
lui
étaient
encore
dues.
Ochine
entra
encore
plus
d'une
fois
en
lutte
contre
Thoros;
mais
je
ne
sais
pour
quels
motifs;
ce
fut
probablement
à
l'instigation
de
l'empereur
Manuel
qui
excitait
tous
les
princes
d'alentour
contre
Thoros.
Mais
comme
ce
dernier
était
fort
et
puissant,
et
surtout
très
vaillant,
Ochine
ne
s'avança
jamais
seul
contre
lui.
Il
s'allia
plus
d'une
fois
aux
Turcs;
même
une
fois
il
les
conduisit
jusqu'à
Adana,
s'empara
de
la
ville
et
y
fit
un
grand
carnage.
L'historien,
qui
du
reste
ne
raconte
pas
tout,
dit
qu'on
enleva
500
vierges.
Thoros
fut
extrêmement
irrité
de
cette
action;
il
envahit
le
territoire
de
Lambroun
(l'an
1165).
«Il
y
eut
une
grande
confusion
et
beaucoup
de
sang
versé
jusqu'à
ce
que
le
Catholicos
Grégoire
eut
envoyé
son
frère
Nersès-le-Gracieux,
le
sage
et
prudent
archevêque,
avec
la
mission
de
réconcilier
les
deux
adversaires.
Nersès
obéit
avec
joie
et
accomplit
avec
succès
sa
difficile
mission;
il
réussit
si
bien
que
depuis
ce
jour
les
deux
princes
restèrent
unis
d'un
lien
indissoluble».
C'est
Saint
Nersès
de
Lambroun
lui-même
qui
nous
raconte
ces
faits.
Enflammé
de
tendresse
filiale,
il
accuse
Thoros
d'avoir
été
«parjure
à
sa
promesse
d'obéissance
faite
à
l'empereur
(1159);
tandis
qu'Ochine
était
resté
fidèle
au
roi
des
Grecs».
Après
la
réconciliation,
«Ochine,
accompagna
le
saint
archevêque
à
sa
résidence;
il
lui
donna
les
marques
du
plus
profond
respect
devant
toute
sa
famille
et
ses
amis
les
plus
intimes;
l'archevêque
les
bénit
tous
ainsi
que
le
château
et
toute
la
province».
Ochine
était
le
neveu
du
saint
archevêque
par
alliance.
C'est
pourquoi
S.
Nersès
de
Lambroun
ajoute
encore:
«Il
s'empressait
amoureusement
chez
ses
parents;
car
la
fille
de
son
frère
était
l'épouse
légitime
d'Ochine».
Quelques
années
après
cette
réconciliation
—
nous
n'avons
pas
la
date
exacte,
mais
ce
dut
être
avant
1175)
—
Ochine,
«dans
une
vieillesse
avancée,
se
reposait
dans
le
Seigneur,
entouré
de
ses
frères
et
de
ses
enfants,
après
avoir
désigné
comme
successeur
son
fils
aîné
Héthoum».
Ce
dernier
eut
à
peu
près
le
même
talent
et
le
même
savoir
que
son
saint
frère
Nersès;
l'historien
l'appelle
«un
homme
sage,
savant
et
très
lettré».
Quelques-uns
de
ses
ouvrages
nous
sont
parvenus.
Déjà
leur
père,
Ochine
lui-même,
était
lettré;
comme
témoignage
de
sa
science
littéraire
nous
avons
un
manuscrit
de
la
vie
de
Saint
Jean
Chrysostome,
traduite
par
le
Catholicos
Grégoire
le
Martyrophile.
Dans
un
manuscrit
précieux
[8]
Héthoum
porte
le
titre
de
Suprême
Prince
des
princes.
Il
resta
possesseur
de
Lambroun
jusqu'aux
premières
années
du
XIII
e
siècle;
sa
domination
fut
accompagnée
de
divers
événements
politiques
assez
graves.
D'abord
après
la
mort
de
son
beau-père
Thoros-le-Grand,
et
probablement
après
la
mort
d'Ochine,
«il
se
divorça
et
renvoya
sa
femme;
ce
qu'il
n'eut
jamais
osé
faire
du
vivant
de
Thoros.
