Suivant
la
marche
des
faits
que
nous
avons
exposés
jusqu'à
présent,
je
trouve
les
noms
et
les
divisions
de
trente
provinces.
Les
voici,
en
commençant
du
côté
de
l'ouest.
—
sélinonte:
le
nom
de
cette
province
ne
se
rattache
à
aucun
événement
de
l'histoire
politique;
mais
elle
est
désignée
comme
siége
épiscopal
arménien,
déjà
avant
la
conquête
des
Roupiniens,
à
la
fin
du
X
e
siècle.
—
La
seleucie:
que
nous
pourrions
appeler
aussi
l'
Isaurie
du
vieux
nom
de
la
province,
car
les
évêques
portaient
indifféremment
le
titre
d'évêque
de
Séleucie
ou
d'Isaurie;
mais
comme
cette
province
est
très
vaste,
elle
devait
être
assurément
subdivisée
en
districts
ou
petites
provinces.
En
pénétrant
dans
la
Cilicie
proprement
dite,
nous
trouvons
à
l'est
de
la
Séleucie,
le
diocèse
et
la
province
de
tarse,
qui
était
la
première
et
la
plus
avancée
de
toutes
les
provinces.
Les
étrangers
et
les
Arméniens
la
regardaient
plutôt
comme
un
département.
Elle
avait
pour
chef
ecclésiastique
un
métropolitain
qui
étendait
sa
juridiction
sur
plusieurs
évêques.
Au
point
de
vue
politique,
déjà
durant
la
domination
des
Assyriens,
Tarse
était
la
principale
ville
de
la
Cilicie.
—
lambroun:
qui
n'était
à
l'origine
qu'une
simple
forteresse,
se
développa
rapidement
sous
le
règne
des
Arméniens,
tant
au
point
de
vue
politique
qu'ecclésiastique,
et
finit
par
recevoir
comme
prince
gouverneur,
un
archevêque.
Un
écrivain
de
mémoires
de
la
fin
du
douzième
siècle,
attribue
à
la
forteresse
de
Lambroun
l'hégémonie
sur
les
provinces
extérieures
dont
les
gouverneurs
étaient
alors
les
frères
du
célèbre
Nersès;
à
cette
même
époque,
Héthoum,
leur
aîné,
était
prince
de
Lambroun.
Au
nombre
de
ces
provinces
extérieures,
il
faudrait
ajouter
aussi
la
partie
haute
de
la
Cilicie,
ou
du
moins
la
partie
sud-ouest
du
plateau
des
Passages
et
des
Portes
de
la
Cilicie.
La
province
de
partzer-pÉrte,
dont
le
territoire
touchait
à
celui
de
Lambroun,
est
aussi
considérée
par
Jean,
frère
du
roi
Héthoum,
comme
faisant
partie
de
la
haute
Cilicie;
elle
avait
un
évêque.
A
côté
se
trouve
molÉvon
dont
le
territoire
s'étendait
en
partie
vers
la
plaine;
car
dans
un
mémoire
est
cité
tout
simplement
le
nom
de
la
Plaine
de
Mouloun.
Elle
était
assez
vaste
et
selon
le
même
auteur,
«l'évêque
de
la
province
du
château
de
Molévon
et
d'une
partie
de
celle
de
Partzer-pérte,
était
aussi
recteur
du
célèbre
couvent
de
Kernère».
Entre
Partzer-pérte
et
Sis
se
trouvaient
les
deux
diocèses
d'
andrÉassank
et
de
mÉdzkar,
qui
devaient
être
assez
vastes.
Au
nord-est
de
ces
deux
provinces,
se
trouve
donc
le
territoire
de
la
province
de
SIS
[1],
la
capitale
du
pays.
Cette
ville
dépendait
d'abord,
au
point
de
vue
ecclésiastique,
d'un
évêque,
résidant
au
monastère
de
Trazargue;
mais
elle
devint
bientôt
le
siège
du
Catholicos.
La
vallée
de
Tchahan,
située
à
l'est
de
Sis,
au
sud
de
Zéithoun
et
au
sud-ouest
de
Marache,
mériterait
d'être
bien
connue;
mais
elle
l'est
très
peu.
Il
faut
l'attribuer
à
sa
position
dans
les
montagnes
et
aussi
aux
Turkomans
jaloux
de
leur
liberté,
ainsi
qu'à
leurs
semblables.
