Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  A quatre kilomètres à l'est d'Anémour, au sommet d'une colline on a trouvé les ruines d'une ville; Beaufort la croit la ville de Nagidus [1], ( Να ̀ γιδος ), construite par les Samiens et mentionnée par Strabon. Une petite île portait son nom Nagidusa, et paraît être l'écueil qui se dresse à 200 pieds du rivage, près d'Anémour. Strabon place Nagidus en face de Lapath, ville de Chypre [2]. Il paraît qu'avant l'expédition d'Alexandre, la ville de Nagidus était une des plus célèbres parmi les villes de la Cilicie maritime; on le présume d'après les monnaies que les satrapes persans (p. 382- Monnaie du gouverneur persan de Nagidus) y avaient fait frapper, comme nous le montre la monnaie d'argent ici reproduite, tandis que l'autre monnaie nous la représente comme une ville libre ou autonome. (p. 382- Monnaie de Nagidus)

Strabon indique entre Anémour et Célendris deux villes: Arsinoé avec un petit port et Mélanie, ( Μελανια ). Quelques-uns confondent cette dernière avec Kezel-liman; on la place encore plus au delà, à 25 milles à l'est d'Anémour; elle s'appelait aussi Méléné ( Μέλαιναι ), et elle avait un port pour les petits bateaux. (p. 383- Mélanie, ( 1 / 14 ou 15, 000)

On voit deux cours d'eau dans cet espace, l'un très petit, l'autre plus à l'est, assez profond, du nom de Softa-tchay ou Sigui-tchay, ou encore Sartchou-tchay; c'est peut-être le fleuve d'Anémour que les anciens avaient nommé Arimagdus. Dans la région supérieure du vallon formé par le fleuve, on trouve les villages de Tchaklar ou Saklar?, de Hadji-Bayandour-yaïlassi, de Gulépak ou Gulévik, et de Kara-zilli; en bas, le village Bidli, le grand et le petit Softa, et au milieu d'eux, sur la rive gauche du fleuve, à l'est, sur le sommet d'une colline, le château ruiné de Softa-kalessi, demi-gothique, avec des portes ogivales et cinq tours. Peut-être c'est la forteresse de Sig, ( Σύχη, Syce ou Sycœ), dont on cite un évêque au VIII e siècle. Au moyen âge les Italiens lui donnaient le non de Sequino, Sequin ou Sig. Durant le règne de Léon, ce château avait pour gouverneur Kir-Sag (Isaac), le même qui fut fait prisonnier par le sultan d'Iconium au siége de Gaban. Ce lieu resta sous la domination des Arméniens, jusqu'en 1332, comme nous le savons par la lettre du Pape Jean XXII. Avant 1261, le roi Héthoum I er l'avait repris au sultan: en 1265, son frère, le Connétable Sempad, se rendit maître de Sig et d'autres châteaux aux alentours. Il me semble que Sig est le même château que celui de Nessekim, dont il est question dans la vie de Henri II, roi d'Angleterre. Philippe-Auguste y passa aussi en allant de Séleucie à Attalie; car après Sig, est indiquée la station de Staméné, qui est Anémour.

Sig joua un rôle important même cent ans après l'extinction du royaume des Arméniens, pendant la guerre des Karamans et des Vénitiens leurs alliés, contre les Turcs. Durant le siège de Corycus, les Vénitiens assiégèrent aussi Anémour, et s'approchant du côté de la mer avec une flotte de 60 galères, débarquèrent 440 cavaliers avec leurs pages; ils trouvèrent le château bien fortifié, sur le sommet du roc, mais la garnison y était peu nombreuse, elle s'élevait à peine à 25 hommes. Le Karaman avait confié le commandement de ses troupes à un certain Theminga?. Le commandant de la forteresse, nommé. Moustapha, était aussi natif karaman: il voulut se rendre. Josaphat-Barbaro, célèbre ambassadeur et écrivain, qui nous a laissé une relation de ses voyages, se présenta à la porte du château, au-dessus de laquelle était pratiquée une fenêtre carrée; et quand il promit aux assiégés de les laisser partir libres avec leurs meubles et leurs biens, on lui ouvrit la porte. Cent cinquante personnes sortirent du château avec tous leurs bagages; mais les marins indisciplinés et désobéissants, les dépouillèrent tous et les firent même prisonniers. Pourtant les commandants ordonnèrent la restitution des biens à leurs propriétaires, et les prenant dans leurs bateaux ils les conduisirent ils voulurent. Quant à Moustapha, ses deux frères le prièrent de descendre à terre; ce que ce dernier ayant fait, ils le tuèrent, pour se venger de ce qu'il s'était emparé de tous les biens de leur père, dont la fortune était très grande.

Peut-être est-ce encore Sig que décrit le voyageur Collignon, lorsqu'il dit: «A quelques heures d'Anémour, nous laissons sur la droite les belles ruines d'un château turc, de l'époque Seldjoukide: à l'intérieur, c'est une véritable petite ville; rien n'y manque, ni la mosquée, ni le konak, ni le harem et ses vastes dépendances. Les murs épais et crénelés, les portes disposées obliquement, pour éviter toute surprise et mettre l'assaillant à découvert, montrent un savant appareil de défense».

Un peu plus loin, à l'est, s'élève une petite presqu'île qui contient plusieurs ruines de monuments anciens, c'est probablement Mélanie, citée par Strabon; Beaufort n'osa y entreprendre des fouilles, ni même l'examiner, craignant d'exciter l'inimitié des habitants du village voisin. A quelques milles au sud-est de ce lieu, un beau promontoire s'avance dans la mer avec une pente à pic, formée par un rocher calcaire à couches superposées, appelé Kezel-liman, selon d'autres Kez-liman ; dans les temps anciens il s'appelait Posidion, Ποςείδιον. De jusqu'à Céléndéris, la mer est bordée de falaises hautes et escarpées, coupées de vallons étroits qui ne sont pourvus que de quelques cabanes.


[1] Beaufort écrit par méprise Agidus. La ressemblance des noms Nagidus et Magidus, aurait pu faire croire qu'il s'agissait  d'une seule et même ville; d'autant plus que les géographes ne les citent jamais ensemble; les uns citent la première et d'autres la seconde. Cependant les deux lettres différentes, M et N, empreintes clairement sur les monnaies, et la différence des positions, (l'une étant citée près d'Anémour, et l'autre plus loin vers l'ouest, près de Sidé et d'Attalie), me donnent la conviction qu'il y avait deux villes, distinctes l'une de l'autre.

[2] Λα ̉́ παθος .. χαθ ' η ̉ Νάγιδος. Strabo, XIV. VI.