Sisouan ou lArméno-Cilicie

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Բաժին

Թեմա

  Tous les voyageurs qui ont visité Adana, admirent son pont grandiose, qui a été restauré plusieurs fois; de nos jours il compte 18 arches, au milieu desquelles il y a un kiosque élégant, soutenu par quatre colonnes. L'érection du pont paraît être plus ancienne que les constructions de l'empereur Justinien; car l'explorateur allemand Otter y trouva une inscription grecque, d'un certain C. Julius Léonidas, athénien, soldat de la XVI e légion de Flavius Firmus, en train de faire des sacrifices aux dieux et à ses parents. On pourrait cependant admettre que cette pierre y eût été apportée d'ailleurs.

Γ. ΙΟΥΛΙΟ C ΛΕΩΝΙ  

ΔΗ C ΑΘΗΝΑΟ C  

ΤΙΩΤΗΣ ΛΕΓΕΩΝΟ C

Ις ΦΛ. ΦΙΡΜΗΣ ΘΕΟΙ C ΚΑΙ

ΤΑΧΘΟΝΙΟΙ C ΚΑΙ ΤΟΙ C ΓΟΝΕΥ C ΙΝ.

On ne voit plus de traces du grand aqueduc, mais son souvenir est gravé en vers grecs sur une pierre carrée, qui nous a été conservée jusqu'à présent, car elle a été transportée et enchâssée sur l'autel de l'église des Grecs. Le poète célèbre l'habileté de l'architecte, un certain Auxence. Près du pont se voit le café appelé Adjem-kahvé.

On ne trouve dans cette ville que de rares inscriptions; elles devaient pourtant être assez nombreuses aux premiers siècles, et même au commencement du XVIII e, mais elles ont disparu, soit par la démolition des édifices, soit par le transport des pierres en d'autres lieux. Sur le mur d'une manufacture de coton est enchâssée une pierre, piédestal de la statue de Minerve de Macarse? avec une inscription grecque; elle a été transportée ici de Mallus.

En 1836, pendant que des Arméniens creusaient sous les murailles de la ville, ils découvrirent des débris de casques, de croix en bronze et autres objets, dont l'origine nous est inconnue.

Quoiqu'elle ait perdu son antique splendeur, et qu'il y fasse une chaleur excessive, ce qui en rend le séjour peu agréable, Adana est aujourd'hui reconnue pour la capitale de la Cilicie, et elle est encore la plus populeuse des villes du pays. Quelques-uns lui attribuent 10, 000 maisons et 60, 000 habitants; d'autres diminuent ce nombre de moitié. Quelques-uns comptaient à Adana 2, 000 maisons arméniennes, d'autres davantage. Davis, en 1875, y comptait 1, 700 maisons arméniennes, non compris celles des Arméniens catholiques et Arméniens protestants. Les premiers ont deux églises et à côté d'elles leurs gymnases, et de plus deux autres écoles. Les protestants comptent 120 maisons; les Grecs forment une communauté de 250 familles; ils ont une église et une école; de même les Syriens catholiques ont une église et une école. Les catholiques Arméniens, dont le nombre monte à 170 familles, ont entrepris la construction d'une grande église, encouragés par leur énergique évêque, Paul Terzian. Les Mahométans ont dix mosquées, dont la principale est celle d' Oulou-djami, construite par les Ramazans, elle est sans coupole, formée d'un double portique: la porte et le minaret octogone sont bâtis en blocs de marbre alternativement blancs et noirs. Les maisons d'Adana sont presque toutes en briques, et plusieurs de deux étages: les rues sont assez larges. La ville dans son ensemble n'est pas plus élégante que Tarse, mais elle est plus avancée et plus prospère. De même la végétation y est assez riche, quoiqu'elle ne soit pas très variée; on y voit de beaux palmiers, des cannes à sucre et de grands pistachiers. Le fleuve est très poissonneux, la pêche facile: de petits bateaux de Séleucie et de Chypre y peuvent naviguer.

Le commerce est plutôt concentré dans les mains des Grecs; les Arméniens d'Adana sont des regrattiers et des agriculteurs. Parmi les matières exportées, citons d'abord le blé, dont on exporte plus de 30, 000, 000 de litres par année, quelquefois même le double et plus encore; l'exportation se fait pour l'Angleterre; puis la laine, le coton et l'huile de sésame; le coton est envoyé à Smyrne et en Espagne; la laine et le sésame à Marseille.

La ville a fait de grands progrès depuis l'établissement d'un chemin-de-fer, qui passe de Mersine, à Tarse et à Adana avec un parcourt de 68 kilomètres.

En face du fleuve à l'est d'Adana s'étend une vaste forêt, se voient les débris d'édifices anciens. C'est un repaire pour les animaux sauvages, surtout pour les sangliers, et un pâturage pour les troupeaux des Turcomans.

