Les
produits
les
plus
connus
de
la
Cilicie
consistent
surtout
en
minerais;
quelques
mines
et
certains
terrains
en
sont
assez
renommés
et
d'une
grande
utilité.
Notre
savant
docteur
Thomas,
écrivain
du
XIV
e
siècle,
rappelle
dans
sa
courte
énumération
des
produits
naturels
de
la
Cilicie,
le
vitriol,
le
soufre,
les
eaux
thermales,
le
nitre,
la
poix
noire
ou
blanche,
le
sel
et
la
terre
à
cristal
(
Ապակեհող
).
Je
crois
que
le
sel
dont
il
parle
était
du
sel
minéral
comme
le
sel
de
Coghbe,
dans
la
Grande
Arménie.
Aujourd'hui
on
ne
connaît
plus
de
salines
dans
la
Cilicie;
mais
un
édit
de
concession
de
notre
roi
Léon
IV
aux
Vénitiens,
datant
de
l'année
1333,
nous
en
montre
l'abondance
à
cette
époque.
Le
roi
par
cet
écrit
les
exempte
de
l'obligation
d'acheter
du
sel
et
du
froment:
«Concedimus....
quod
per
officiales
nostros,
Veneti
non
cogantur
ad
recipiendum
frumentum
vel
sal.
»
Cartulaire,
pag.
194.
La
terre
à
cristal
se
trouvait
dans
les
environs
de
Sis.
Nos
livres
de
médecine
disent
que
«la
meilleure
qualité
se
trouve
à
Sis,
»
et
ailleurs
encore
«à
Sis
on
trouve
du
sable,
on
le
fond
dans
le
même
endroit
et
en
beaucoup
d'autres».
Je
ne
sais
si
ces
matières
sont
exploitées
de
nos
jours
autant
que
le
sont
le
Plomb
et
le
Fer
et
le
peu
d'
Argent
que
l'on
rencontre
dans
les
mêmes
roches
éruptives.
Jusqu'à
présent,
on
n'a
pas
rencontré
dans
ces
montagnes
des
filons
très
importants,
ni
des
couches
régulières
de
métaux.
On
trouve
plutôt
de
petits
agglomérats
isolés.
Il
est
probable
cependant
que
l'on
découvrirait
des
fi
l
ons
réguliers
et
des
couches
métalliques
assez
considérables,
si
l'on
creusait
plus
profond;
car
jusqu'ici
on
s'est
contenté
de
ne
piocher
que
superficiellement.
Nous
trouvons
dans
les
Monts
Bulgares,
trois
mines
principales
d'où
l'on
tire
surtout
du
plomb:
le
Bulgare-maghara,
la
mine
de
Ghulek,
dont
les
fonderies
sont
au
voisinage
des
Portes,
et
enfin
la
mine
de
Béréketly
qui
se
trouve
au
nord-est
des
précédentes.
La
première
de
ces
mines,
le
Bulgare-maghara
est
derrière
les
montagnes,
à
52
milles
au
sud-ouest
des
Portes
de
la
Cilicie
et
à
une
petite
distance
de
Lambroun.
Elle
se
trouve
à
une
hauteur
de
4000
pieds
au-dessus
de
la
plaine.
On
y
trouve
surtout
du
carbonate
de
plomb
terreux,
mêlé
à
de
la
galène.
Les
gangues
sont
calcaires
et
contiennent
un
peu
de
vert-de-gris
et
d'argile
rouge
ferrugineux.
Le
plomb
forme
environ
1
/
5
du
minerai
ou,
plus
exactement,
les
21
/
100.
Sur
100
kilogr.
de
matière,
on
retire
428
grammes
d'
argent
et
4
d'
or.
L'or
formerait
donc
la
1
/
25000
partie
de
la
mine
entière.
Bien
qu'aujourd'hui
la
quantité
d'or
et
d'argent
retirée
soit
minime,
il
n'en
fut
pas
toujours
ainsi.
Au
moyen
âge
on
en
retirait
assez
pour
pouvoir
classer
ces
deux
métaux
parmi
les
produits
naturels
du
pays.
On
dit
même
qu'on
aurait
découvert
récemment
de
grandes
veines
argentifères
non
seulement
près
des
Portes
de
la
Cilicie,
mais
encore
aux
environs
de
Sis;
mais
qu'on
les
cache
ou
que
l'on
n'en
veut
pas
user.
Actuellement
on
exploite
les
cavernes
situées
entre
le
promontoire
Garmir
(Kezel-tépé)
et
le
village
Bulgare-dagh.
Ces
cavernes
occupent
une
étendue
de
8
à
10
kilomètres.
On
en
trouve
encore
d'autres
abandonnées
dans
les
montagnes
du
sud-est,
dans
la
vallée
du
fleuve
Tarbasse,
aux
environs
des
deux
ponts
appelés:
Pont
de
bois
et
Pont
blanc
(Tahta-keupri
et
Ak-keupri).