Nous
ne
savons
ni
le
nom
ancien
de
ce
pays,
ni
celui
du
diocèse
dont
il
faisait
partie.
Probablement
c'est
dans
cette
région
que
devait
se
trouver,
au
moins
en
partie,
le
canton
de
tzakhoud,
où
s'élevait
le
célèbre
monastère
Agnér,
construit
par
Léon-le-Grand.
Tchahan
n'est
mentionnée
nulle
part
comme
formant
un
diocèse
à
part;
peut-être
faisait-elle
partie
de
la
province
de
Sis.
On
trouve
bien
le
nom
d'un
évêque
résidant
dans
le
pays,
mais
il
est
probable
qu'il
n'avait
pas
de
diocèse.
Au
nord
de
Sis
s'étend
le
territoire
de
hadjin;
on
pourrait
le
regarder
peut-être
comme
ne
faisant
pas
partie
de
la
Cilicie
proprement
dite;
cependant,
selon
notre
propre
vue,
il
nous
semble
qu'il
lui
appartient;
et
c'est
ce
pays
même,
à
ce
qu'il
paraît,
qui
dans
le
temps
de
nos
rois
d'Arménie
était
appelée
Harkan
et
possédait
un
siége
épiscopal.
Au
nord-est
de
cette
province
on
rencontre
celle
de
zÉithoun
et
oulni,
qui
n'est
connue
que
depuis
peu;
peut-être
même
ce
territoire
faisait-il
partie
de
celui
de
Hadjin;
nous
ne
trouvons
pas
la
mention
de
Zéithoun,
dans
l'histoire
des
Roupiniens.
Elle
appartient
plutôt
à
la
région
de
Marache
ou
de
Germanig;
on
pourrait
aussi
admettre
qu'elle
formait
le
district
zamentav
ou
zamenti,
des
deux
côtés
du
fleuve
Sarus
et
sur
le
plateau
des
montagnes
Khozan-oglou.
Dans
la
partie
la
plus
habitée
de
ce
district
résidait
un
évêque
arménien.
En
revenant
au
sud
de
la
province
de
Sis,
un
peu
du
côté
de
l'orient,
on
rencontre
anazarbe,
autrefois
la
plus
célèbre
des
villes,
après
Tarse.
Saint
Nersès
de
Lambroun
en
parle
avec
enthousiasme
et
lui
donne
le
nom
de
pays
d'Anazarbe:
«Eh!
qu'allons
nous
dire
pour
Anazarbe
et
Sis
et
pour
les
pays
compris
dans
leurs
territoires
et
soumis
aux
Arméniens?»
(Commentaire
de
la
Messe.
)
Bien
que
le
mot
pays
doive
se
prendre
ici
dans
un
sens
très
restreint,
il
est
bon
de
rappeler
cependant
que
le
diocèse
d'Anazarbe
était
grand
et
vaste.
Même,
sous
la
domination
des
Grecs,
cette
dernière
ville
servait
de
résidence
à
un
archevêque.
Sous
le
règne
de
la
dynastie
arménienne,
l'évêque
demeurait
dans
le
couvent
de
Gasdaghon.
L'historien
de
la
Cilicie
mentionne
déjà
en
1110,
un
des
cantons
d'Anazarbe:
«Les
guerriers
turkomans,
dit-il,
se
rassemblèrent,
pénétrèrent
dans
le
pays
d'Anazarbe
et
ils
massacrèrent
les
chrétiens
du
canton
de
Marbay
».
Ceci
est
probablement
emprunté
à
Mathieu
d'Edesse,
qui
parle
du
même
fait
un
peu
différemment:
«Ils
entrèrent
dans
le
territoire
d'Anazarbe
et
dépouillèrent
toute
la
contrée,
y
compris
Marbas».
Cependant,
Matthieu
d'Edesse,
douze
ans
avant,
fait
mention
d'un
autre
pays
au
lieu
d'Anazarbe.
En
faisant
le
récit
de
l'arrivée
de
la
I
re
Croisade,
il
dit
comment,
par
lettre
spéciale,
les
princes
des
Croisés
en
donnèrent
avis,
«Au
Grand
prince
des
Arméniens,
Constantin,
fils
de
Roupin,
Seigneur
du
mont
Taurus,
dans
le
territoire
de
gobidara,
en
Maraba,
qui
avait
subjugué
plusieurs
provinces».
