Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Le promontoire de Rhosus ne fut pas seulement un lieu glorieux, mais ainsi que les montagnes Noires, il vit des asiles sacrés s'étager sur ses pentes, dès les origines de la vie cénobitique. Au commencement du V e siècle, cette montague servit de retraite au célèbre ermite S. Théodose le chevelu, ainsi surnommé de ce que ne se coupant pas les cheveux, ils s'allongèrent démesurément.  Il portait des anneaux de fer au cou, aux poignets et à la ceinture, travaillait à confectionner des corbeilles et des paniers et cultivait un petit jardin. Attirés par son renom de sainteté, plusieurs solitaires vinrent se placer sous sa direction et fondèrent des couvents, imitant en tout sa manière de vie. S'étant procuré une petite barque, ils allaient vendre les produits de leur industrie sur les bords du golfe. Des corsaires d'Isaurie, en 441, eurent des égards pour eux, consentant à ne prendre que ce que ces solitaires voulurent bien leur offrir. Les év ê ques des environs, craignant des pirates plus violents et moins généreux, obligèrent le vieillard à s'éloigner de sa retraite et le conduisirent à Antioche, il mourut en paix.

Au temps des Croisades, les couvents prospérèrent de nouveau sur les flancs de cette montagne. L'Arabe Edrizi en cite un des plus grands à la frontière du territoire des Arméniens et des Syriens. Vingt ans avant le couronnement de Léon, en 1179, ce lieu fut illustré par la présence de notre glorieux Nersès de Lambroun: «Me trouvant, écrit-il, à la recherche de la science et du bon ordre, dans les couvents, près de la grande ville d'Antioche, sur la montagne appelée Ras-khanzir, dans le voisinage de la mer, j'admirais, plein d'étonnement, la vie de solitude, de vertu et de mortification des religieux romains, qu'on appelle aujourd'hui des Francs. Emerveillé de voir des choses aussi peu communes, je demandai à un religieux grec, nommé Basile, d'où pouvait venir tant de grâce à ceux qui accomplissaient de telles œuvres, par lesquelles ils nous surpassaient eux et nous. Le Grec répondit: C'est du Bienheureux Père Benoît, dont la vie a été racontée par le pape Saint Grégoire».

Encouragé par ces paroles, il se mit à la recherche de ce livre précieux et le trouva enfin, ainsi que les Règles de Saint Benoît, et les traduisit tous deux en arménien. La même année, il trouva dans un autre couvent de cette contrée le livre tant désiré: Le Commentaire de l'Apocalypse de Saint Jean. Il raconte ainsi sa découverte: «En sortant de la ville d'Antioche, je me rendis à la Sainte montagne qui est au nord, à un couvent des Romains dont le nom était Bethias, près d'un solitaire du nom de Basile, et après bien des recherches je trouvai le livre tant désiré, écrit en langue et caractères grecs, dans un style correct et élégant. Il appartenait à Athanase, patriarche de la même ville; l'ayant demandé avec instance à ce pieux solitaire, je l'obtins et je m'empressai de le porter au saint Catholicos Grégoire», etc.

Qui pourrait nous dire les profondes méditations de Nersès, quand du haut des sommités du Rhossicus sa vue et son cœur se portaient vers l'occident, «sur cette belle mer de l'Océan», (selon l'expression de son grand oncle), et en haut sur l'immense voûte reposait tout son espoir! quand, son regard admirait au nord, cette longue chaîne du Taurus, les gigantesques sommets semblent se succéder sans fin; ou quand tourné vers le sud, il voyait se dérouler à ses pieds les vastes plaines de la Syrie? Qui pourrait nous rapporter de quelles aspirations divines son cœur était rempli, quand il redescendait de ces lieux sublimes, asiles de la prière; de cette montagne, qui plus tard devait devenir la frontière des domaines de sa famille, alors éprouvée par le malheur, mais dont la puissance allait bientôt s'accroître grâce au jeune et ardent Léon (I er ), son proche parent? Ce prince fortuné, devait juste un siècle après le conquérant Melik-chah, chevaucher comme lui victorieux sur ces mêmes plages, et rendre grâces à Dieu, de l'avoir rendu plus fort que ses ancêtres, de lui avoir accordé les moyens d'étendre le domaine des Arméniens, du Golfe de Pamphylie jusqu'à cet autre golfe auquel les étrangers contemporains donnèrent alors le nom de Golfe Arménien.

Qui pourrait dire quel nom lui réserve pour l'avenir la fortune inconstante et mystérieuse des temps et des peuples? (p. 518- Iconographie Arménienne)