Sghévra
était
pour
Lambroun
ce
que
le
couvent
de
Melidje
était
pour
Babéron:
C'
est-à-dire
non
seulement
le
tombeau
des
seigneurs
de
la
grande
forteresse,
mais
encore
le
principal
sanctuaire
et
couvent
de
la
province.
L'origine
de
la
fondation
et
les
fondateurs
de
Sghévra
nous
sont
inconnus,
mais
sa
splendeur
remonte
au
baron
Ochine
I
er,
qui
en
fit
son
séjour.
Peut-être
a-t-il
été
bâti
par
les
Grecs
et
ces
derniers
lui
ont
donné
ce
nom,
si
toutefois,
ce
nom
contient
une
signification
spéciale.
Autant
l'emplacement
du
château-fort
nous
est
connu
à
présent,
autant
celui
du
couvent
nous
reste
ignoré;
le
témoignage
des
contemporains
nous
fait
savoir
tout
simplement
qu'il
était
«près
de
la
forteresse»,
à
côté
de
la
Villa
de
Jean,
que
nous
avons
mentionnée
plus
haut,
au
nord-est
de
la
forteresse.
Il
y
avait
là
deux
monastères:
l'un
était
proprement
le
cloître,
l'autre
l'ermitage.
Dans
le
premier,
par
ordre
d'Ochine
II,
père
de
S.
Nersès,
on
avait
élevé
une
grande
église
en
honneur
de
la
Mère
de
Dieu;
c'est
là
que
Nersès
fut
installé,
par
son
père,
comme
supérieur.
Cependant
il
faut
croire
qu'Ochine
l'ait
construit
avant
sa
domination,
ou
ait
restauré
et
orné
l'édifice
de
son
père
ou
de
son
grand-père;
car
pendant
que
son
fils
Sempad-Nersès
suçait
le
lait,
«il
eut
une
dangereuse
maladie,
et
ses
pieux
parents
le
portèrent
et
l'offrirent
à
la
toute-glorieuse
et
très-sainte
Vierge
Mère
de
Dieu,
dans
le
temple
consacré
à
son
nom,
dans
le
couvent
de
Sghévra . . . .
où,
dès
son
premier
âge,
il
s'exerça,
avec
les
autres
frères,
dans
les
sciences
littéraires,
selon
le
désir
de
ses
parents».
Après
la
mort
du
père
du
Saint,
son
frère
aîné,
Héthoum
le
Sébaste,
aux
premiers
jours
de
la
consécration
de
Nersès
à
l'épiscopat
(1175),
«avait
construit
avec
une
grande
magnificence
un
sanctuaire
dans
le
couvent
de
Sghévra;
et
après
l'avoir
orné
de
différentes
peintures,
il
reçut
son
frère
Nersès,
qui
sortait
de
l'ermitage
comme
un
époux,
et
que
la
sagesse
divine
rendait
beau
comme
la
lune,
et
dont
la
science
brillait
comme
le
soleil,
et
la
pureté
de
sa
vie
était
l'admiration
de
tous.
Nersès,
disons
nous,
fut
reçu
et
posé
à
la
droite
de
la
Reine
(du
temple),
tout
paré
et
tout
embelli.
C
était
la
fête
de
l'Assomption:
on
le
fit
asseoir
sur
le
trône
épiscopal,
et
il
donna
la
bénédiction
à
tout
le
peuple;
puis
se
levant,
il
offrit
le
sublime
sacrifice
de
la
sainte
Messe.
A
partir
de
cette
époque
(1175)
il
prit
soin
des
souffrances
du
peuple;
il
disposait
en
bon
ordre
ce
que
son
père
avait
légué
au
couvent
[1]
».
C'est,
sans
doute,
dans
ce
jour
solennel,
où
il
donna
sa
première
bénédiction,
qu'il
aura
prononcé
d'une
voix
suave,
son
charmante
«
Panégyrique
sur
l'Assomption
de
la
Très-sainte
Vierge,
se
regardant
comme
son
serviteur
particulier,
car
ses
parents
l'avaient
voué
à
la
Mère
de
Dieu
».
Il
commence
ainsi
«...
Je
me
fais
un
devoir,
le
jour
de
la
fête
de
la
Sainte
Vierge,
d'offrir
les
prémices
de
mes
paroles,
comme
une
vigne
plantée
de
ses
mains,
parmi
les
milliers
de
tiges,
dans
ce
saint
temple
du
Seigneur».
Près
de
cette
dernière
église,
qui
était
la
principale,
il
y
en
avait
deux
autres;
celle
du
Saint-Sauveur
et
celle
de
la
Sainte-Croix.
La
première
est
citée
du
vivant
de
notre
Saint
et
de
son
frère,
qui
firent
écrire,
«en
l'honneur
et
gloire
de
la
sainte
église
de
Saint-Sauveur,
ce
livre
divin
(Evangile)
dans
le
couvent
de
Sghévra»,
l'an
1193.
Nous
l'avons
déjà
mentionné
à
la
fin
de
la
topographie
de
Lambroun:
le
copiste
parlant
des
deux
frères,
dit:
«Ils
embellirent
avec
des
ornements
ce
pieux
couvent,
la
sépulture
de
leurs
pères;
et
pour
comble
de
magnificence,
ils
ordonnèrent
à
moi
Constantin,
qui
étais
leur
fils
adoptif,
de
le
perfectionner
(l'évangile)
à
l'aide
de
ma
plume
et
de
l'orner
avec
des
couleurs...
Maintenant,
je
prie,
souvenez-vous
durant
la
sainte
Messse,
de
mon
maître
Nersès,
qui,
avec
foi
et
charité
a
fait
orner
ce
livre
de
la
parole
de
Dieu,
ainsi
que
de
Héthoum
le
Seigneur
dominant».
L'adroit
écrivain
et
brave
dessinateur
ne
peut
pas
laisser
de
côté
son
travail
digne
de
louanges;
il
ajoute:
«Souvenez-vous
aussi
du
service,
que
par
le
talent
qui
m'a
été
accordé
de
Dieu,
j'ai,
moi
infime,
rendu
à
ce
livre
divin».
Cinq
années
après,
en
(1198),
«dans
ce
couvent
célèbre
de
Sghévra,
devant
le
saint
Signe
(la
Croix
miraculeux
et
dans
le
temple
du
Sauveur
»,
un
autre
artiste
écrivait
l'évangile
de
Babéron,
pareil
au
premier
et
peut-être
mieux
orné.
Cela
montre
qu'on
travaillait
alors
dans
les
monastères
avec
un
grand
soin,
non
seulement
aux
lettres,
mais
aussi
dans
l'art
de
copier
des
manuscrits,
et
de
les
orner
de
belles
enluminures.
Dans
ce
même
monastère,
où
se
trouvaient
les
tombeaux
des
seigneurs
de
Lambroun,
étaient
aussi
ceux
des
moines:
c'est
le
vieux
Samuel
même
qui
nous
le
dit,
quand
il
exprime
son
désir
d'être
enterré
au
milieu
d'eux,
par
les
mains
de
son
bien-aimé
archevêque
Nersès:
«Que
mes
pauvres
restes
soient
posés
ici,
dans
le
tombeau,
par
sa
bénédiction,
et
que
je
repose
avec
mes
saints
pères,
auxquels
je
m'approche
par
la
vieillesse
qui
pèse
déjà
sur
moi».
Pendant
que
Samuel
écrivait
le
Commentaire
des
Psaumes
(p.
104.
Fac-simile,
tiré
du
manuscrit
des
Commentaires
des
Psaumes)
et
les
mémoires
sur
Saint
Nersès,
et
que
Constantin
ornait
de
dessins
le
saint
évangile
du
Saint-Sauveur,
paraissaient
sur
la
scène
le
poète
plaintif
Khatchadour,
serviteur
du
docteur
bien-aimé,
et
le
docteur
Georges,
qui
a
rassemblé
et
composé
les
Vies
des
Saints
Pères,
sous
la
direction
du
docteur
commun
Nersès,
l'an
1192.
«Dans
cet
ouvrage,
dit-il,
les
vies
et
les
paroles
des
Saints
Pères
ont
été
recueillies,
de
différents
exemplaires,
dans
le
couvent
de
Sghévra,
et
réunies
dans
un
volume
sous
la
protection
du
temple
de
notre
Seigneur
Dieu
et
Sauveur
J.
C.,
de
la
Sainte
Mère
de
Dieu
et
du
Saint
Bois
vivifiant,
par
l'ordre
de
notre
vénérable
frère,
le
pieux
Khatchadour,
qui
m'obligea,
moi
Georges,
son
confrère,
malgré
ma
faiblesse,
à
porter
à
bonne
fin
ce
livre,
objet
de
ses
ardents
désirs; ...
et
par
la
grâce
de
Dieu,
je
l'ai
fait
sous
la
direction
spirituelle
de
mon
Seigneur
Nersès,
le
Saint
archevêque,
qui
est
maintenant
supérieur
de
ce
célèbre
et
saint
couvent.