Sur les frontières d'Adana, à une heure au sud-ouest, se trouve le village arménien de Ghiavour-keuy, il compte plus de 40 maisons. On cite encore un autre village arménien du nom de Koz-olouk ou Kozalak dont la position m'est inconnue; il ne doit avoir du reste qu'une quinzaine de maisons, bien qu'un voyageur lui en attribue plus de soixante.

Sur les cartes géographiques on trouve indiqués plus de soixante villages, presque tous au sud de la ville, sur les deux rives du Sarus, jusqu'au bord de la mer. Comme je ne sais rien de particulier sur leur compte et que même leurs noms sont incertains, il est inutile de les citer ici; je fais exception pour le château et le village de Kara-hadjiler, à l'extrémité orientale d'une séries de collines; il mérite un examen; de même que vers le rivage de la mer, Sibil, dont le nom rappelle les reines de Sissouan, Sibil ou Zabel.

Dans les chroniques des Byzantins on trouve la mention d'une petite ville nommée Géron, que Basile I er enleva aux Arabes en 875, et laissa piller à ses soldats, en récompense de leur valeur; car la ville était grande et fortifiée, et ils durent l'assiéger par deux fois, l'empereur ayant abandonner le siège à cause de l'hiver.

Un mémoire arménien mentionne à propos de la plaine d'Adana, un des faits les plus intéressants parmi les derniers événemens de notre histoire nationale: fait sur lequel il serait bon de trouver plus de détails, soit dans les mémoires soit dans les historiens. Selon cette chronique, Héthoum, le généralissime d'alors, «tua Eumer, le brave général des Egyptiens, dans la plaine d'Adana, sous le roi Constantin, et remporta une grande victoire».

Cette plaine est aussi connue dans nos annales par la victoire du courageux bailli Constantin, qui avec 300 soldats, battit les princes arméniens révoltés, qui marchaient sur la capitale avec 5, 000 hommes armés. Après avoir encouragé les siens, «Constantin s'avança jusqu'au petit pont; il attaqua l'ennemi et l'ayant mis en fuite, il le poursuivit jusqu'à Tarse; ses soldats se contentèrent de la dépouille des rebelles: ils leur prirent leurs chevaux, leurs armes et même leurs vêtements, et les renvoyèrent dénués de tout».

Je crois que c'est dans cette région que se trouve le champ de la grande bataille d' Aghatchaïr, entre Adana et Tarse, se rencontrèrent le 16 août 1488, les Ottomans et les Egyptiens; le général des premiers était Ali-pacha, gouverneur de Rouméli, qui avait sous ses ordres Khalil-pacha, Sinan-beglerbeg, gouverneur d'Anatolie, et Yacoub-beglerbeg, gouverneur de Karaman. De leur côté les Egyptiens avaient pour généralissime Uzbek, accompagné des émirs de Damas et d'Alep. La bataille fut livrée, de part et d'autre, avec acharnement, les Egyptiens restèrent vainqueurs; Uzbek s'empara d'Adana, mais à son retour par le défilé de Baghras, son armée trouva la route barrée par les soldats de l'amiral ottoman; celui-ci avait fait débarquer sa troupe et avait occupé le défilé par les Egyptiens devaient passer. Ces derniers furent réduits à s'ouvrir un passage, en abandonnant tout leur butin.

Nous trouvons des traces d'Arméniens d'Adana dans les pays étrangers, vers la fin du XVI e siècle. Quelques commerçants de Sis avec les Adaniens, Dominique et Etienne, fils de Basile, passaient avec un bateau crétois en Italie; un bateau de guerre de Messine captura le bateau des Grecs, vers les côtes de la Dalmatie (au mois de novembre, en 1583). On les prit pour des Turcs et on les fit esclaves. Dominique aussi fut mis dans ce nombre et on le torturait pour obtenir sa confession de turc; longtemps il résista à toute épreuve, persistant à confesser sa foi de chrétien; mais enfin se voyant à l'extrémité il fit comme on voulait et se dit turc. Lorsqu'il parvint à Venise, deux fois (le 5 et le 17 mars 1584) il fit sa profession de foi chrétienne et déclara devant les notaires, sous le témoignage des Arméniens et des Grecs qui se trouvaient avec lui dans le bateau, que sa prétendue abjuration lui avait été arrachée par la violence. Son nom se trouve encore indiqué dans les archives de Venise en 1587. Etienne son compagnon de commerce s'était rendu à Rome quelques années auparavant et avait choisi ce même Dominique pour son exécuteur testamentaire. De même à peu près à la même époque (le 22 mars 1585), un certain Mardiros, fils de Garabied d'Ourfa, ayant fait son testament, en avait nommé exécuteur ce Dominique. Ce testament se conservait clos depuis près de 300 ans, dans les archives des Notaires de Venise; sur notre demande le gouvernement italien accorda l'autorisation de l'ouvrir (le 27 août 1877).