Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Le fleuve Sarus avec ses deux affluents le Sihoun et le Tchaket, parcourt d'abord quelques lieues du nord au sud, puis il tourne vers le sud-ouest. Il garde cette direction sur une longueur de trente kilomètres, et va se jeter dans la mer, après avoir arrosé la vaste et fertile plaine de la Cilicie. Le terrain que ce fleuve traverse, surpasserait les autres en fertilité, si le climat y était plus tempéré. Durant l'été il y fait une chaleur excessive et insupportable; la contrée est entièrement dépourvue de ces riches ombrages du Taurus; aussi dès le retour de la belle saison les habitants de la ville se hâtent à gagner leurs maisons sur les montagnes, et y restent la plus grande partie de l'année. Dans la plaine les caravanes campent durant la journée et se remettent en marche à la nuit tombante. Un séjour d'été ou pâturage du nom d' Ala-chekhan-yaïla, est cité dans un écrit en 1674. Au moyen âge ce pays, devait être bien cultivé, orné d'élégants édifices et peuplé de nombreux habitants. De nos jours on n'y rencontre que des Turcomans et des Afchars, qui errent ça et avec leurs troupeaux.

A défaut de pins et d'arbres fruitiers, on trouve en grande abondance dans la plaine d'Adana, la Ceratonia siliqua, l' Acacia, le Capparis spinosa, deux sortes de Robinia, des plantes grasses et plusieurs espèces de fleurs, et le Coton qui en est le principal produit. On y voit encore des palmiers et des cannes à sucre. Parmi les animaux, les plus appréciés sont le chevreuil, et la cigogne grande et petite.

La position centrale d' adana, en a fait la capitale actuelle de la Cilicie, et son nom a passé à ce grand département du gouvernement turc اَدَناَ. elle doit comprendre sous son autorité plusieurs villages et bourgades; sur les cartes nous voyons indiqués une cinquantaine de villages des deux côtés du Sarus, mais nous ne savons rien de particulier sur ces localités. Grâce à sa position, cette ville autrefois la plus petite et la dernière parmi les autres, tient de nos jours la première place dans toute la Cilicie. Elle est sous le 37° de latitude et sous le même méridien que Messis, presqu'à quinze milles à l'ouest de cette dernière, à 20 à l'est de Tarse, à 25 de la mer, à 30 de la Porte de la Cilicie et d'Anazarbe, enfin presque à 40 de Sis, en allant en ligne droite. Adana est sur la rive droite du fleuve, l'endroit le Sarus quittant sa marche vers le sud, tourne au sud-ouest.

Le nom d' Adana n'est pas cité dans les auteurs anciens; il est mentionné pour la première fois un demi-siècle avant l'ère chrétienne, à propos de la guerre de Mithridate. Suivant l'opinion de quelques-uns, elle aurait reçu son nom d' Adanus, fils du ciel et de la terre, ou d' Adam, le père de l'humanité. D'autres croient le mot Adan dérivé du phénicien; dans cette langue ce mot signifie saule, car ces arbres croissaient abondamment sur les bords du Sarus. D'autres prétendent qu'Adana et Sarus étaient deux généraux, qui ont donné leurs noms à la ville et au fleuve. Selon d'autres, cette ville s'appelait d'abord Chiranus, χίρανος. On lui a attribué encore le nom de Antiochia ad Sarum, ΑΝΤΙΟΚΕΩΝ ΤΩΝ ΠΡΟΣ ΤΟΙ ΣΑΠΟΙ, en l'honneur des Séleucides, princes d'Antioche, deux siècles avant Jésus-Christ.

Les habitants d'Adana furent appelés (comme on le voit dans les monnaies) les Adaniens de Maximinien, ΜΑΞΙΜΙΑΝΩΝ ' ΑΔΑΝΕ ' ΩΝ. Les anciennes monnaies de la ville durant son automie, portent la figure de Jupiter Victorieux, comme on peut le voir dans cette monnaie de bronze. (p. 297- Ancienne monnaie d'Adana) Pompée fit transporter à Adana les pirates de mer qu'il avait capturés et les obligea à se dédier à l'agriculture; plus tard la ville fut classée au nombre des cités romaines de second rang. Les incursions des Isauriens entravèrent son développement: privée de murailles, à l'encontre des autres villes bâties près des montagnes, elle fut très souvent en butte aux attaques des ennemis, et durant la seconde moitié du IV e siècle, dévastée au point d'être appelée bourgade dans une inscription grecque contemporaine, Κώμη Αδανε ̀ ων [1] . Lorsque les incursions eurent cessé, au VI e siècle, l'empereur Justinien embellit la ville, et y construisit un pont solide, en détournant temporairement le cours du fleuve; on n'aperçoit plus maintenant que quelques débris des fondements de ce pont.

