Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  La rivière la plus proche à l'est de Sélinte, est un affluent du fleuve Délidjé. Sur les bords de cette rivière on rencontre Guné, village de 25 ou 30 maisons, entouré d'orangers et de citronniers: des ruines d'édifices anciens y forment des amas considérables. C'est probablement la ville d' Antioche sur le Crague, ' Αντιοχε ̀ ια ε ̀ πι ̀ Κράγψ, Antiochia ad Cragum. Les anciens rapportent qu'elle était située entre Sélinte et Karadre, sur un rocher appelé Κράγος, haut de 300 pieds. Au milieu de ces ruines on voit des colonnes massives de marbre rouge, hautes de 12 pieds, et un rocher carré, dont le sommet est fortifié et surplombe la mer; des escaliers taillés dans le roc conduisent à la porte du château. Sur un autre rocher on voit une cavité profonde et un aqueduc, qui devait servir au ravitaillement des bateaux. (p. 377- Monnaie de Cragus )

Jusqu'au commencement du règne de Léon, cette ville resta aux mains des Grecs: les Italiens d'alors lui donnèrent le nom d' Antiochetta: lorsque Léon s'en empara, elle avait pour seigneur Kir-Sag (Sir Isaac), d'origine grecque, dont dépendaient encore Malva et Sig. Un certain Kanaki, pirate grec, vint lui demander un bateau armé, avec lequel il se rendit à Chypre. La reine des Lusignans et ses fils, se trouvaient sur les bords de la mer pour y passer la saison des bains; il s'en empara et les conduisit à cette Antioche. A peine Léon eut-il connaissance de cet événement, qu'il obligea, même par des menaces de mort, le prince Kir-Sag à rendre la liberté le plus tôt possible aux illustres captifs et à les conduire à Corycus, il s'empressa d'aller lui-même; de il invita le roi Amaury à venir y chercher la reine.

Corycus resta sous la domination des Arméniens jusqu'à la moitié du XIV e siècle. Sanudo étend les frontières du territoire des Arméniens de cette ville d'Antiochette jusqu'aux monts Amanus [1] .

Les géographes anciens citent près de Crague la ville d'Anticrac; quelques-uns la disent dans la Cilicie, d'autres en Lycie. Vu la ressemblance des noms, je cite ici la C ragga ou Cracca arménienne; des mémoires récemment découverts, nous indiquent que cette Cragga se trouvait vers les régions montagneuses de l'intérieure de la Cilicie. Il y a même deux Cracca; la seconde porte le nom de Cragga inférieure ou Crac, près de la rivière Paradis. La première s'appelle bourg ou ville; elle fut dévastée en 1254 par Islam-beg, turcoman de la tribu des Afchars, qui l'incendia et emporta grand nombre de captifs. Peu de jours après il mourut, et ce pays montagneux recouvra sa tranquillité. Quelques années après, en 1258, un autre turcoman, nommé Saroum, rassembla quelques aventuriers et attaqua Cracca à l'improviste et fit aussi plusieurs prisonniers.

En 1328, un écrivain donne d'importantes informations relativement à ce lieu et à ses alentours; il dit: «A Cracca, on exploite différentes espèces de pierres et de métaux, et on en fait des pots et des vases». Ces paroles indiquent que Cracca ne devait pas être éloignée des mines ou des carrières; une exploration de ces lieux serait donc intérressante, tant par rapport au minerai qu'à l'industrie des habitants.

Vers la même époque, (1334), un certain prêtre Jean, fils de Siroun et de Ghira, fit copier une Bible par un autre prêtre, dans le bourg de Cracca, dans l'église de Saint Grégoire. On cite encore l'église de S. Siméon, fut écrit un autre livre. L'année suivante (1335) un certain Nersès du clergé de Cracca, écrivant à Jérusalem une histoire des Saints, mentionne souvent sa patrie et les événements de la Cilicie, avec des paroles touchantes; mais il n'est pas flatteur pour les habitants de Cracca [2] . Sous le règne de Gui, on cite Jean, évêque de Cracca, qui fut envoyé en ambassade à Rome, pour des questions religieuses (1343).