Il
gouverne
Tarse,
la
capitale,
avec
des
provinces
de
la
Cilicie.
Ce
saint
homme
de
Dieu
non
seulement
lisait
les
livres
sacrés
et
les
expliquait,
mais
encore
avec
un
grand
amour
il
les
rassemblait;
et
ce
frère
Khatchadour,
qui
servait
de
plein
gré
cette
personne
pure,
écoutait
ses
paroles,
imitait
sa
conduite
et
sa
ferveur;
comme
lui,
son
seigneur
et
maître,
il
chercha
et
acquit,
autant
qu'il
put,
des
livres
manuscrits
et,
par
ses
conseils
et
ses
exhortations,
il
fit
écrire
encore
ceci.
Ce
prêtre
Georges
était
sûrement
l'un
des
personnages
les
plus
distingués
du
couvent;
car,
non
seulement
il
est
appelé
Docteur
par
Samuel,
mais
il
lui
a
décerné
aussi
le
titre
de
Précepteur.
Il
fut
envoyé
par
ordre
de
Léon
le
Magnifique,
avec
Saint
Nersès
de
Lambroun,
à
la
rencontre
de
l'empereur
des
Allemands;
et
ces
deux
personnages
seuls
échappèrent
à
l'incursion
des
Ismaélites,
qui
massacrèrent
tous
leurs
compagnons:
après,
ils
continuèrent
leur
voyage.
Le
Samuel
que
nous
venons
de
citer,
est
le
même
vieillard
qui
a
écrit,
à
la
fin
de
la
copie
des
Commentaires
des
Psaumes,
la
vie
de
Saint
Nersès
de
Lambroun,
et
peut-être
aussi
dans
ce
mème
lieu,
notre
saint
auteur
a
repris
la
continuation
de
son
Commentaire
des
Proverbes
de
Salomon,
l'an
1197;
car,
lui-même
y
ajoute:
«J'ai
commencé
l'examen
du
fonds
de
ce
livre
sacré,
trois
années
avant
(1194)...
et
cette
année,
1197,
étant
parti
pour
Coustantinople,
j'ai
demandé
au
patriarche
leurs
livres
explicatifs
des
Proverbes
et
de
Job:
en
les
lisant
j'ai
trouvé
que
ce
que
la
grâce
du
Saint-Esprit
avait
produit
en
nous,
n'était
pas
différent,
et
que
mon
explication
s'accordait
en
tout
avec
la
leur.
En
retournant
chez
moi,
j'ai
béni
le
Seigneur
en
l'adorant;
et
j'ai
pris
courage
pour
continuer
mes
examens,
moi,
Nersès,
qui
suis
(vile)
cendre,
et
inspecteur
de
Tarse,
de
nom
plutôt,
puisque
j'habite
en
repos
dans
le
cloître
de
Sghévra».
Le
beau
mémoire
de
la
copie
des
Commentaires
de
la
Messe
et
la
dédicace
qu'en
a
faite
à
sa
sœur
Marie,
le
neveu
de
notre
Saint,
le
jeune
prêtre
Nersès
[2],
font
voir
qu'il
était
bien
digne
de
son
oncle.
A
la
mort
de
celui-ci,
il
écrivait
ou
faisait
copier
le
Commentaire
de
la
Messe,
«dont
une
partie,
par
le
frère
Avédik,
pieux
serviteur
de
Dieu,
du
monastère
d'
Anabad;
l'autre
partie
dans
le
cloître
de
Sghévra,
par
les
mains
d'un
clerc
de
l'église
de
Zoravark
(les
SS.
Généraux)».
On
croit
que
cette
église
était
celle
de
S.
Georges,
comme
nous
le
verrons
ci-après.
Avec
une
affection
qui
mérite
d'être
remarquée,
le
neveu
de
Saint-Nersès
s'écrie:
«Que
les
dignes
docteurs
mes
contemporains,
soient
mentionnés
devant
le
Seigneur;
tous
mes
amis
et
nos
bienheureux
docteurs,
qui
furent
les
nourriciers
de
nos
âmes,
Grégoire
et
Basile
[3],
que
nous
fréquentons
maintenant
pour
les
études:
qui
dans
nos
besoins
suppléent
le
Saint
dont
nous
sommes
privés.
Ils
brillent
dans
ces
temps
obscurs
et
illetrés,
comme
des
astres
pendant
la
nuit.
Souvenez-vous
aussi
du
prêtre
Basile
qui
nous
a
nourri
l'esprit
et
nous
a
instruit
par
le
moyen
de
la
tablette;
de
même
aussi
de
nos
coétudiants
et
de
nos
condisciples
Jean
et
Barthélemi,
et
de
toute
notre
famille»
[4].
Le
Docteur
Grégoire,
qu'il
a
mentionné
plus
haut,
est
le
même
personnage
célèbre,
qui
a
obtenu
la
dénomination
de
Sghévrien,
parce
qu'il
habitait
dans
ce
couvent;
pourtant
par
sa
naissance
il
est
du
bourg
de
Lambroun,
et
c'est
pour
cette
raison
qu'il
est
aussi
appelé
Lambrounien
ou
de
Lambroun.
Il
cohabitait
avec
Saint
Nersès;
par
sa
science
et
par
sa
sagesse
il
est
le
grand
personnage
après
lui;
Nersès
le
jeune,
son
disciple,
outre
les
témoignages
cités
plus
haut,
ajoute:
C'était
un
personnages
prudent
et
«versé,
dès
son
enfance,
dans
l'ancien
et
le
nouveau
Testament; ...
il
ne
lui
manquait
rien
pour
être
égal
en
tout
point
à
Nersès».
Le
roi
Léon
qui
était
un
profond
connaisseur
des
hommes,
honora
Grégoire
après
Nersès,
en
lui
commettant
la
traduction
en
arménien
de
la
lettre
grecque,
«de
Vahan
ou
Jean
archevêque
de
Nicée,
adressée
à
la
Béatitude
de
Zacharie,
le
Catholicos
des
Arméniens»,
comme
le
dit
Grégoire
d'Anavarze
dans
son
Ménologe,
en
l'appelant,
Grégoire
de
Sghévra,
le
saint
et
le
grand
docteur
des
Arméniens».
A
ce
même
Grégoire,
notre
roi
Léon
confiait
ses
secrets
les
plus
intimes,
ceux-là
même
qu'il
ne
pouvait
manifester
qu'à
Dieu:
ainsi
lorsqu'il
dut
paraître
devant
le
Juge
de
l'univers,
«il
appela
ce
saint
docteur,
lui
confessa
ses
fautes
et
reçut
la
sainte
communion
des
mains
du
même
docteur,
en
bénissant
le
Seigneur».
L'année
suivante,
1220,
mourut
le
Catholicos
Jean;
lors
l'élection
de
son
successeur,
les
princes
ne
furent
pas
d'accord
ensemble;
quelques-uns
ayant
à
leur
tête
Constantin,
Seigneur
de
Lambroun
et
neveu
de
Saint
Nersès,
voulurent
élire
Grégoire:
mais
le
sort
favorisa
Constantin
de
Partzer-pert.
Nous
avons
vu
plus
haut,
que
le
jeune
Nersès
obtint
de
Grégoire
de
Sghévra,
après
beaucoup
d'instances,
(1205),
le
Panégyrique
du
Saint.
C'est
un
sermon
où
éclate
sa
grande
érudition,
une
élocution
claire
avec
beaucoup
de
bon
sens,
bien
qu'elle
soit
inférieure
au
style
élevé
de
Saint
Nersès.
Nous
devons
faire
le
même
jugement
pour
ses
autres
écrits,
tels
que
le
Sermon
pour
le
Vendredi
saint,
et
un
autre
sur
la
Résurrection
du
Seigneur.
Ces
discours
tournent
en
grande
partie
sur
les
Saintes
Femmes
qui
apportaient
de
l'huile
pour
oindre
le
corps
de
Jésus;
il
y
introduit
des
passages
pleins
d'esprit,
en
concordant
les
quatre
évangiles,
qui
paraissent
en
désaccord
entre
eux.
Il
distingue
les
unes
des
autres
les
cinq
Maries,
et
réfute
l'opinion
de
ceux
qui
affirmaient
que
la
Sainte
Vierge
était
allée
aussi
au
tombeau
de
Jésus
[5].
En
tout
cela
plus
que
sa
rhétorique,
il
montre
un
sage
discernement
dans
ses
pensées
et
une
grande
simplicité
de
langage.