Cet
acte
irrita
vivement
Meléh
(frère
et
successeur
de
Thoros),
il
vint
assiéger
Lambroun,
et
fit
beaucoup
souffrir,
par
son
blocus,
les
habitants
de
la
forteresse
qui
manquaient
de
vivres.
Cela
ne
fit
que
rallumer
la
haine
et
les
anciennes
rancunes
qui
séparaient
les
Roupiniens
et
les
Héthoumiens»
[9].
Roupin
II
successeur
de
Meléh
vint
également
assiéger
Lambroun
et
l'inquiéta
pendant
trois
ans
sans
toutefois
parvenir
à
la
prendre.
Les
Lambrouniens,
ainsi
que
le
raconte
Vahram,
gagnèrent
sur
ces
entrefaites
le
prince
d'Antioche;
celui-ci
les
débarrassa
de
leur
ennemi
en
s'emparant
de
sa
personne
par
un
stratagème
déloyal.
Mais
ce
fut
alors
Léon,
frère
de
Roupin
qui
vint
attaquer
Lambroun
pour
venger
cette
trahison:
«Léon
son
frère
s'enflamma
Et
avec
ses
soldats
enhardis,
Tenant
ses
forces
sur
pied,
Il
fit
beaucoup
souffrir
Lambroun
de
la
faim».
Durant
les
dernières
années
du
règne
de
Roupin
et
au
commencement
de
celui
de
son
frère
Léon,
la
paix
régna
entre
les
deux
familles;
elle
dura
vingt
ans
environ:
aussi
Héthoum
avec
ses
frères
et
plusieurs
autres
seigneurs,
vassaux
de
Babéron,
assista
au
couronnement
de
Léon.
Héthoum
était
un
prince
prudent
et
pacifique,
comme
l'atteste
une
notice
renfermée
dans
un
évangéliaire
de
l'an
1193,
écrit
sur
l'ordre
et
aux
frais
de
Saint
Nersès,
son
frère.
Après
la
mort
de
ce
dernier
un
acte
de
trahison
vint
de
nouveau
désunir
les
deux
familles.
Pour
agrandir
sa
puissance,
ou
excité
par
une
cause
que
nous
ne
connaissons
pas,
mais
que
l'historien
Cyriaque
appelle
rébellion,
Léon
«pensa
arracher
(aux
Héthoumiens)
les
ailes
de
leur
orgueilleuse
fierté.
Il
parla
avec
Héthoum
de
choses
qui
lui
plurent:
—
Je
voudrais,
lui
dit-il,
avoir
avec
toi
des
liens
de
parenté
et
d'affection
plus
étroites,
et
donner
pour
épouse
à
ton
fils
aîné
Ochine,
la
fille
de
mon
frère
Roupin.
—
Héthoum
reçut
avec
joie
cette
proposition.
Léon
fit
alors
commencer
les
préparatifs
du
mariage
à
Tarse
(1201).
Héthoum
y
vint
avec
toute
sa
famille
et
de
nombreux
cadeaux.
Léon
alors
s'empara
traîtreusement
de
leurs
personnes
et
envoya
des
troupes
qui
se
rendirent
maîtres
de
Lambroun,
sans
combat.
Il
jeta
Héthoum
en
prison,
mais
il
le
délivra
au
bout
de
quelque
temps
et
lui
donna
en
compensation
un
grand
nombre
de
villages
et
le
combla
d'honneurs;
Héthoum
de
son
côté,
le
servit
fidèlement»
[10].
Mais
Léon,
toujours
soupçonneux,
le
fit
rejeter
en
prison
quelque
temps
plus
tard.
Héthoum,
dégoûté
du
monde
et
d'honneurs
qui
mettaient
sa
vie
dans
des
troubles
continuels
et
dans
une
fatigue
perpétuelle,
y
renonça
de
plein
gré
et
prit
dans
la
prison
l'habit
religieux.
Son
oncle
le
Catholicos
Abirad,
ayant
appris
ces
faits,
se
rendit
immédiatement
vers
le
roi
et
l'exhorta
à
la
réconciliation.
Alors
«le
roi
s'en
alla
en
personne
à
la
prison,
à
Vahga.
Là,
les
deux
princes
se
demandèrent
mutuellement
pardon.
Le
roi
délivra
son
prisonnier
et
lui
donna
l'abbaye
de
Trazargue;
Héthoum
y
resta
jusqu'à
la
fin
de
sa
vie.
