Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Les mémoires historiques de Messis que nous possédons, n'arrivent pas jusqu'à ses derniers évêques; et même cette ville n'est pas mentionnée parmi celles qui furent subjuguées par Chah-Souar, en 1467. Vers le milieu du XV e siècle, en 1432, le Français Bertrandon trouva Messis à demi-ruinée; il l'appelle Misse-sur-Jehan; il y vit beaucoup d'églises en ruine, le chœur de la plus grande restait debout, mais les Musulmans l'avaient transformée en une mosquée. Le pont, autrefois en pierre, était alors en bois; la moitié de la ville, (celle qui se trouve sur la rive gauche du fleuve), n'était qu'un amas de ruines; l'autre moitié entourée de murailles, était habitée par trois cents familles turcomanes. Edibe, le pèlerin de la Mecque, affirme qu'en 1682, le pont unissant les deux châteaux ou les hameaux, était en pierre; l'un de ces châteaux était celui de Messis, l'autre, à l'est, s'appelait Kiafir ou Koufre-bina, c'est-à-dire village des infidèles; à l'extrémité occidentale du pont on voyait les ruines d'une école; en face, un château, la mosquée, une hôtellerie et une caserne.

Ce lieu était regardé comme l'un des sept khans des pèlerins, et le tombeau des cinq prophètes. Ici était établie la douane dont parle Paul Lucas, qui cite aussi (1704) le pont de pierre formé de neuf arches. Le voyageur Otter trouva ce pont impraticable trente-deux ans plus tard (1736), à cause de la ruine des arches moyennes. Aux bords du fleuve on voyait les débris de magnifiques colonnes et de constructions, qui attestaient l'antique splendeur de la ville.

Trente ans après (1766) le voyageur Niebuhr trouva le pont restauré à nouveau et le bourg dans un état florissant. Il y trouva un évêque ou catholicos, puisqu'il parle d'un patriarche. Comme on le voit d'après ces mémoires, parmi les ruines de Mamestie, les plus remarquables sont celles du pont, plusieurs fois reconstruit, ruiné et restauré. Nous n'avons que de très rares débris des autres constructions anciennes de Mamestie: telles sont les bases des colonnes d'un temple dédié au Dieu-soleil, à l'ouest de la ville; à peu de distance du fleuve, des débris de palais, et à côté, des traces de voûtes souterraines. Sur le versant méridional de la colline qui domine le village actuel, sont les restes d'un aqueduc romain; il est construit moitié en pierres de taille, moitié en briques. Tout près de et de chaque côté de l'ancienne voie romaine, on distingue les restes d'une nécropole, creusée à même dans les rochers, et une borne milliaire en granit, sur laquelle est gravée une inscription, constatant que l'empereur Alexandre Sévère, fit construire la route. On trouve aussi grand nombre d'inscriptions funéraires grecques; les pierres sur lesquelles elles sont gravées ont été transportées dans ces lieux de différents endroits de la ville et des cimetières [1] ; et on y trouve un bloc de marbre d'un monument avec une inscription grecque, comme on peut le voir dans la figure que nous reproduisons ici. (p. 291- Monument grec à Messis) Au sud de Messis, non loin du pont, on voit sur la colline les ruines d'un château, des murailles et des tours. Aboulféda le géographe arabe, à la fin du XIII e siècle et au commencement du XIV e, cite une haute mosquée à Messis, et parle des célèbres pelisses ou des peaux préparées, qu'on appelait Méssissié.

Le village actuel de Messis est à la droite du fleuve sur la colline, et compte 150 ou 200 familles, dont les trois quarts sont arméniennes; on y voit encore une petite église; quant aux anciennes, il n'y en a pas une seule qui soit restée debout; les mosquées aussi sont en ruine, les minarets écroulés: et la célèbre capitale d'autrefois, l'ancienne Mamestie, n'est plus qu'un monceau de ruines et ressemble à une vaste nécropole.

Près de Messis, il y a, nous dit le chroniqueur, un champ appelé Arek-yazisi (plaine maigre); ainsi nommé selon les traditions musulmanes, à cause de Bibars Bendoukhdar, (plus tard Sultan): il avait été acheté comme esclave à Brousse, et on l'emmenait en Egypte; comme il était malade et très maigre, son compagnon de cheval se débarassa de lui et l'abandonna dans ces lieux.


[1] V. Langlois les a publiées dans le récit de son voyage, p. 453-7; cependant nous n'avons pas cru devoir les reproduire, car elles ne se trouvent pas dans leurs positions primitives, et de plus n'ont aucun rapport avec notre histoire nationale