Beaucoup
de
personnes
connaissent
aussi
sa
longue
Prière
«de
la
part
de
tout
le
genre
humain»,
comme
lui
même
le
dit
dans
un
passage
[6],
sur
les
diverses
dispositions
de
Dieu
envers
l'homme.
Il
montre
encore
ici
une
grande
clarté
de
langue
et
d'esprit.
Ses
réflexions
sur
la
vie
de
Saint
Grégoire
de
Nareg,
sont
un
effet
de
son
amour
pour
la
prière,
dans
laquelle
ce
grand
Saint
était
toujours
plongé.
Grégoire
a
encore
composé
une
Prière
à
réciter
durant
la
Sainte
Messe;
une
autre
dédiée
à
la
Sainte
Mère
de
Dieu,
sur
la
demande
d'un
prêtre
nommé
Pierre.
Il
la
commence
ainsi:
«Sainte
Vierge,
trois-fois-bénie,
temple
du
Très-Haut»;
il
la
continue
se
remémorant
de
la
Passion
de
Jésus-Christ;
et
lorsqu'il
arrive
au
souvenir
du
Stabat
Mater,
il
change
soudain
sa
prose
en
vers,
terminés
par
une
même
désinence
et
dont
voici
la
traduction:
Et
Toi
qui
fus
près
de
la
Croix
De
la
Passion
de
mon
Jésus,
Et
entendis
le
«J'ai
soif»
Que
dit
ton
Fils
unique!
On
lui
donna
le
vinaigre
à
boire
Et
le
fiel
à
goûter.
fut
attaché
avec
des
clous,
Et
blessé
avec
une
lance»...
etc.
Son
hymne
la
plus
connue
et
la
plus
célèbre
dans
notre
église
arménienne,
est
celle
qu'il
composa
en
doubles
distiques,
selon
le
nombre
des
trente-six
lettres
de
l'alphabet,
sur
la
Naissance
de
Saint
Jean-Baptiste,
chantée
pour
la
première
fois
en
1198;
c'est
une
preuve
éclatante
de
son
génie
d'invention.
L'hymne
commence
de
cette
manière:
«Astre
précurseur
de
l'Orient
du
soleil
de
justice...
».
Le
grand
nombre
des
lettres
arméniennes
l'aident
à
considérer
sous
plusieurs
aspect
le
Saint
Jean,
le
plus
grand
saint
parmi
les
fils
des
femmes,
et
de
le
louer,
du
commencement
de
sa
naissance
jusqu'à
sa
mort;
par
laquelle
il
fut,
«Précurseur
de
la
seconde
descente»
du
Seigneur
aux
places
inférieures
de
la
terre;
porteur
de
la
bonne
nouvelle
aux
âmes
dans
les
enfers»;
il
n'oublie
pas
les
dernières
circonstances
de
la
vie
et
de
la
mort
de
Saint
Jean:
Dans
l'assemblée
du
festin
d'ivresse
le
jour
des
fêtes
natales
du
funeste
(Hérode),
Toi,
tourterelle
du
désert,
qui
naquis
en
tressaillant
de
joie,
La
fille
d'Hérode,
en
dansant,
demanda
ta
tête
[7].
Après
Grégoire
de
Sghévra
et
avant
Georges,
au
milieu
du
XIII
e
siècle,
Mekhitar,
docteur
de
Sghévra,
obtenait
de
la
réputation
par
sa
science
et
par
sa
modestie.
Il
fut
jugé
par
le
Catholicos
Constantin
et
le
roi
Héthoum
comme
l'homme
le
plus
digne
et
le
plus
capable
d'aller
dans
la
ville
de
S.
J.
d'Acre
en
messager
et
en
homme
savant,
chez
Guillaume
II
archevêque
de
Tyr
et
Légat
du
pape
Urbain
IV.
Celui-ci
y
était
arrivé
en
1263
et
était
très
véxé
de
ce
que
le
Catholicos
des
Arméniens
ou
son
vicaire,
ne
fussent
venus
lui
faire
la
visite
d'usage.
Lorsque
Mekhitar
arriva,
le
prélat
latin
le
reçut
avec
une
froideur
mal
retenue;
mais
une
fois
remis
de
son
ressentiment
il
disait
à
Mekhitar:
«J'ai
entendu
dire
que
tu
es
regardé
comme
un
savant
par
tes
compatriotes,
peut-être
nous
pourrions
profiter
de
ta
présence,
et
il
répétait:
«Tu
es
un
homme
sage,
comme
je
te
l'ai
dit;
tu
me
réponds
à
tout
ce
que
je
te
demande».
Mekhitar
lui
répondit
humblement
selon
les
convenances,
mais
avec
précaution,
et
comme
il
dit
lui
même:
«Dans
ce
même
jour
il
y
avait
un
grand
conseil
chez
le
Légat:
là
se
trouvaient
le
préfet,
qui
s'appelait
Joffroi,
et
qui
était
un
homme
aimant
la
paix;
le
Maître
des
Templiers,
et
le
Commandeur
des
Hospitaliers,
et
tous
les
seigneurs
des
pays
riverains
d'Antioche
(à
l'exception
du
Prince),
et
tous
les
avocats».
Ils
se
mirent
à
disputer
sur
la
primauté
de
l'apôtre
Saint
Pierre;
et
quoique
Mekhitar
parlât
avec
beaucoup
d'érudition
et
de
connaissance
des
Saints
Livres,
pourtant
tenu
par
des
préjugés,
il
ne
voulait
pas
céder
là
où
il
le
fallait.
Après
cette
question
il
tâcha
d'exhausser
le
Catholicos
sur
les
patriarches,
en
attribuant
la
cause
à
ce
que
le
mot
Catholicos
a
une
étendue
universelle
plus
que
celui
de
patriarche,
et
que
ce
dernier
est
le
chef
d'une
ville
ou
d'une
province,
tandis
que
le
«Catholicos
des
Arméniens
est
le
chef
de
toute
une
nation».
Après
cela
dans
son
rapport
qu'il
présenta
au
roi
Héthoum,
sur
la
demande
de
Jacob
évêque
de
Gasdalon,
il
ajouta
un
autre
chapitre
contre
les
Grecs,
sur
les
siéges
patriarcaux
et
spécialment
pour
celui
de
Constantinople.
C'est
l'unique
ouvrage
de
Mekhitar
de
Sghévra
qui
nous
soit
parvenu.
Comme
homme
habile
il
accompagna
le
roi
Héthoum
dans
un
de
ses
voyages,
probablement
à
cause
de
ses
connaissances
des
langues.
Jusque
vers
la
fin
du
XIII
e
siècle
je
ne
trouve
aucun
autre
mémoire
sur
le
couvent
de
Sghévra,
sinon
la
sépulture
de
Marie,
sœur
du
roi
Héthoum,
devenue
comtesse
de
Joppé
par
son
union
avec
Jean
Ibelin,
seigneur
de
Joppé.
Ce
sera,
sans
doute,
pour
se
consoler
de
la
mort
de
son
père,
le
régent
Constantin,
qu'elle
vint
à
Lambroun
et
elle
y
mourut,
l'année
1263
[8],
«laissant
deux
garçons
et
trois
filles»
portant
des
noms
arméniens.
Il
paraît
que
ces
enfants,
Ochine
et
Héthoum,
aient
vécu
à
la
cour
arménienne,
puisque
Rémount,
fils
de
ce
dernier,
fut
sénéchal
des
Arméniens.
Le
second
personnage
savant,
le
Docteur
Georges
de
Sghévra,
brilla
vers
le
milieu
du
XIII
e
siècle.
Il
parcourut
différents
couvents
de
la
Grande
Arménie,
afin
d'enrichir
son
livre,
le
Donabadjar
(Notices
sur
les
fêtes).
Il
dit
lui-même
en
parlant
de
son
livre,
qu'il
fut
écrit
«dans
un
pays
lointain,
par
Georges,
jeune
incapable,
venu
de
Lambroun,
forteresse
inaccessible
de
la
Cilicie,
au
pied
de
la
grande
montagne
du
Taurus.
Il
n'entreprit
point
cet
ouvrage
avec
une
témérité
présomptueuse,
ni
en
se
donnant
pour
un
homme
habile
dans
l'écriture;...
mais
il
le
fit
sur
l'ordre
de
Grégoire
archevêque
de
Bedjeni,
dont
il
avait
été
comblé
de
bienfaits,
et
sur
les
instances
pressantes
des
fils
de
ce
dernier,
(en
religion)
les
prêtres
Vartan
et
Grégoire,
dont
lui-même
avait
été
chargé
de
l'éducation....
Il
fut
aidé
dans
son
travail
par
son
compagnon
d'exil
et
précepteur,
le
prêtre
Jean ...