Selon
ces
paroles,
on
devrait
chercher
Marba
ou
Maraba
au
nord-ouest,
au
delà
même
de
la
Cilicie,
dans
le
territoire
de
la
Phrygie,
où,
nous
avons
dit,
Roupin
et
Constantin
ont
tout
d'abord
régné.
A
la
suite,
Gobidara
devint
siège
épiscopal.
Cependant
dans
ces
deux
citations
de
Matthieu
d'Edesse,
la
place
et
la
position
de
Marba
ou
Maraba
restent
indécises,
et
on
a
besoin
de
nouvelles
recherches.
Dans
le
présent
on
cite
un
village
du
nom
de
Maraba
dans
le
district
d'Elbistan,
au
nord
du
faubourg
qui
porte
le
même
nom;
mais
cet
endroit
ne
s'accorde
avec
aucune
des
deux
provinces
susmentionnées.
Le
territoire
qui
s'étend
un
peu
à
l'est,
au
sud
et
du
côté
gauche
du
fleuve
Tchahan,
formait
probablement
le
canton
de
til-hamdoun.
Ce
nom
est
souvent
employé
pour
désigner
une
forteresse,
construite
entre
le
fleuve
Tchahan
et
les
Monts
Amanus.
On
pourrait
se
servir
du
nom
de
ces
montagnes
ou
de
celui
des
montagnes
noires,
pour
désigner
la
partie
nord-est
de
la
Cilicie
qui
regarde
le
Golfe
de
l'Arménie.
La
partie
nord-est
de
la
côte,
située
entre
le
golfe
et
les
Monts
Amanus,
formait
la
province
appelée
djeghér,
et
avait
pour
chef-lieu
Bayas.
La
partie
méridionale
était
appelée
autrefois
arassous,
du
nom
du
célèbre
hameau
maritime;
actuellement
tout
le
district
s'appelle
encore
Arassous.
—
Les
bords
orientaux
du
golfe
devaient
assurément
porter
le
nom
de
la
ville
et
du
port
célèbres
d'
ayas,
qui
posséda
un
siége
épiscopal
sous
la
domination
des
Arméniens
et
sous
celle
des
Grecs,
dépendant,
au
point
de
vue
ecclésiastique,
du
métropolitain
d'Anazarbe;
son
territoire
s'étendait
jusque
sur
les
montagnes
de
Messis
ou
de
Gébel-en-Nour.
A
l'ouest
de
ces
montagnes
devait
se
trouver
la
province
de
messis
(mopsuÉstia
comme
l'appelaient
les
anciens),
l'une
des
principales
villes
de
la
contrée.
Sous
les
Grecs,
Messis
n'avait
pas
d'évêque
propre,
elle
dépendait
du
siége
d'Anazarbe;
mais
sous
les
Arméniens
elle
devint
l'un
des
principaux
archevêchés
du
pays.
La
résidence
archiépiscopale
se
trouvait
au
couvent
d'Arkagaghin.
Une
des
provinces
principales
et
des
plus
vastes
était
celle
d'
adana;
de
nos
jours
encore
elle
surpasse
toutes
les
autres.
Au
temps
des
Arméniens,
Adana
n'était
pas
si
avancée
et
n'était
le
siège
que
d'un
évêché.
Adana
et,
aux
alentours,
Tarsus,
Messis,
Anazarbe
et
Sis
sont
donc
les
provinces
principales
qui
occupaient
le
centre
de
la
Cilicie
de
plaine.
Ce
sont
les
seules
qui
soient
vraiment
connues.
Y
en
avait-il
d'autres?
Je
ne
le
sais.
On
trouve
cependant
mentionnés
d'autres
diocèses
et
on
pourrait
supposer
d'autres
partages
politiques
dont
les
divisions
exactes
nous
restent
inconnues.
Ces
sièges
cités
sont,
M
acheghevor,
au
pied
des
Montagnes
Noires;
pertousse
et
engouzoud,
qui
paraissent
devoir
être
placés
entre
Sis
et
Partzer-pérte
MACHARTE?
sanvÉlantz
ou
sanvelnatz
(évêché),
peut-être
vers
la
mer;
enfin
les
sièges
des
évêques
hohanientz
et
philippientz
qui
nous
restent
tout
à
fait
inconnus.