A
sa
prise
d'habit,
il
changea
son
nom
contre
celui
d'Elie
[11].
Il
mourut
entre
les
années
1212
et
1218;
car
l'an
1210,
Léon
l'envoya
en
ambassade
au
pape
Innocent
III
et
à
l'empereur
Othon,
afin
de
régler
les
affaires
de
sa
succession
et
accroître
l'éclat
de
sa
couronne.
Durant
son
voyage,
Héthoum,
occupa
ses
loisirs
à
traduire
du
latin,
une
Chronologie
des
empereurs
et
des
papes
de
Rome.
Il
resta
auprès
d'Othon
un
an
et
trois
mois,
comme
il
l'écrit
lui-même:
«J'y
demeurai
un
an
et
trois
mois;
l'empereur
nous
renvoya
à
notre
roi
chargés
de
cadeaux.
Il
nous
remit
une
couronne
royale
d'un
très
grand
prix,
garnie
de
pierres
précieuses
et
de
grandes
perles.
Nous
l'avons
portée
à
notre
roi
qui
la
reçut
avec
une
grande
joie,
et
s'en
servit
pour
couronner
Roupin,
fils
de
sa
nièce
et
de
Raimond
prince
d'Antioche,
l'an
1211
le
15
août,
jour
de
l'Assomption
de
la
Sainte-Vierge.
Ce
prince
régna
ainsi
avec
Léon
sur
les
Arméniens
par
la
grâce
de
Dieu».
Après
que
Léon
se
fut
emparé
de
Lambroun,
il
fit
serment,
(si
nous
voulons
prêter
foi
au
récit
de
l'historien
Cyriaque),
de
ne
plus
donner
cette
forteresse
à
aucun
prince
vassal;
mais
d'en
faire
l'apanage
de
la
couronne;
car,
disait-il,
les
seigneurs
de
Lambroun
se
rebellèrent
toujours
à
cause
de
l'excellence
de
ces
fortifications.
Léon
garda
donc
la
forteresse
sous
sa
dépendance
immédiate
et
y
logea
sa
mère
Ritha,
la
Dame
des
Dames».
(p.
86.
Fac-simile,
tiré
d'un
manuscrit
qui
traite
de
Saint
Jean
Christostome,
écrit
pour
Ochine
le
Sébaste)
Un
des
parents
des
seigneurs
de
Lambroun,
le
prêtre
Nersès,
neveu
du
grand
Saint
Nersès
de
Lambroun,
écrit
en
gémissant:
«A
la
quatrième
année
(1205)
de
la
prise
de
son
frère
Héthoum,
prince
dévot
et
pieux,
de
toute
sa
famille,
et
de
la
spoliation
de
notre
propre
habitation,
du
château
de
Lambroun,
des
biens
des
religieux
angéliques
du
couvent
de
Sghévra ...
je
n'ai
plus
d'autre
consolation
pour
mon
âme
affligée
et
malheureuse
que
de
copier
le
plus
précieux
des
ouvrages
de
mon
oncle,
le
Commentaire
de
la
Messe
et
des
prières».
(p.
87.
Fac-simile,
tiré
d'un
évangile
écrit
pour
Saint
Nersès
de
Lambroun)
Après
que
Héthoum
se
fut
retiré
du
monde,
ses
fils
se
partagèrent
le
patrimoine
que
Léon
leur
avait
laissé;
l'aîné
Ochine,
n'est
pas
mentionné
dans
ce
partage;
il
est
probable
qu'il
était
mort
prématurément.
Constantin,
second
fils
de
Héthoum
fut
fait
prisonnier
en
combattant
contre
le
sultan
d'Iconie
(1217);
mais
il
put
racheter
sa
liberté
et
ce
fut
même
Léon
qui
paya
sa
rançon.
Après
la
mort
de
ce
dernier,
le
grand
prince
Constantin,
seigneur
de
Babéron;
fut
bailli
et
régent
du
royaume;
pour
avoir
l'assistance
et
l'aide
de
Constantin
fils
de
Héthoum,
il
lui
donna
la
forteresse
de
Lambroun,
patrimoine
des
Hethoumiens,
et
le
désigna
pour
Couronneur
de
son
fils
(Héthoum
I
er
roi
des
Arméniens).