Mais
nous
n'avons
pas
pu
travailler
toujours
dans
le
même
lieu
et
sans
interruption.
Nous
avons
été
obligés
de
nous
transporter
d'un
endroit
à
un
autre;
nous
avons
dû
changer
nos
projets
et
même
nos
habitudes...
Nous
avons
d'abord
habité
le
couvent
célèbre
de
Virab,...
pour
nous
instruire
auprès
de
Vartan,
grand
docteur
et
personnage
bien
fervent...
De
là,
nous
avons
passé
chez
le
grand
prince
du
nom
Kourd;
nous
l'avons
suivi
à
Saghmossavank
(couvent)
et
y
sommes
restés
avec
lui.
C'est
là
que
nous
avons
achevé
notre
premier
volume
de
ce
saint
livre.
Comme
le
Docteur
fut
encore
obligé
de
changer
de
lieu
pour
enseigner,
dans
l'endroit
où
voudrait
le
guider
la
divine
Providence,
nous
nous
transportâmes
avec
lui
au
couvent
de
Téghénik;
ce
couvent
célèbre,
cet
habitation
angélique,
où
Dieu
demeure;
c'est
là
que
nous
avons
terminé
ce
que
nous
nous
étions
proposé,
ayant
trouvé
bon
accueil
auprès
de
l'affable
et
du
chaste
prêtre
Serge,
qui
nous
soigna
et
nous
servit
de
bon
gré;
etc».
Le
Vartan,
dont
il
est
question
plus
haut,
est
le
célèbre
docteur
et
précepteur
Vartan
dit
l'Oriental,
historien
et
commentateur
du
Pentateuque
et
duquel
Georges
fut
le
digne
disciple.
Quand
notre
écrivain
parle
de
son
incompétence
dans
l'art
d'écrire,
c'est
au
point
de
vue
graphique
qu'il
faut
l'entendre,
comme
copiste
et
imagier
[9];
cependant
il
devait
avoir
bien
réussi
dans
d'autres
livres,
puisqu'à
son
retour
à
Sghévra,
il
fut
prié
par
un
certain
Constantin,
(peut-être
celui
qui
devint
Catholicos
dans
la
suite),
et
plus
tard,
par
le
prêtre
Etienne
Kouyner,
de
copier
l'œuvre
du
D.
r
Aristaguès,
de
l'étendre
et
de
le
compléter.
Parmi
tous
les
ouvrages
de
Georges
de
Sghévra,
le
plus
connu
et
le
plus
estimé,
c'est
son
commentaire
des
prophéties
d'Isaïe.
Comme
il
n'y
a
aucune
déclaration,
aucune
date,
ni
au
commencement
ni
à
la
fin
du
livre,
nous
citerons
ici
les
paroles
de
ceux
qui
l'ont
copié
du
vivant
de
l'auteur.
L'un
d'eux,
le
prêtre
Jérémie,
écrit
l'an
1295,
que
le
roi
Héthoum
(1289-1307),
«Voyant
que
de
ces
grands
docteurs
qui
avaient
interprêté
Isaïe,
l'un,
—
Saint
Ephrem,
—
l'avait
fait
brièvement,
mais
avec
des
paroles
pleines
de
sens,
et
l'autre,
—
le
divin
Jean
Chrysostome
—
avait
écrit
avec
trop
d'abondance,
le
roi
Héthoum,
dis-je,
cet
illustre
prince,
eut
l'intention
de
réunir
leurs
commentaires
en
un
seul
ouvrage...
Dans
ce
but,
il
s'adressa
au
docteur
Georges,
qui
était
alors
bien
avancé
dans
les
vertus
et
instruisait
avec
assiduité
de
nombreux
élèves,
et
lui
enjoignit
l'ordre
pressant
d'entreprendre
ce
travail.
Le
saint
prêtre
obéit,
et
en
vrai
prédicateur,
s'aidant
des
travaux
du
D.
r
Sarkis
(Serge),
il
réunit
les
commentaires
des
illustres
docteurs,
en
fit
un
résumé
qu'il
copia
de
sa
propre
main
et
qu'il
remit
à
Héthoum».
Dans
les
premiers
chapitres
Georges
s'est
inspiré
des
commentaires
de
Saint
Cyrille;
mais
dans
tout
le
reste
de
l'ouvrage,
il
suit
ceux
de
Saint
Ephrem
et
de
Saint
Jean
Chrysostome.
Quelquefois
il
unit
à
leurs
réflexions,
les
remarques
d'un
certain
Serge,
qui
s'était
occupé
avant
lui
du
même
travail,
mais
j'ignore
quel
est
ce
personnage.
Lorsqu'il
arrive
aux
paroles
d'Isaïe:
«Qui
a
cru,
Seigneur?»
il
cite
avec
abondance
les
paroles
de
son
maître,
le
docteur
Grégoire,
et
le
met
presqu'au
niveau
des
deux
illustres
Saints
Pères.
Mais
rarement
il
se
sert
des
écrits
de
S.
Grégoire
le
Théologien,
et
encore
moins
de
S.
Basile
ou
de
S.
Athanase.
Parmi
les
autres
ouvrages
écrits
par
Georges,
un
des
plus
célèbres,
est,
l'Art
de
l'écriture.
Un
de
ses
disciples
nous
affirme
qu'il
composa
aussi
des
Hymnes
pour
les
grandes
fêtes
et
pour
les
Saints.
On
trouve
en
effet
plusieurs
hymnes
en
acrostiche,
dont
les
premières
lettres
de
chaque
strophe
forment
le
nom
de
Georges,
mais
il
ne
faudrait
pas
croire
qu'elles
appartiennent
toutes
à
ce
savant
docteur,
car
on
en
trouve
déjà
dans
un
manuscrit
de
l'an
1241,
époque
antérieure
à
celle
où
Georges
commença
à
écrire.
Un
des
disciples
de
Georges,
le
D.
r
Moïse,
écrit,
en
parlant
de
son
maître:
«Il
écrivit,
avec
beaucoup
d'ordre,
des
Règles
et
des
Conseils
pour
la
Confession,
au
profit
des
prêtres
ignorants.
Il
composa
plusieurs
préfaces
pour
les
livres
de
la
Bible,
et
en
fit
le
résumé
des
chapitres.
Il
écrivit
des
Panégyriques
en
l'honneur
des
Saints,
de
brèves
interprétations
des
Actes
des
Apôtres,
à
la
demande
de
l'évêque
Jean,
frère
du
roi....
Il
fit
aussi
des
hymnes
intitulées
Laudate
pueri,
un
recueil
de
maximes
et
d'exemples
utiles
tirés
de
la
Bible».
Le
Commentaire
abrégé
des
Actes
des
Apôtres,
dont
parle
ici
Moïse,
mérite
aussi
de
figurer
parmi
les
meilleurs
ouvrages
de
Georges.
En
voici
la
dédicace:
«Au
Seigneur
Jean
évêque
et
frère
du
roi,
(Héthoum),
qui
a
demandé
ce
bref
commentaire»;
et
plus
loin
il
ajoute:
«Voici,
ô
mon
père
théophile
et
seigneur,
que
ta
demande
pressante
et
ton
visage
vénérable
m'ont
comblé
de
crainte....
car
tu
m'as
ordonné,
toi-même
en
personne,
en
m'expliquant
ta
volonté,
de
résumer
en
entier
en
gardant
les
mêmes
idées,
les
longues
et
riches
interprétations
d'Ephrem
et
de
Jean
Chrysostome.
C'est
avec
crainte
que
je
me
suis
lancé
sur
les
traces
de
ces
Saints
—
aussi
je
demande
grâce
pour
mon
arrogance
—
pour
réunir
en
une
seule
œuvre
leurs
profondes
et
sublimes
interprétations,...
pour
les
accorder
comme
en
collier
de
perles
précieuses,
ou
comme
des
fleurs
odoriférantes
et
incorruptibles,
avec
lesquelles
je
puisse
faire
une
couronne
d'
espérance
pour
votre
tête
auguste...
Que
mon
pauvre
ouvrage
soit
récompensé
par
Dieu,
et
qu'il
m'accorde
le
pardon
de
mes
péchés».
Cet
ouvrage
est
d'autant
plus
précieux
que
nous
ne
possédons
pas
les
textes
primitifs
des
interprétations
étendues
de
S.
Ephrem
et
de
S.
Jean
Chrysostome.
Chaque
fois
qu'il
cite
leur
texte,
il
indique
leur
nom
en
marge;
on
y
trouve
aussi
quelquefois
ceux
de
S.
Nersès
de
Lambroun,
de
S.
Grégoire
le
Théologue,
des
deux
Cyrille,
de
S.