Adana éprouva, comme les autres villes de la Cilicie, le contre-coup des guerres et des oppressions des Byzantins et des Arabes; ces derniers, dit-on, trouvèrent la ville presque déserte. Haroun-el-Rachid et son fils la restaurèrent entièrement, construisirent des châteaux, formèrent des tranchées, et élevèrent des murailles munies de huit portes. Selon le géographe Istahri, vers le milieu du X e siècle, Adana était dans un état très prospère, bien que de la moitié plus petite que Mopsueste. De même deux siècles plus tard, au début du règne de Thoros, selon Edrisi, les arts, l'industrie et le commerce florissaient dans cette ville, fréquentée par une multitude d'étrangers. (p. 297- Adana, nouvelle capitale de la Cilicie)

Quelques années avant l'arrivée des Croisés, (1071-2), l'empereur romain Diogène qui avait échappé au carnage horrible de Manazguèrde et à la captivité, s'était enfui à Adana. Ayant apprit que Michel, fils de Ducas s'était emparé de la couronne, et que les partisans de ce prince arrivaient pour se saisir de lui et le mettre à mort, il revêtit le costume de moine, et s'étant rendu auprès de leur général, frère de Ducas, il lui dit: «Que je ne vous inspire plus aucune inquiétude: je vais aller m'enfermer dans un couvent de religieux. Que Michel règne sur vous, et que Dieu soit avec lui! [2] » Mais Diogène ne fut pas écouté; on lui arracha les yeux et il mourut des suites de cet horrible supplice.

Durant la première croisade, en 1097, Guelf de Bourgogne arracha Adana des mains des Turcs; il y trouva une grande quantité d'or, d'argent et de vivres; il la céda peu après aux Grecs, mais Tancrède s'en étant rendu maître, l'attacha à sa principauté d'Antioche.

Les historiens des Croisés rapportent, que Adana était une ville forte et munie de tours, populeuse, riche en or et en argent et en toutes sortes de biens [3] . L'un d'eux attribue la seigneurie de la ville à Ochine, qui était probablement le seigneur de Lambroun: il place sur les lèvres de ce prince des discours emphatiques, comme si, retiré dans les montagnes, il eût réussi par son adresse et son courage à s'emparer seul de la ville, et après avoir massacré les mahométans, il eût fait cesser les Allah-ékber, (prières des musulmans), et célébrer la victoire du Christ. Après ce fade discours Tancrède prononce ces paroles: «Gloire soit rendue au Seigneur»: il se sent inspiré, il prend courage, et après avoir fait la conquête d'Adana, il s'empresse d'aller soumettre la ville de Mamestie.

Léon, le Baron, arracha des mains des faibles successeurs de Tancrède la ville d'Adana, et plusieurs autres lieux; mais il les reperdit tous ensemble lors de sa captivité. Son fils Thoros II, et son petit-fils, Roupin II, reprirent tour à tour Adana; mais avant ce dernier il y avait toujours de l'inimitié entre les deux familles, entre les Héthoumiens et les Roupiniens; les Turcs excités et encouragés par Ochine, père de Saint Nersès de Lambroun, dévastèrent les environs et réussirent à enlever d'Adana 500 filles vierges [4] .

Sous le règne de la dynastie des Léoniens, comme aussi dans les temps anciens, la ville d'Adana semble avoir été classée parmi les villes secondaires; et ce qui nous le fait supposer, c'est qu'on ne trouve mentionné l'évêque d'Adana ni dans la liste des autres évêques, (pas même à l'occasion du couronnement de Léon), ni dans le cours du XIII e siècle. Mais comme il paraît impossible qu'une telle ville ait été dépourvue de siège épiscopal [5] , je pense que son évêque résidait dans l'un de ces monastères indiqués sur la liste des quatorze évêques pendant le règne de Léon, mais dont les positions exactes sont inconnues; nous ne les avons indiquées qu'approximativement; ce sont Engouzoud, les Philippiens, les Sanvelantz, etc.


[1] On a découvert à Trêves en France, une pierre sépulcrale avec cette inscription: «' Ευσεβια ... απο Κώμης ' Αδδανων ». Les parents de cette jeune Eusébie, morte à quinze ans, avaient peut-être échappé à l'une des incursions et s'étaient réfugiés en France, en 407.

[2] Mathieu d'Edesse, en 520 de l'ère arménienne.

[3] Urbs munita turribus, populis capax, armis referta. Raoul de Caen. Auro et argento, gregibus et armentis, frumentis, vino et oleo et omni commoditate abundantem. Gulielmus Tyrensis.

[4] Notre historien de la Cilicie.

[5] Sous les Grecs, Adana était un évêché dépendant de l'archevêché de Tarsus, dépendant lui-même du patriarcat d'Antioche.