A
30
kilomètres
plus
loin,
mais
dans
la
même
direction
près
du
passage
d'Ak-dagh,
se
trouvent
aussi
des
mines
appelées
Arpa-Outchouroumou,
tout
à
fait
semblables
à
celles
de
Bulgare-dagh.
Ceci
fait
supposer
que
la
matière
minérale
doit
se
trouver
répandue
sur
toute
la
longueur
du
terrain
qui
sépare
ces
deux
mines;
mais
on
n'en
a
pas
de
preuves
certaines.
Quela,
un
des
explorateurs,
croit
que
cette
couche
minérale
monte
verticalement
de
cinq
cents
pieds;
les
cavités
inférieures
en
effet,
se
trouvent
à
300
pieds
au-dessus
de
la
vallée
et
les
plus
élevées
se
rencontrent
à
800
pieds
au-dessus
du
même
niveau.
Si
l'on
suppose
à
la
couche
une
épaisseur
moyenne
de
0,
20
mètre,
toute
la
masse
offrirait
un
volume
d'environ
800,
000
mètres
cubes.
Les
ouvriers
sont
des
Grecs,
venus
des
mines
de
Gumuchehané.
Ils
travaillent
plus
ou
moins
comme
bon
leur
semble
et
non
d'après
un
plan,
aussi
si
l'on
n'y
apporte
pas
un
peu
d'amélioration,
le
gouvernement
n'en
retirera
que
très
peu
de
profit.
On
ne
trouve
pas
même
de
fonderie
convenable,
mais
dans
le
village
Bulgare-dagh
il
y
a
un
peu
plus
d'une
douzaine
de
fournaises.
La
dépense
pour
purifier
1000
kilos
de
minerai
s'élève
en
moyenne
à
100
fr;
comme
la
valeur
extraite
est
de
120
francs,
le
gain
se
réduit
à
une
vingtaine
de
francs.
La
deuxième
mine
de
Ghulek
qui
paraît
en
tout
semblable
à
la
première,
soit
pour
la
qualité,
soit
pour
la
quantité
des
matériaux,
est
celle
de
Arpa-Outchouroumou
près
des
passages
de
Podande
et
d'Ak-dagh.
Au
lavage
on
a
cependant
obtenu
des
résultats
un
peu
inférieurs:
le
minerai
ne
donne
que
16
%
de
plomb,
0,
250
kg.
d'argent
et
deux
ou
trois
grammes
d'or
pour
%.
Il
ne
se
trouve
qu'un
seul
creuset
à
1176
m.
d'altitude,
loin
des
habitations,
ce
qui
ne
permet
aux
ouvriers
que
six
mois
de
travail,
en
se
logeant
dans
des
cabanes
insuffisantes.
L'année
1863
une
escouade
de
34
ouvriers
a
pioché
21,
000
kilos
de
minerai
qui
ont
été
raffinés
dans
les
fonderies
de
Ghulek
établies
en
1837
par
les
métallurgistes
autrichiens
Russeger,
Grinsberg
et
Szlabey
[1].
Ces
métallurgistes
avaient
ouvert
une
autre
mine
à
l'ouest
du
village
Ghulek-maghara,
près
du
lac
Tchidem
ou
Safran,
mais,
à
cause
des
difficultés
qu'offrait
le
terrain
ils
ont
été
obligés
de
l'abandonner
au
bout
de
quelques
années.
La
troisième
mine
est
à
Béréketli-madène
à
1970
m.
d'élévation,
aux
pieds
du
mont
Abiche-kar,
près
du
défilé
Boghaze-madène
et
à
80
kilomètres
au
nord-est
de
Bulgare-maghara:
cette
mine
ne
contient
que
du
plomb
et
encore
en
très
petite
quantité.
Les
creusets
sont
situés
dans
le
village
du
même
nom
à
20
km.
à
l'ouest
de
la
mine.
Les
matériaux
y
sont
transportés
à
dos
des
mulets.
Le
terrain
de
la
mine
a
la
couleur
du
plomb
et
du
calcaire
et
s'étend
sur
une
longueur
de
trois
à
quatre
kilomètres.
Le
gisement
du
métal
varie
en
épaisseur
de
0,
20
m.
à
1
m.
50.
On
croit
y
trouver
beaucoup
de
veines:
pour
cela
on
a
fait
cinq
excavations
où
l'on
ne
peut
travailler
que
durant
trois
ou
trois
mois
et
demi
par
année,
en
exploitant
de
350
à
450,
000
kg.
de
minerai
qui
donnent
de
30
à
55,
000
kg.
de
métal
pur.
On
a
encore
remarqué
dans
les
mines
situées
aux
pieds
du
mont
Emlig,
à
18
kilom.
à
peu
près
au
sud,
près
du
col
d'Abiche-kar
du
minerai
de
cuivre
appelé
Boze-madène.
A
la
réduction,
on
a
obtenu
de
4
à
5%
de
cuivre;
mais
ces
mines
ont
été
abandonnées.
On
n'a
pas
encore
exploité
sérieusement
les
montagnes
Bulgares,
sur
le
calcaire
desquelles
on
aperçoit
des
veines
bleues
de
carbonate
et
de
petites
masses
de
malachite.