Nersès
le
Gracieux
et
d'un
certain
Cyriaque.
L'ouvrage
est
divisé
en
55
chapitres,
et
à
la
fin
de
chaque
chapitre
se
trouve
une
courte
exhortation.
A
la
demande
du
même
personnage,
l'évêque
Jean,
Georges,
écrivit
encore,
l'an
1283:
le
«Panégyrique
de
S.
Jean,
l'Evangéliste
théologue».
Tous
ces
ouvrages
suffisent
pour
prouver
le
talent
et
l'intelligence
de
Georges,
talent
que
son
oncle
Grégoire,
supérieur
du
couvent,
avait
deviné
dès
l'enfance
du
jeune
homme
et
s'était
efforcé
de
développer.
Un
signe
de
la
grande
réputation
et
de
l'estime
dont
jouissait
Georges,
c'est
que
la
date
de
sa
mort
est
inscrite,
avec
celle
des
personnages
illustres,
dans
la
chronique
commencée
par
Samuel
d'Ani:
«Cette
même
année,
l'an
1301,
y
est-il
inscrit,
le
vertueux
et
saint
docteur
Georges
de
Sghévra,
se
reposa
dans
le
Seigneur».
L'un
de
ses
disciples,
Moïse,
qui
écrivit
un
panégyrique
sur
le
bienheureux
abbé
et
doux
docteur
Georges
de
Lambroun,
indique
d'une
façon
plus
exacte
encore,
le
jour
de
sa
mort:
«Il
vécut
en
vrai
chrétien
et
se
reposa
dans
le
Seigneur,
le
mercredi,
onze
janvier,
l'an
1301».
Nous
pouvons
dire
que
Georges
a
fermé
la
série
de
nos
auteurs
célèbres;
nous
ne
trouvons
plus
après
lui
que
Jean
d'Erzinga
et
Basile,
dit
le
Macheghévor,
qui
furent
ses
imitateurs.
Dans
son
discours
Moïse,
fait
une
longue
énumération
des
titres
honorifiques
de
son
maître.
Non
content
de
cela,
il
y
ajoute
encore
une
lamentation
en
vers.
La
poésie
de
Moïse
vaut
mieux
que
sa
prose;
mais
elle
est
loin
de
s'élever
au
génie
simple
et
sublime
qui
éclate
dans
les
lamentations
de
Khatchadour,
au
sujet
de
la
mort
du
plus
illustre
des
Lambrouniens.
Au
milieu
de
ses
vers
Moïse
intercale
quelques
lignes
de
prose,
afin
de
traduire
ses
regrets
personnels:
«Hélas!
et
moi,
quel
père
n'ai-je
pas
perdu!
quel
précepteur!
quel
conseiller
et
quel
consolateur!.
O
père
vénéré,
tu
ne
m'envoies
plus
ta
parole
et
ton
écriture
précieuses;
je
ne
reçois
plus
de
loin
de
tes
joyeuses
nouvelles....
».
L'orateur
reprend
de
nouveau
la
suite
de
ses
vers
et
termine
ainsi:
«Cet
écrit
est
pour
le
bienheureux
docteur
appelé
Georges;
ce
ne
sont
point
des
paroles
fausses
ou
ambiguës;
mais
toutes
justes
et
certaines,
pour
exhorter
ceux
qui
doivent
venir
après
nous,
et
pour
la
gloire
du
Seigneur
trois
fois
Saint.
Amen».
Moïse
oublie
de
citer
un
ouvrage
de
Georges,
très
utile
pour
les
fidèles
et
qui
ne
laisse
pas
non
plus
d'être
une
preuve
de
son
talent,
de
son
art
de
vérsificateur,
et
de
son
habileté
en
prosodie.
Je
veux
parler
de
son
«Choix
et
confirmation
des
mots
et
des
airs
de
nos
hymnes».
Les
érudits
arméniens
auront
sans
doute
remarqué
que
dans
plusieurs
antiphonaires
du
commencement
du
XIV
e
siècle,
on
trouve
une
annotation
indiquant
que
les
hymnes
sont
écrites
selon
le
meilleur
texte,
et
qu'elles
ont
été
tirées
d'un
certain
recueil,
appelé
Khelguets;
quelques-uns
affirment
que
l'auteur
de
ce
recueil
fut
Grégoire,
le
premier
maître
de
Sis
et
un
copiste
habile,
surnommé
Khoul
(le
Sourd).
Or
Arakel,
évêque
de
Siunik,
dans
ses
Explications
des
Définitions
de
David
l'Invincible,
atteste
que,
le
texte
vérifié
de
nos
hymnes
est
celui
contenu
dans
«l'exemplaire
de
Kheloug
(Petit
sourd)
corrigé
par
le
Grand
docteur
Georges,
le
même
qui
a
commenté
les
prophéties
d'Isaïe
à
la
demande
du
roi
Héthoum
à
Sis...
»
il
ajoute
plus
loin:
«Afin
que
l'art
de
la
prosodie
soit
uni
à
celui
du
chant,
comme
nous
le
trouvons
dans
l'exemplaire
de
Khoul,
que
le
docteur
Georges
a
fixé».
La
version
la
plus
juste
de
ces
paroles
est
d'admettre
que
Khoul
s'est
occupé
de
la
partie
musicale
et
que
Georges
a
adapté
les
paroles
à
ces
airs
vérifiés.
Quant
à
Georges
a-t-il
travaillé
avec
Grégoire
(le
Sourd),
ou
bien
a-t-il
fait
le
travail
seul
après
lui,
je
ne
le
sais
pas,
car
je
n'ai
trouvé
aucun
autre
passage
relatif
à
Khoul
[10].
Tous
ces
éloges
d'auteurs
contemporains,
nous
prouvent
que
Georges
devait
être
très
versé
dans
l'art
grammatical,
dans
l'art
de
diviser
les
paragraphes
et
de
mettre
la
ponctuation,
surcout
dans
les
copies
de
l'Ecriture-Sainte:
et,
l'incomparable
D.
r
Sargavak
mis
à
part,
aucun
de
nos
auteurs
anciens
ne
le
surpassa
en
cela.
Nous
possédons
dans
la
bibliothèque
de
notre
couvent
une
Bible
écrite
selon
cet
art
grammatical,
très
élégante
et
très
artistique,
copiée
20
années
après
la
mort
de
Georges,
sur
le
manuscrit
original
ou
du
moins
sur
une
copie
de
ce
manuscrit,
exécutée
sous
les
yeux
et
sous
la
direction
de
Georges.
Parmi
les
titres
honorifiques
de
Georges
on
trouve
très
souvent
ceux
de
Chef
des
docteurs,
de
précepteur
[11]
et
de
conseiller.
Fut-il
jamais
directeur
du
couvent?
C'est
peu
certain;
même
il
est
probable
qu'il
ne
le
fut
pas.
L'an
1285,
en
effet,
le
directeur
du
monastère
était
un
certain
Minas;
après
lui
ce
fut
Constantin
II
de
Rome-Cla,
qui
avait
renoncé
bon
gré
ou
mal
gré
à
la
dignité
de
Catholicos,
en
1290.
Ce
dernier
ayant
appris
la
nouvelle
fatale
de
la
ruine
du
siége
patriarcal
de
Rome-Cla,
et
la
destruction
des
objets
sacrés,
fit
construire,
pour
la
consolation
de
son
âme
et
pour
conserver
une
partie
des
reliques
saintes,
un
reliquaire
d'argent.
Il
y
renferma
des
restes
précieux
de
plus
de
soixante
Saints,
y
inscrivit
leur
nom
et
composa
pour
chaque
Saint
quelques
vers
mystiques.
C'est
également
aux
environs
de
ces
temps
là
(1296)
qu'entra
en
religion
un
jeune
prêtre
du
nom
de
Pierre
(neveu
et
disciple
du
prêtre
Etienne).
«Ce
dernier
était
du
pays
des
Lycaoniens,
d'Iconium,
la
fameuse
capitale;
il
préféra
la
vie
paisible
du
cloître
à
la
modeste
vie
séculière,
et
il
se
rangea
au
nombre
des
vénérables
solitaires
de
notre
saint
couvent.
Il
y
resta
longtemps
et
vieillit
dans
le
service
de
Dieu
et
de
son
église ...
».
Un
autre
personnage
illustre
de
cet
époque
fut
le
D.
r
Marc
de
Sghévra
qui
assista
au
concile
de
Sis,
en
1307.
Enfin,
on
trouve
encore
le
nom
d'un
certain
clerc
Etienne,
qui
écrivit
la
vie
des
Saints
pour
le
pieux,
vénérable,
divin,
etc...
vieux
solitaire
Abraham.