Mais
Constantin,
suivant
l'habitude
de
ses
pères,
se
révolta
contre
son
neveu
le
roi
Héthoum.
Alors,
le
régent
Constantin
et
son
fils
le
roi
Héthoum,
travaillèrent
beaucoup,
mais
en
vain,
pour
le
ramener
à
l'obéissance.
Le
prince
révolté
s'allia
au
sultan
d'Iconium
et
persista
dans
sa
rébellion.
Mais
lorsque
ce
dernier
eut
été
défait
par
le
roi
des
Tartares,
Héthoum
conquit
tous
les
villages
et
tout
le
territoire
de
Lambroun,
et
il
ne
resta
à
Constantin
que
cette
forteresse.
Alors
il
envoya
des
messagers
au
roi
pour
lui
demander
la
paix;
il
lui
offrit
de
lui
livrer
ses
enfants
pour
le
service
de
sa
cour,
et
ne
posa
pas
d'autre
condition
que
celle
de
rester
dans
sa
forteresse.
Le
roi
refusa
ses
propositions.
Constantin
envoya
encore
une
seconde
fois,
puis
une
troisième
fois
des
messagers;
mais
le
roi
et
le
régent
persistèrent
dans
leur
refus.
Alors
Constantin
se
rendit
à
Iconium
et
emmenant
avec
lui
un
renfort
de
soldats
du
sultan,
il
fondit
sur
les
domaines
du
roi
Héthoum,
alors
que
les
troupes
de
se
dernier
étaient
rentrées
dans
leurs
foyers.
Il
dévasta
plusieurs
villages,
ravagea
les
campagnes,
brûla,
tua,
fit
esclaves
ou
massacra,
pour
se
venger,
un
grand
nombre
de
chrétiens.
Héthoum
rassembla
ses
soldats,
marcha
contre
le
rebelle,
l'attaqua
avec
une
grande
bravoure
et
massacra
presque
toute
son
armée;
Constantin
put
à
peine
échapper
avec
un
petit
nombre
de
ses
hommes.
Battu
sept
fois
par
le
roi,
il
se
retira
dans
sa
forteresse
et
n'osa
plus
se
hasarder
ni
à
droite
ni
à
gauche
[12].
C'était
pour
lui
un
grand
honneur
que
d'avoir
été
couronneur
du
roi;
aussi
Constantin,
mentionnait-il
ce
titre
dans
ses
lettres
officielles.
Il
nous
reste
une
pièce
d'un
édit
par
lequel
il
donnait
aux
Hospitaliers
le
village
et
la
forteresse
de
Govara,
l'an
1233,
forteresse
qui
devait
être
assez
éloignée
de
Lambroun,
dans
la
vallée
du
Tchahan;
la
signature
de
cet
édit
est
en
vieux
français:
«Constantin,
seigneur
de
Lambruns
et
sers
de
Deus,
et
meteor
de
la
couronne
des
Ermines
».
Nous
savons
que
sous
la
suzeraineté
du
sultan,
avant
l'affranchissement
complet
de
son
royaume,
Héthoum,
lui
fournissait
un
contingent
de
300
archers;
le
seigneur
de
Lambroun
de
sa
part
en
fournissait
29
dès
que
le
sultan
les
lui
demandait.
Nous
pourrions
approximativement,
en
nous
basant
sur
le
rapport
de
ces
nombres,
conjecturer
que
le
domaine
et
la
force
du
roi
des
Arméniens
surpassaient
dix
fois
celle
des
seigneurs
de
Lambroun.
Sous
la
conduite
de
ce
même
Constantin,
les
troupes
du
Sultan
firent
une
incursion
dans
les
terres
du
roi
Héthoum.
Ils
descendirent,
l'an
1245,
des
hauteurs
qui
avoisinent
Babéron,
et
après
avoir
brûlé
et
ruiné
les
environs
de
Tarse,
ils
vinrent
mettre
le
siège
devant
cette
ville.
Mais
ils
furent
bientôt
repoussés
par
les
troupes
du
roi
et
de
son
frère
Sempad.
Une
nouvelle
incursion
eut
lieu
l'année
suivante,
et
eut
la
même
issue.
Ces
différentes
campagnes
doivent
faire
partie
probablement
des
sept
incursions
de
Constantin,
dont
parle
Cyriaque.