C'est
un
français,
le
savant
Béral,
qui
nous
donne
ces
renseignements
sur
les
mines
des
Monts
Bulgares;
mais
son
ouvrage
date
de
35
ans
(1863-64).
On
peut
croire
qu'aujourd'hui
les
conditions
du
travail
et
la
quantité
des
produits
sont
changées.
Le
gouvernement
d'alors
désirait
ardemment
commettre
toutes
les
mines
à
une
compagnie
de
savants
explorateurs
ou
les
louer
pour
une
période
de
90
ans.
A
part
le
plomb,
un
peu
d'argent
et
une
moindre
quantité
d'or,
on
trouve
d'abondantes
mines
de
Fer
au
delà
des
propres
confins
des
montagnes
de
la
Cilicie,
dans
les
vallées
supérieures
du
Sarus
et
du
Djahan,
sur
les
Monts
Kozan,
près
de
Kharsante-oglou,
à
Farache
et
à
Hadjin
et
des
deux
côtés
du
bras
oriental
du
Sarus
ou
Saran-sou,
et
enfin
dans
les
confins
du
territoire
de
Zeithoun.
Le
même
savant
(Béral)
a
découvert
dans
ces
régions
12
mines
de
minerai
de
fer
et
plusieurs
autres
encore
aux
environs
de
Lambroun
et
dans
le
vallon
de
Déghirmen.
Ces
dernières
mines
offrent
tout
ce
qu'il
faut
pour
rendre
fructueux
le
travail
dans
les
mines
de
fer
de
la
Cilicie:
mais
je
ne
connais
pas
exactement
les
conditions
actuelles
de
ces
mines,
car
je
n'ai
pas
trouvé
une
description
détaillée
de
ces
lieux.
Je
sais
seulement
qu'elles
contiennent
du
fer
en
assez
grande
abondance,
qu'elles
offrent
assez
de
facilité
pour
le
purifier
et
que
le
métal
y
est
d'une
qualité
supérieure
à
celui
de
la
Russie.
On
exploitait
le
fer
en
grand,
sous
la
dynastie
de
nos
princes.
La
convention
de
1285
entre
Léon
II
et
le
sultan
d'Egypte
Kélavoun
en
est
une
des
preuves.
Celui-ci
exigeait
de
notre
roi
10,
000
fers-à-cheval
munis
de
leurs
clous,
et
ces
fers
blancs
avaient
une
telle
valeur
que
deux
suffisaient
pour
acheter
un
enfant
esclave.
Aux
espèces
de
terrain
que
nous
avons
citées
plus
haut,
il
faut
ajouter
la
terre
rouge
qu'on
pioche
dans
les
cavernes
appelées
Boya-maghara
près
des
sources
du
Cydnus,
entre
Kartal-dagh
(Mont
de
l'aigle)
et
les
monts
Kara-kapou.
C'est
une
matière
rougeâtre
utilisée
dans
la
peinture
et
qu'on
porte
à
Adana
et
à
Tarsous.
Il
faut
encore
compter
parmi
les
matières
utiles,
le
charbon
de
terre,
à
la
condition
de
savoir
en
tirer
quelque
profit.
On
en
a
découvert
dans
les
territoires
de
Sis
au
nord
du
vallon
de
Mantache,
et
près
du
village
Ghédigly,
mais
on
ne
l'a
point
exploité;
la
même
chose
a
eu
lieu
près
du
village
de
Toroglou
au
sud-ouest
de
Tarsous
près
de
la
montagne
Hordoun.
Les
mineurs
ont
rassemblé
300
sortes
de
pierres
et
de
métaux
différents
par
ordre
d'Ibrahim
pacha.
Parmi
ces
échantillons
on
en
trouve
de
très
beaux
et
de
très
précieux.
Je
n'ai
pas
pu
en
trouver
un
catalogue
détaillé,
d'ailleurs
il
ne
serait
pas
pour
tous
facile
à
comprendre
ces
noms
scientifiques.
Parmi
les
pierres
de
première
utilité,
je
ne
veux
pourtant
pas
laisser
de
côté,
celle
que
Pline
mentionnait
déjà
il
y
a
2000
ans,
la
Pierre
à
aiguiser
de
la
Cilicie
[2].
Il
la
trouve
même
la
meilleure
de
toutes,
car
on
peut
l'employer
avec
de
l'eau
et
de
l'huile,
tandis
que
celles
des
autres
contrées
doivent
être
humectées
seulement
avec
l'un
ou
l'autre
de
ces
liquides.
[1]
Kotschy
appelle
ce
lieu
Bulgare-maghara
(Antre
de
Bulgare),
et
il
ajoute
qu'il
y
a
des
Mines
d'argent.
Béral
qui
est
venu
quelques
années
après
ce
voyageur,
en
examinant
minutieusement
tous
les
minerais,
conclut
que,
ou
ils
sont
tout
à
fait
dépourvus
de
plomb,
ou
qu'ils
en
ont
une
très
petite
quantité.