En
tête
de
toute
cette
énumération,
nous
aurions
pu
citer
une
partie
très
étendue
du
territoire
de
Léon,
que
gouvernait
par
acte
féodal
le
prince
Sir
Adan.
Ce
dernier
fut
même
chargé
de
l'éducation
de
la
fille
de
Léon,
Zabel,
future
héritière
du
trône.
La
province
portait
le
nom
de
«
pays
de
sir
adan
».
Léon
avait
la
seigneurie
de
cette
terre,
selon
l'historien
de
la
Cilicie,
et
«de
beaucoup
de
forteresses
et
de
provinces
de
la
Séleucie
jusqu'à
Calonoros»;
il
percevait
même
un
impôt
de
tous
ceux
qui
passaient
par
son
territoire.
Lui
même
le
déclare
dans
son
édit
aux
Génois,
l'an
1215;
d'où
l'on
voit
clairement
que
le
domaine
de
Léon
s'étendait
de
la
Séleucie
à
l'ouest
jusqu'à
Alaya,
ainsi
que
nous
le
reverrons
dans
la
topographie.
Ajoutons
à
toutes
ces
provinces
et
districts,
ceux
de
tiana,
araclie,
laranda
(Karaman)
et
quelques
parties
de
la
Pamphylie
et
de
l'Isaurie,
qui
étaient
sous
la
domination
de
nos
princes,
et
nous
aurons
ainsi
plus
de
trente
provinces
ou
cantons.
Chacune
d'elles
n'avait
pas
toujours
une
grande
étendue;
souvent
même
elles
n'étaient
formées
que
par
une
forteresse
et
les
terrains
d'alentour.
On
découvrirait
probablement
d'autres
noms
en
consultant
d'autres
livres
et
de
nouveaux
mémoires.
Mais
ce
qui
exigerait
un
grand
travail
et
serait
bien
difficile,
pour
ne
pas
dire
impossible,
ce
serait
de
déterminer
leur
confins
et
leur
étendue.
Nos
auteurs
anciens
nous
ont
en
effet
laissé
fort
peu
de
renseignements
en
ce
qui
concerne
la
partie
montagneuse
du
pays,
et
les
nouveaux
n'y
ont
rien
ajouté.
Vu
le
peu
de
certitude
de
nos
connaissances
sous
ce
rapport,
nous
sommes
contraints
à
adopter,
comme
lignes
de
partage,
les
divisions
naturelles
du
pays,
et
celles-là
aussi,
dans
la
mesure
où
elles
nous
sont
connues.
Nous
partagerons
donc
la
Cilicie,
suivant
sa
configuration,
en
quatre
grandes
parties:
La
Cilicie
montagneuse,
la
Cilicie
de
plaine,
la
Cilicie
pierreuse,
et
la
Cilicie
maritime.
Je
me
guiderai
d'après
les
vallées
des
fleuves,
pour
établir
la
division
des
provinces,
du
moins
autant
que
faire
se
peut,
et
je
serai,
pour
plusieurs
d'entre
elles,
obligé
de
conjecturer
leurs
divisions
d'après
les
noms
de
leurs
forteresses
et
de
leurs
monastères.
On
trouve
mentionnés,
dans
l'édit
de
Léon-le-Grand,
les
noms
d'environ
cinquante
villages
et
hameaux,
mais
l'original
étant
perdu,
on
ne
peut
trop
se
fier
aux
exemplaires
latins
qui
ont
beaucoup
de
variantes,
comme
nous
le
ferons
voir
dans
la
topographie.
Dans
les
temps
anciens,
il
était
facile
de
déterminer
les
limites
des
provinces,
car
elles
étaient
séparées
les
unes
des
autres
par
des
croix,
des
obélisques
ou
des
plantations
de
grands
arbres,
ainsi
que
nous
le
lisons
dans
le
même
édit.
Combien
d'exactitude
et
d'ordre
régnait
alors
dans
ce
pays
où
l'on
ne
rencontre
plus
de
nos
jours
que
confusion
et
ravage!
[1]
Un
des
écrivains
habiles,
nommé
le
D.
r
Jean,
dit
lui-même,
qu'il
était
«du
pays
de
Cilicie
et
de
la
province
de
Sis»,
en
1335.