Il
écrivit
ces
vies
«au
couvent
de
Sghévra,
à
l'ombre
sainte
et
salutaire
de
la
Croix
et
sous
la
protection
de
la
sainte
Mère
de
Dieu».
Tout
ces
faits
montrent
clairement
que
ce
couvent
était
habité
et
très
florissant
au
commencement
du
XIV
e
siècle,
quoiqu'il
eût
été
incendié
en
1279,
—
comme
l'écrit
le
continuateur
des
Chroniques
de
Samuel
d'Ani.
Ces
quelques
mémoires
sur
le
couvent
de
Sghévra
nous
montrent
aussi
qu'il
dut
surpasser
toutes
les
autres
maisons
religieuses
de
Sissouan.
Comment
en
eut-il
été
autrement?
puisqu'il
eut
pour
protecteurs
les
sébastes
de
Lambroun
et
pour
directeur,
l'illustre
Saint
Nersès,
la
fleur
de
sa
famille,
dont
l'œuvre
fut
continuée
par
des
docteurs
aussi
célèbres
que
les
Grégoire
et
les
Georges.
LE
RELIQUAIRE
DE
SGHEVRA
Nous
avons
indiqué
dans
quelles
circonstances,
Constantin
II
le
Catholicos,
fit
exécuter
un
Reliquaire,
ou
comme
il
l'appelle
quelquefois
lui-même,
une
demeure
de
repos
pour
les
reliques
des
Saints.
Cette
précieuse
pièce
d'orfévrerie,
est
l'une
des
rares
merveilles
archéologiques,
qui
nous
soient
parvenues
de
l'Arménie
du
moyen-âge;
il
est
curieux
qu'elle
ait
échappé
aux
pillages
des
incursions,
dont
ce
pays
a
été
si
longtemps
le
théâtre.
Actuellement
[12]
les
antiquaires
de
l'Europe
s'émerveillent
devant
une
photographie
de
ce
reliquaire,
laquelle
figure
dans
une
exposition
d'antiquités
à
Leyde.
On
a
découvert
récemment
ce
précieux
monument
de
l'art
arménien
du
moyen-âge,
alors
qu'on
le
croyait
détruit
depuis
plusieurs
siècles.
C'est
le
Catholicos
lui-même
qui
nous
indique
l'époque
de
la
construction
du
Reliquaire,
les
circonstances
qui
l'y
ont
amené
et
la
matière
dont
il
est
fait.
Il
a
renfermé
tout
cela
dans
104
vers
octosyllabiques,
et
il
les
a
fait
graver
sur
le
revers
de
la
couverture
d'argent
qui
contenait
les
reliques.
Le
tout
comprend
43
lignes
très
compactes,
car
les
vers
sont
écrits
les
uns
à
la
suite
des
autres,
sans
revenir
à
la
ligne,
et
ne
sont
séparés
que
par
des
points.
Voici
la
traduction
littérale
de
ces
vers.
Je
suis
accablé
de
douleur
à
la
pensée
des
saints
objets
Au
milieu
desquels
j'ai
été
élevé
depuis
mon
enfance;
Ma
pensée
y
revient
toujours.
Je
reste
abîmèe,
dans
le
plus
triste
deuil.
Mais
m'étant
établi
à
Sghevra,
Mon
grand
desir
me
poussa
De
placer
ces
reliques
dans
un
etat
de
repos;
Dans
l'espoir
d'obtenir
pour
moi
un
grand
bien,
Et
pour
soulagement
de
mon
chagrin,
Qui
tourmente
toujours
ma
pensée.
Or,
cette
magnifique
châsse
Qui
sert
pour
contenir
des
saintes
reliques,
Je
l'ai
faite
executeur
merveilleusement
D'argent
pur
et
precieux,
Entrelacé
avec
de
l'or
flamboyant;
Embelli
avec
d'admirables
ornements
D'une
structure
très
élégante,
Entremêlé
avec
des
pierres
précieuses,
Semblable
à
l'éphod
d'Aaron.
Que
pour
les
saints
restes
ici
recueillis
Ceci
puisse
servir
de
lieu
de
repos.
Comme
un
monument
raisonnable
Pour
la
divulgation
de
la
victoire
des
Saints.
Les
reliques
Saintes
qui
furent
placées
ici
Et
qui
sont
au
dessus
de
toutes
les
choses
matérielles,
Sont
des
remèdes
pour
les
souffrances,
Et
un
grand
secours
pour
le
genre
humain;
Elles
chassent
les
esprits
malins,
Et
invitent
les
anges
pour
nous
garder.
Et
moi
m'appuyant
sur
cela,
J'ai
fait
exécuter
ce
modeste
sanctuaire,
Comme
offrande
agréable
aux
Saints;
Et
comme
un
bon
souvenir
de
moi,
Aussi
bien
que
de
mes
parents,
Et
de
toute
ma
nation
entière:
Que
je
donne
comme
un
don
sacré
Pour
la
gloire
de
la
rédemption
du
Sauveur,
Dans
le
temple
de
sa
sainteté,
Du
saint
Sauveur
de
Sghévra.
Que
Dieu
le
conserve
pour
longtemps
Dans
une
solidité
inébranlable:
Et
qu'il
prenne
toute
l'Arménie
Dans
son
sein
paternel!
Or,
j'exprime
ici
mon
désir,
Et
je
parle
en
suppliant,
En
m'adressant
à
tout
le
monde,
En
les
priant
ardemment.
Vous
qui
voyez
ce
Reliquaire
Et
qui
approchez
des
trésors
qui
y
sont
renfermés:
Que
par
vos
ferventes
prières
Et
par
vos
sollicitations
suppliantes,
Héthoum,
roi
de
la
nation
arménienne,
Soit
couronné
avec
les
Saints
dans
le
paradis;
Et
pour
les
bienfaits
qui
j'ai
reçus
de
lui,
Qu'il
en
puisse
recevoir
la
récompense.
Amen.
Le
fond
du
reliquaire
est
formé
par
une
planche
de
bois,
couverte
de
lames
d'argent
doré,
d'une
longueur
de
0,
63
m.
sur
0,
35
m.
de
large
et
sur
0,
075
de
profondeur.
Tout
le
dos
de
la
planche
est
occupé
par
l'inscription,
dont
les
lettres
mesurent
0,
015
m.
de
grandeur.
La
face
du
reliquaire
a
deux
portes
à
deux
battant.
La
première
de
ces
portes
se
trouve
dépouillée
de
tous
ses
ornements
à
la
partie
extérieure,
recouverte
actuellement
d'un
papier
doré;
mais
la
surface
intérieure
est
encore
garnie
d'une
lame
d'argent
ornée
de
figures
et
de
lettres.
La
seconde
porte
qui
cache
la
niche
interne,
est
également
doublée
d'argent
travaillé,
comme
nous
l'examinerons
plus
bas.
Le
sujet
principal
représenté
sur
les
deux
battants
de
la
porte
extérieure,
est
l'Annonciation
de
la
Vierge.
Sur
le
battant
gauche
(en
faisant
face
au
reliquaire)
se
trouve
l'ange
Gabriel,
comme
le
témoigne
au
reste
une
inscription.
Au-dessus
et
au-dessous
de
l'ange
se
trouvent
des
médaillons:
le
premier
représente
S.
Jean,
le
second
le
roi
David.
La
bordure
est
couverte
d'inscriptions
avec
des
lettres
en
relief.
Chacune
de
ces
inscriptions
se
rapporte
au
caractère
du
saint.
Ainsi
celle
de
S.
Jean,
porte:
«
Voici
l'agneau
de
Dieu,
qui
ôte
les
péchés»;
celle
de
l'ange
Gabriel:
«
Ave,
le
Seigneur
est
avec
toi;
tu
es
bénie
entre
toutes
les
femmes;
voici
que
l'Esprit-Saint
viendra
en
toi
»;
enfin
celle
de
David:
«
Ecoute,
ô
ma
fille,
et
vois;
basse
tes
oreilles
».
—
Sur
l'autre
battant
celui
de
droite,
la
figure
centrale
représente
la
Vierge,
assise
sur
un
siège
sans
dossier.
Autour
de
l'auréole
sont
inscrits
ces
mots:
«
Mère
de
Dieu
»,
et
autour
de
la
bordure:
«
Voici
je
suis
la
servante
du
Seigneur,
qu'il
me
soit
fait
selon
tes
paroles
».
Il
y
a
également
deux
médaillons;
celui
du
haut
représente
Saint
Etienne:
il
tient
un
encensoir
de
la
main
droite
et
porte
de
la
gauche
une
pierre
sur
laquelle
se
trouve
gravé
son
nom.
Tout
autour
du
bord
du
médaillon
sont
écrites
les
paroles
du
Saint:
«
Je
vois
les
deux
ouverts
et
le
Fils
de
l'homme
à
la
droite
de
Dieu
».