Les Turcomans ayant soumis à leur autorité la vallée du Calycadnus et les régions d'alentour, s'efforçaient de se rendre maîtres aussi des châteaux d'Antiochette et de Sig qui restaient ainsi isolés; ils proposaient même à Léon de les acheter, mais le roi ne voulait ni les vendre aux Turcomans ni les détruire de fond en comble, comme le lui conseillaient ses princes; il désirait les vendre ou plutôt les accorder en fief aux chevaliers de Jérusalem: à cet effet il écrivit au pape Jean XXII, le priant de se faire intermédiaire pour l'arrangement de cette affaire. Le pape écrivit aux Chevaliers (2 août 1332), les exhortant d'acheter ces châteaux et de les garder [3] : mais j'ignore le résultat de ces démarches.


[1] Voici le texte en ancien italien: «Più oltra dal lado inverso tramontana dai confini de la terra del bon Re de Armenia, da una so terra la quale se chiama Anthyogeia, andando per la riviera de la Turchia, antigamente fo Grecia, rivolgendo fra in Aman, etc. ». Sanudo. (IV. 4).

[2] Il écrit naïvement: «O vous, mes frères; si vous y  trouvez quelque faute, veuillez la corriger avec bienveillance et sans aucun blâme, car mon cerveau est de Cracca. Un docteur chargea son disciple d'aller acheter une tête; ce dernier s'en alla et en acheta; mais il en mangea l'oreille, la langue et la cervelle, et il apporta le crâne, et le lui présenta. Le Docteur lui demanda; est l'oreille?- Le disciple lui répondit: Il n'en avait point, car il était sourd. - est la langue? - Il n'avait point de langue, on la lui avait coupée. - est la cervelle? - Il n'a vait point de cervelle, parce qu'il pâturait à Cracca».

[3] Lettre de Jean XXII, 1332, 2 Août. Johannés Episcopus, etc. Dilectis filiis... Magistro et fratribus Hospitalis Sancti Johannis Jerusalemitani, salutem... Nuper siquidem carissimi in Christo filii nostri Leonis Regis Arménie Illustris ad nostri Apostolatus auditum informatio devota perduxit, quod ipse duo Castra situata in marchia paganorum Turchorum, quorum unum Siquinum prope mare ad miliare, et aliud Anthioceta in rupe supra mare posita nuncupantur, obtinet, qui progenitores sui et idem Rex usque ad hec tempora servaverunt: sed cum propter destructionem terre illius, ex cuius redditibus castra eadem servabantur, nequeant Castra ipsa ulterius conservari; sintque pagani aliqui de Turchia, qui castra prefata empturos se offerunt, pro certa pecunie quantitate: quorum verbis consentire super hec ipsius Regis conscientia contradicit, et aliqui de consilio Regis predicti suadeant, quod dicta Castra funditus diruantur; idemque Rex paratus existat Vobis libere donare in perpetuum dicta Castra cum iuribus et pertinentiis eorumdem, ut recipiatis donationem Castrorum predictorum, illaque custodiatis et ut vestra propria inhabitetis, et defendatis, ne ad manus dictorum perveniant paganorum, idem Rex humiliter supplicavit, ut Vobis super hijs scripta nostra dirigere, seu circa ea ordinare aliud vel dicto Regi deliberare consulere, quid agere debeat in premissis, iuxta Sedis apostolice providentiam dignaremur... Nos devotum et sincerum predicti Regis in hac parte zelum digne ratum et gratum habentes, et cupientes pro tranquillo et securo statu Christianorum illarum partium eum sortiri effectum prosperum et votivum, quodque ad hoc per vos juxta vestre facultatis suppetentiam sese ad id extenderit, salubris et utilis executionis opera impendatur, discretionem vestram attente requirimus, monemus et hortamur in domino Jhesu Christo vobis nichilominus iniungentes, quatenus si vobis visum fuerit, quod Castra possitis defendere supradicta, huiusmodi eorum donationem cum omnibus juribus et pertinentiis ipsorum liberam et perpetuam pro vobis et successoribus ac Hospitali vestris recipiatis a Rege predicto, ipsaque donatione recepta, et observatis super hoc illis juris solemnitatibus et cautelis, quas natura et conditio contractus dicte donationis hinc et inde fore observandum requireret, iamdicta Castra custodiatis, et ut vestra propria inhabitetis ac defendetis, ne ad manus eorumdem perveniant paganorum...

Datum Avinione IIII. Nonas Augusti, Pontificatus nostri Anno sextodecimo. Epist. Johan. XXII.