En
considérant
toute
cette
inimitié
de
la
part
de
Constantin,
on
dirait
qu'il
aspirait
au
trône
des
Arméniens;
car
on
ne
saurait
croire
que
ce
prince
agissait
par
pure
obéissance
à
l'empereur
de
Byzance.
Bien
que
dans
les
environs
de
Lambroun,
les
Grecs
proprement
dits
et
les
Arméno-Grecs
selon
le
rit,
fussent
beaucoup
plus
nombreux
que
dans
les
autres
parties
du
pays,
l'empereur
avait
déjà
abandonné,
depuis
longtemps,
tout
espoir
de
reconquérir
la
Cilicie.
Après
avoir
donné
et
reçu
tant
de
coups
et
avoir
été
la
cause
de
tant
de
sang
versé,
Constantin
mourut
«frappé
par
l'épée»,
l'an
1250,
comme
l'indique
un
chronologiste,
sans
en
mentionner
la
cause.
Cet
événement
n'est
pas
raconté
non
plus
en
détail
dans
l'histoire
de
la
dynastie
de
Cilicie,
d'où
notre
chroniqueur
semble
avoir
puisé
son
récit.
Constantin
finit
par
tomber
probablement
dans
les
mains
du
bailli
ou
des
partisans
de
ce
dernier,
et
fut
tué
comme
traître.
Après
sa
mort
les
hostilités
cessèrent
de
part
et
d'autre.
Héthoum
IV
(des
seigneurs
de
Lambroun),
frère
de
lait
du
roi
des
Arméniens,
succéda
à
son
père
Constantin.
L'une
des
filles
de
cet
Héthoum,
Ghir'-Anna,
devint
la
femme
de
Léon,
frère
aîné
de
Héthoum
I
er
de
la
dynastie
des
Roupiniens.
Une
autre
fille
du
nom
d'Alice,
épousa
Philippe
Ibelin,
sénéchal
de
Chypre.
Ce
Héthoum
avait
encore
un
frère,
Ochine,
seigneur
de
la
forteresse
de
Marniche
et
maréchal
du
royaume
de
l'Arménie,
dès
l'an
1277.
Il
mourut
en
1294
et
fut
remplacé
dans
ses
fonctions
par
son
fils
Héthoum.
Après
la
mort
de
ce
dernier
en
1307,
la
charge
de
maréchal
passa
à
son
frère
Sempad,
seigneur
de
Pinag
et
d'Asgouras,
qui
mourut
en
1314.
Quant
à
la
mort
de
Héthoum
IV,
seigneur
de
Lambroun,
elle
n'est
mentionnée
nulle
part;
mais
elle
doit
avoir
précédé,
celle
de
son
frère
Ochine;
car
il
est
dit
dans
une
chronique
contemporaine
de
ces
événements,
que
l'an
1285,
«le
seigneur
de
la
forteresse
de
Lambroun»
était
Héthoum
II,
fils
aîné
du
roi
Léon
II,
et,
par
sa
mère,
petit
fils
de
Héthoum,
seigneur
de
Lambroun.
Ce
dernier
n'ayant
pas
eu
d'enfants
mâles,
du
moins
l'histoire
n'en
mentionne
aucun,
Héthoum,
le
roi
hérita
peut-être
tout
à
fait
légitimement
par
droit
de
succession
maternelle,
de
cette
fameuse
forteresse,
qui
devint
ainsi
l'apanage
incontestable
de
la
famille
royale.
Vers
cette
époque,
la
sœur
du
roi
Héthoum,
Ghir
Marie,
comtesse
de
Joppé,
qui
était
venue
chez
ses
parents
pour
les
consoler
(1263),
mourut
à
Lambroun
et
fut
enterrée
à
Sghévra.
Au
commencement
de
son
règne,
Héthoum
II
déposa
le
Catholicos
Constantin
Il
et
le
garda
en
prison
à
Lambroun
durant
un
certain
temps.
C'est
dans
cette
même
forteresse
que
fut
emprisonné
aussi,
pour
plus
de
quatre
ans
(1306-1310),
Henri,
roi
de
Chypre.
Son
frère
Amaury
était
parvenu
à
le
renverser
du
trône
pour
régner
à
sa
place,
aidé
en
cela
par
les
Arméniens,
avec
lesquels
il
avait
des
liens
de
parenté:
Amaury
était
en
effet,
le
beau-frère
d'Ochine
et
d'Alinac,
ayant
épousé
leur
sœur
Zabloun.