—
Le
médaillon
inférieur
représente
le
roi
Héthoum,
en
manteau,
dans
l'attitude
de
prière;
l'inscription
du
médaillon
contient
le
nom
et
les
titres
du
personnage:
Héthoum,
roi
des
Arméniens.
(p.
115.
Héthoum
II.
roi
des
Arméniens)
Une
autre
inscription
gravée
à
partir
du
cercle
du
médaillon,
comme
si
elle
sortait
de
la
bouche
du
roi,
et
continuée
sur
la
bordure
de
la
porte,
contient
la
prière
du
roi,
composée
de
quatre
vers:
Intercédez
pour
moi,
Mère
de
Dieu,
Auprès
de
votre
Fils
né
merveilleusement.
Afin
qu'il
se
réconcilie
Avec
Héthoum
son
serviteur.
La
partie
supérieure
des
panneaux,
actuellement
sans
inscriptions,
devait
pourtant
en
porter;
il
semble
même
qu'on
en
distingue
encore
quelques
traces.
La
seconde
porte
interne
est
plus
ornée
et
contient
surtout
beaucoup
plus
d'inscriptions
que
la
précédente.
Le
panneau
gauche
a
pour
motif
principal
l'image
de
Saint
Grégoire
l'Illuminateur;
dans
les
deux
médaillons,
Saint
Pierre
et
Saint
Eustache.
Sur
le
panneau
droit,
en
face
de
Saint
Grégoire,
Saint
Thaddé,
avec
la
main
levée
pour
bénir;
puis
dans
le
médaillon,
Saint
Paul
à
la
tête
allongée,
avec
l'épée:
au
dessous
Saint
Vartan,
(p.
114.
S.
Vartan)
le
célèbre
général
arménien,
portant
également
une
épée
dégainée.
Sur
la
bordure
des
panneaux
se
trouvent
gravées,
de
chaque
côté,
huit
couples
de
vers.
D'un
côté,
les
premières
lettres
de
chaque
vers
forment
le
nom
de
Héthoum
roi,
de
l'autre,
celui
de
Constantin.
L'inscription
commence
en
haut,
sur
la
bordure
du
milieu,
sur
le
panneau
droit,
au
dessous
de
la
petite
croix
que
l'on
y
remarque.
Elle
indique
les
noms
de
tous
les
Saints
dont
il
y
avait
des
reliques
dans
le
reliquaire.
Au-dessus
de
cette
deuxième
porte,
en
dehors,
se
trouvent
également
deux
médaillons.
Celui
de
gauche
représente,
S.
Hypéric;
celui
de
droite
qui
ne
porte
aucun
nom,
doit
représenter
assurément
saint
Pierre,
comme
l'indique
la
forme
de
son
front
et
la
clef
qu'il
porte
en
main.
Pourquoi
deux
fois
l'images
de
saint
Pierre?
Il
doit
y
avoir
eu
certainement
une
confusion
de
la
part
de
l'artiste
ou
de
l'un
des
graveurs.
En
effet
ce
médaillon
devait
assurément
faire
pendant
à
celui
de
Saint
Paul,
et
l'autre,
bien
qu'il
porte
l'inscription
«Saint
Pierre»,
représente
un
autre
personnage,
comme
l'indique
sa
mine
et
sa
mise
princière,
et
devait
se
trouver
en
face
de
Hypéric.
Ce
doit
être
saint
Varus,
comme
cela
est
indiqué
dans
une
relation
du
reliquaire.
Un
peu
au-dessous
de
ces
deux
médaillons
qui
ornent
le
frontispice,
on
trouve
d'un
côté
le
nom
de
S.
Serge
et
de
l'autre
celui
de
S.
Baccus.
Enfin
chaque
côté
du
reliquaire
est
orné
de
neuf
images
de
Saints
indiqués
par
leurs
noms.
Sur
l'un
des
côtés
S.
Jacques
S.
Isaïe
(prophète)
S.
Judas
S.
Elie
(prophète)
S.
Thomas
S.
Denis,
le
Théologue
S.
Simoun
S.
Chrysostome
Sur
l'autre
côté
S.
André
S.
Moïse
S.
Philippe
S.
Siméon
S.
Barthélemi
S.
Nicolas
S.
Simon
S.
Ignace
S.
Basile
Voilà
tout
ce
qui
reste
actuellement
de
ce
célèbre
reliquaire,
dépouillé
non
seulement
des
ornements
et
des
pierres
précieuses
dont
l'avait
orné
le
Catholicos,
mais
encore
des
reliques
des
Saints.
Par
les
noms
qui
nous
sont
restés,
nous
pouvons
conclure
que
des
reliques
précieuses
et
rares
n'y
manquaient
pas;
par
exemple,
celles
des
Prophètes.
Non
contents
d'en
avoir
enlevé
tous
les
ornements
précieux,
les
profanateurs
de
ces
reliques
ont
encore
ruiné
quelques
inscriptions;
ils
ont
été
plus
loin
encore,
après
avoir
tout
dispersé,
ils
ont
cloué
les
fermetures
internes
avec
la
pièce
de
bois
qui
forme
le
fond
du
reliquaire
et
sur
laquelle
se
trouvaient,
si
non
toutes,
du
moins
la
plus
grande
partie
des
reliques.
Il
y
a
un
demi-siècle
on
voyait
encore
sur
la
face
interne
une
plaque
d'argent
portant
l'image
de
Jésus
crucifié,
sur
laquelle
étaient
fixées
les
reliques.
La
croix
portait
à
sa
partie
supérieure
l'inscription
ordinaire:
Jésus
de
Nazareth,
Roi
des
Juifs.
(p.
113.
Image
de
Jésus
crucifié
qui
existait
sur
une
plaque
d'argent)
Selon
les
indications
d'un
mémoire,
—
trouvé
dans
les
archives
du
Vatican,
et
dont
on
ignore
la
date
précise,
—
les
reliques
des
Saints
étaient
disposées
tout
autour
et
leurs
noms
souscrits;
mais
à
l'époque
où
fut
rédigé
ce
mémoire,
les
noms
de
plusieurs
se
trouvaient
déjà
en
partie
effacés
ou
détruits.
Du
côté
droit
du
crucifix
on
pouvait
encore
lire
en
haut:
Jean
Thomas
Jacques
Barthélemi
Du
côté
gauche
en
haut
on
ne
voyait
plus
de
lettres,
et
en
bas
on
lisait
ces
noms:
Thomas
Cyriaque
Philippe
Jacquovic
Eustrade
Jacques
l'Intercis
Vartan
Mercure
Artémis
Vahan
Christophore
Andrée
le
Général
Du
côté
gauche
on
ne
voyait
plus
que
trois
noms,
sous
le
bras
du
crucifix.
Grégoire.
Phéphon
(Fébronie?)
Jacques.
Sous
le
piédestal
de
la
croix
était
gravé
le
nom
d'Etienne.
Je
ne
crois
pas
que
ce
soit
le
nom
du
Protomartyr,
je
pense
plutôt
que
c'est
le
nom
de
l'artiste,
car
nous
ne
trouvons,
à
part
cela,
aucune
marque
ni
aucun
témoignage
relatif
à
l'auteur
et
au
lieu
où
fut
construit
ce
reliquaire.
Il
est
probable
qu'il
fut
construit
—
si
non
à
l'étranger
—
dans
le
diocèse
de
Sghévra
ou
à
Sis,
sous
la
surveillance
de
deux
pieux
et
honorables
personnages:
le
Catholicos
Constantin
et
le
roi
Héthoum
II.
L'époque
de
sa
translation
en
Italie,
et
les
événements
qui
l'amenèrent
nous
sont
tout
à
fait
inconnus.
Fut-il
apporté
par
les
religieux
de
Sghévra
eux-mêmes
dans
leur
fuite,
lors
de
l'invasion
et
de
la
conquête
de
Sissouan
par
les
Egyptiens?
Fut-il
envoyé
comme
présent
par
nos
princes
aux
occidentaux?
Fut-il
arraché
des
mains
mêmes
de
ceux
qui
avaient
pillé
le
couvent?
Autant
d'hypothèses
possibles.
Nous
ne
savons
pas
même
en
quel
endroit
il
fut
déposé
premièrement,
si
ce
fut
à
Rome
ou
ailleurs.
C'est
au
commencement
de
notre
siècle,
en
1828,
qu'un
diplomate
arménien,
M.
r
Asdouadzadour
(Dieudonné)
Papazian,
le
trouva
dans
le
couvent
des
Dominicains
de
Bosco,
près
d'Alexandrie,
en
Piémont.