Après
Alinac,
le
dernier
seigneur
de
Lambroun
connu
est
le
généralissime
des
Arméniens,
Constantin,
fils
de
l'historien
Héthoum,
seigneur
de
Coricos
et
cousin
du
roi
Léon
II,
qui
fut
tué
avec
son
frère
Ochine
l'an
1329,
par
ordre
de
Léon
IV.
Ainsi
en
commençant
par
Ochine
de
Gantzagh,
durant
deux
siècles
et
demi,
nous
ne
trouvons
que
neuf
seigneurs-gouverneurs
de
Lambroun.
A
partir
de
cette
époque
l'histoire
se
tait;
nous
ne
trouvons
plus
aucun
acte
historique
qui
fasse
mention
de
l'existence
de
ce
château,
ni
de
son
abandon,
ni
de
sa
ruine.
Il
dut
être
délaissé
vers
le
milieu
du
XIV
e
siècle,
alors
que
les
Egyptiens,
les
Turkomans
et
les
Caramans,
infestèrent
le
royaume
de
Léon,
avant
que
le
port
d'Ayas
eut
été
fermé
et
occupé
par
le
sultan
d'Egypte.
Ce
n'est
que
par
un
acte
de
générosité
d'une
femme
pieuse
que
nous
venons
en
connaissance
de
ce
fait.
En
effet
elle
a
écrit
sur
la
magnifique
copie
des
Evangiles
des
Seigneurs
de
Lambroun
ce
qui
suit:
—
«Souvenez-vous
de
moi,
Fimie,
épouse
de
Vahram.
Quand
la
Forteresse
de
Lambroun
fut
ravagée,
cet
Evangile
fut
emmené
en
esclavage
à
Ayas.
Moi,
Fimie,
je
l'ai
acheté
pour
l'amour
de
Jésus-Christ».
Nous
sommes
heureux
de
posséder
actuellement
ce
précieux
monument
sacré
dont
nous
offrons
ici
une
fidèle
représentation
en
couleurs,
en
ajoutant
une
notice
détaillée
sur
le
plus
célèbre
de
ses
possesseurs,
qui
est:
[2]
Lisez
Lascre.
C'est
Théodore
Lascaris,
empereur
de
Nicée.
[3]
Léon
eut
quinze
enfants
et
non
seulement
dix;
dans
ce
nombre
on
doit
compter
les
jumeaux
qu'il
a
eu
trois
fois,
comme
on
pourrait
voir
dans
la
liste
du
tableau
généalogique.
[6]
Les
Lusignans,
rois
d'Arménie,
descendent
de
ces
derniers.
[7]
Aucher
Eloy
qui,
en
1834,
vers
le
15
du
mois
d'avril,
visita
cet
endroit,
lui
donne
le
nom
de
Nebrod,
et
dit:
«Le
village
est
situé
sur
un
plateau
élevé
entouré
de
montagnes
qui
conservent
la
neige
une
partie
de
l'année:
au
milieu
du
village
est
un
monticule
que
l'on
dirait
fait
de
main
d'homme:
au
sommet,
on
voit
de
vieilles
tours
qui
paraissent
être
du
moyen
âge.
Ce
point
devait
être
important;
car
il
paraît
qu'autrefois
c'était
la
seule
route
pour
se
rendre
à
Constantinople».
—
Aucher
Eloy.
II
e
partie,
p.
78.
[8]
Ce
manuscrit
est
un
Evengile
écrit
pour
l'église
de
Saint
Sauveur
du
Couvent
de
Sghévra,
et
fut
offert
gracieusement
à
notre
Couvent
de
Saint
Lazare,
par
Nicolas
Hovouviantz
de
Constantinople.
[9]
Chronique
de
l'histoire
abrégée
des
Roupiniens.
[12]
Cyriaq.
Chapitre
XXXVI.
—
Le
Croniqueur,
suivant
de
Samuel
d'Ani,
écrit
de
ces
faits
en
abrégé:
«Constantin
de
Lambroun
se
rebella
du
Roi
Héthoum
et
se
réfugiant
auprès
du
Sultan
Khiatadine,
il
enrola
des
soldats
et
entra
dans
la
Cilicie;
il
fut
vaincu.