Il
constata
que
ce
couvent
avait
été
bâti
durant
le
Pontificat
de
Pie
V
(1566-72),
et
que
ce
même
pape
leur
avait
envoyé
beaucoup
de
livres,
de
vases
sacrés
et
d'ornements
d'église;
parmi
lesquels
on
peut
supposer
aussi
le
reliquaire
de
Sghévra
[14].
[1]
Ce
sont
les
paroles
de
Samuel
de
Sghévra;
témoignage
rapporté
plusieurs
fois
dans
le
mémoire
des
Commentaires
des
Psaumes
[2]
Son
père
n'est
pas
cité,
mais
nous
le
présumons
d'une
famille
noble.
[3]
Ce
Basile
a
laissé
la
trace
de
son
écriture
avec
ce
petit
mémoire,
à
la
fin
du
livre
des
Scolies
de
S.
Cyrille,
que
nous
avons
cité
en
parlant
des
manuscrits
autographes
de
S.
Nersès
de
Lambroun:
«En
1175
fut
composé
ce
livre
divin
par
Nersès,
souvenez-vous
de
Basile,
après
l'auteur
du
livre».
[4]
Quoiqu'il
ne
nous
soit
parvenu
que
des
débris
de
mémoires
et
non
pas
d'ouvrages
de
ce
jeune
Nersès,
mais
ils
nous
montrent
suffisamment
sa
piété,
ses
pensées
profondes
et
son
noble
amour;
et
comme
nous
avons
présumé
que
son
oncle
s'était
pourvu
du
savoir
auprès
de
Nersès
le
Gracieux,
de
même
j'estime
que
son
neveu
s'est
illuminé
par
les
soins
de
Nersès
de
Lambroun;
ils
ont
ainsi
formé
une
admirable
triade
des
Nersès.
[5]
Nersès
de
Lambroun
aussi
fut
de
cet
avis,
quand
il
écrivit
son
premier
discours
sur
l'Assomption
de
la
Sainte
Vierge.
[6]
Dans
cette
prière
en
plusieurs
endroits
il
change
la
prose
en
vers,
suivant
le
style
de
Nersès
de
Lambroun;
il
se
réduit
ainsi
à
faire
une
composition
forcée
et
affectée;
quelques
idées
mêmes
le
sont
aussi.
[7]
Grégoire
en
cela
fut
devancé
par
son
précepteur
S.
Nersès,
qui
avait
écrit
dans
son
Commentaire
d'Amos:
«Le
Pauvre
Jean,
la
tourterelle
du
désert,
fut
donné
par
Hérode
comme
prix
des
bottines
de
Hérodiate,
pour
sa
danse».
[8]
La
même
année,
son
frère,
l'archevêque
Jean,
écrivant
le
mémoire
d'un
évangile,
dit
pour
la
comtesse:
«La
bienveillante
Cala-Marie,
Comtesse
Japhoun,
offrit
à
moi,
son
frère
cadet,
le
parchemin
de
cette
copie».
[9]
Pendant
que
Georges
s'occupait
dans
son
pèlerinage
à
écrire
en
prose
et
en
vers,
il
apprit
les
désastres
de
sa
patrie,
l'invasion
des
Egyptiens,
le
combat
malheureux
de
Mari,
avec
une
série
d'autres
funestes
événements;
ainsi
il
inséra
le
mémoire
suivant:
«Hélas!
la
douleur
de
mon
cœur
me
contraint
d'interrompre
l'histoire;
car
l'année
passée
(1266),
pendant
que
j'étais
en
train
d'écrire
ce
livre,
le
sultan
d'Egypte
avec
une
grande
armée ...
comme
par
la
colère
de
Dieu,
pénétra
dans
le
territoire
de
la
Cilicie»
etc;
et
il
résume
l'événement
en
quinze
autres
lignes.
[10]
Le
plus
ancien
Hymnaire
de
Khelig
qui
me
soit
connu
est
daté
de
1309.
Il
est
aussi
appelé
dans
une
copie,
Hymnaire
de
Khoul
Baba.
[11]
Parmi
ses
élèves
est
aussi
mentionné
le
Docteur
Mardiros,
en
1303.
[14]
Papazian
avait
déjà
fait
dessiner
et
publier
les
figures.
Quant
au
mémoire
et
aux
autres
inscriptions,
il
les
fit
publier
au
couvent
de
S.
Lazare
en
1828,
le
6
avril.
De
même
il
avait
préparé
en
langue
italienne
la
description
du
reliquaire,
ainsi
que
de
quelques
autres
antiquités
arméniennes;
mais
il
gardait
tout
cela
en
secret,
dans
l'attente
de
trouver
le
moment
favorable
pour
la
publication.
Quand
en
1853,
j'ai
eu
l'occasion
de
le
voir
à
Turin
et
d'obtenir
de
lui
un
exemplaire
de
ces
figures,
tout
en
me
les
donnant
il
me
recommanda
de
ne
point
rendre
publique
la
chose.
Après
sa
mort
tous
ses
écrits
furent
déposés
dans
la
bibliothèque
royale
de
Turin,
et
c'est
ainsi
que
l'existence
du
précieux
reliquaire
tomba
dans
l'oubli.
Il
paraît
que
lorsque
en
Italie
les
couvents
furent
supprimés
et
que
les
religieux
furent
dispersés,
ce
reliquaire
tomba
dans
des
mains
avares
qui
le
dépouillèrent
de
ses
ornements.
Il
est
probable
que
les
reliques
des
Saints
furent
enlevées
par
les
religieux
mêmes,
afin
qu'elles
ne
tombassent
aux
mains
des
profanateurs.
C'est
Basilewsky,
le
riche
amateur
d'antiquités,
qui
l'acheta
à
Paris,
en
1880.
C'est
par
une
heureuse
coïncidence,
que
lorsque
j'avais
à
peine
terminée
la
description
du
couvent
de
Sghévra,
M.
r
A.
Carrière,
bibliothécaire
de
l'Ecole
des
langues
orientales
à
Paris
(et
en
même
temps
successeur
de
Dulaurier
comme
professeur
de
la
langue
arménienne),
me
demanda
des
renseignements
sur
le
couvent
de
Sghévra
et
sur
le
mémoire
de
ce
reliquaire,
dont
il
m'annonçait
la
découverte,
et
en
même
temps
il
me
donnait
avis
qu'il
allait
publier
une
notice,
en
y
ajoutant
une
traduction
française
du
mémoire
de
Constantin.
L'intention
de
M.
r
A.
Carrière
était
d'envoyer
tout
ceci,
et
encore
d'autres
de
ses
écrits,
au
Congrès
des
antiquaires
qui
allait
se
réunir,
dans
la
même
année,
(1883),
dans
la
ville
de
Leyde,
en
Hollande.
Nous
étant
donné
mutuellement
des
informations
sur
ce
sujet,
M.
r
Carrière
publia
son
ouvrage
sous
le
titre:
—
«Inscriptions
d'un
reliquaire
arménien,
de
la
collection
Basilewski,
publiées
et
traduites
par
A.
Carrière.
»
Il
fut
inséré
dans
le
livre
intilulé
—
«Mélanges
Orientaux»,
—
que
les
professeurs
de
l'Ecole
des
langues
publièrent
(p.
169-213)
et
présentèrent
au
Congrès
de
Leyde.
En
même
temps
le
savant
directeur
de
la
bibliothèque
de
Turin,
Vincenzo
Promis,
rédigea
toutes
les
notices
préparées
par
notre
Dieudonné
Papazian,
et
les
publia,
avec
les
figures
du
reliquaire,
dans
l'ordre
des
mémoires
de
l'Académie
royale
de
Turin,
sous
le
titre,
«Reliquario
armeno
già
esistente
nel
Convento
del
Bosco
presso
Alessandria
in
Piemonte.
Brevi
cenni
di
Vincenzo
Promis,
1883.
»
Enfin
le
tour
est
à
nous
de
publier
nos
recherches
avec
les
figures
des
portes
du
reliquaire,
que
les
susdits
professeurs
firent
photographier,
et
dont
l'éditeur
Ernest
Leroux
a
eu
l'obligeance
de
nous
donner
autant
d'exemplaires
que
nous
en
avons
désiré.
La
figure,
comme
on
peut
le
présumer
en
considérant
les
mesures
exposées
plus
haut,
est
reduite
à
un
tiers
de
sa
grandeur
naturelle;
les
deux
figures,
celles
de
Vartan
et
de
Héthoum,
sont
dans
leur
grandeur
réelle,
d'où
on
pourrait
s'imaginer
la
grandeur
du
reliquaire.
Quant
à
la
figure
du
crucifix,
que
nous
avons
tirée
des
dessins
de
Papazian,
elle
est
plus
petite
que
les
reproductions
photographiques.