Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Gantchi. A l'extrémité du vallon de Fernouz, est situé le village turc Tchoukour-hissar ou Tchoukour-hassar, selon les habitants du lieu. C'est qu'étaient la forteresse et le bourg ancien de Gantchi ou même Gaïntchi, et selon les modernes Gantchoug. Il est cité dans le martyrologe de Saint Etienne d'Oulni. Dans une liste alphabétique des noms géographiques, on lit: «La forteresse Gantchi est située sur les limites de Cocussus des Arméniens, entre le Cocussus qui est dit aussi Cocsou, et Fernouz». Près de ce lieu on montre la place du martyre de Saint Etienne et des vierges, et la chapelle dédiée au Saint. A l'extrémité du bourg s'élève la forteresse, l'une des plus anciennes de Sissouan, du moins selon les mémoires: un prince du nom Achod y résidait à la fin du XII e siècle; après lui et plusieurs autres, la place fut occupée par Ochine, le frère du roi Héthoum I er, comme le dit son frère Sempad l'historien, et il y mourut l'an 1265. Un autre Ochine, peut-être le petit fils du susdit, possédait cette forteresse à la fin du XIII e siècle; il a écrit une lettre en vers composée de trente-huit lignes [1], adressée: «Au Seigneur Grégoire, évêque d'Anazarbe», qui fut après Catholicos. La lettre commence ainsi:

Ma gloire en J. -C., l'espérance de mon humble âme:

Chef vénéré, qui nous fut donné ici bas

à la place du grand chef (Jésus).

Toi, Seigneur Grégoire, évêque d'Anazarbe,

Avec cette lettre, agrée les saluts d'Ochine, ton fils obéissant».

Ochine avait prévu l'exaltation de Grégoire à la haute dignité de patriarche des Arméniens, et il est probable qu'il lui aura écrit cette lettre, entre 1293 et 1294, après que le catholicos Etienne eut été mené en captivité, à la prise de Rome-cla. Ochine ajoutait à la lettre une bague, et il écrivait:

Que cet anneau, qui t'arrivera au nom du Seigneur,

Soit comme félicitation du présage que tu seras invité à devenir pasteur et maître du royaume des Arméniens.

L'or en forme de cercle, sera un symbole de ton peuple,

La pierre précieuse sera un emblème de ta pureté [2] .

Gui ou Guidon, frère du bailli Ochine, était le maître de Gantchi l'an 1320; il fut blessé dans une bataille contre les Egyptiens aux environs d'Ayas, et en mourut.

Probablement Gantchi est la même que Hanga et Hange, indiquée dans l'histoire des Conciles comme une grande forteresse, Castrum magnum. Pendant le règne de Léon IV, des querelles surgirent sur des questions de rit et de religion (1336); un certain zélateur, nommé Nersès Balon, vint alors à Gantchi, et il eut l'audace d'écrire au Catholicos Jacques, que, durant la messe d'un prêtre du nom de Diraghi ou Cyriaque, un autre prêtre docteur avait lu l'anathème contre le célébrant, devant une multitude de peuple qui était accourue aussi de la bourgade de Chahap (Villa Sahap), et cela pendant l'élévation de la sainte hostie; et l'anathème fut lancé pour la seule cause que le célébrant avait montré au peuple le très saint sacrement. Le catholicos se hâta, d'envoyer Basile de Mamestie, évêque d'Iconium, avec son propre secrétaire, pour examiner le fait. Ceux-ci dès leur arrivée, assemblèrent cinq évêques, douze prêtres et des témoins, et après plusieurs interrogations et recherches, on trouva que l'accusation était fausse et tout-à-fait inventée. Sur quoi Nersès et son neveu, qui avait soutenu l'acte d'accusation, eurent beaucoup de peine à échapper à l'indignation du peuple, qui voulait les lapider.

Le récit de ce conflit religieux indique indirectement que la forteresse de Gantchi avait encore sous sa dépendance la bourgade du même nom, comme cela avait lieu pour les forteresses principales, résidaient leurs seigneurs. Près de cette forteresse il y en avait une autre avec sa bourgade, la susmentionnée Chahap, qui est d'abord qualifiée comme une villa et citée plus loin avec Gantchi, comme forteresse: «Populi dictorum castrorum».

Aux environs de Gantchi, comme aussi près Ghoumarsik?, village habité par des Turcs, on voit des grottes, qui autrefois servaient de demeures aux solitaires; elles contiennent, dit-on, des inscriptions grecques et des croix sculptées en relief.

Je crois que la haute montagne Asdouadzachèn, au nord-ouest, sépare le territoire de Gantchi de celui de Cocussus; toutes les montagnes qui sont de ce côté sont désignées sous le nom général de montagnes de Gaban. Le nom Asdouadzachèn (qui signifie construit par Dieu), démontre qu'il devait y avoir aussi des habitations ou du moins quelque couvent; car, on trouve un livre, écrit l'an 1331, dans lequel on lit: «Sous la protection de ce couvent, construit par Dieu, et de la vivifiante Sainte-Croix ».


[1] Le P. Tchamtchian affirme que cet Ochine était fils d'Ochine, fils, de Constance, Seigneur de Lambroun. Je ne saurais dire avec certitude quel est l'auteur de ces lignes; car en ce temps on trouve plusieurs princes du même nom: comme, par exemple, Ochine frère du roi, Ochine généralissime et Sénéchal qui fut tué en 1307 avec Héthoum II, par Bilarghou, et Ochine fils de Héthoum l'historien, petit fils d'Ochine le frère de Héthoum I er. Ce dernier me paraît être celui qui a envoyé des cadeaux avec une adresse en vers; car son frère Guiautin après lui fut seigneur de Gaban.

[2] Environ cette époque, 1293, lorsque Héthoum II eut reprit pour la deuxième fois les rênes du gouvernement, les princes, selon le chroniqueur Malachie, formèrent un complot contre lui. A la tête des Barons conspirateurs, était, dit-il, Héthoum seigneur de Coricos et son frère Ochine, seigneur de Gantchi. Selon que je sais, le seigneur de Coricos était alors le célèbre historien Héthoum, fils et père, et non pas frère, des deux Ochines. Quant à Héthoum et Ochine, les deux frères de ce temps, ils étaient arméniens, du côté maternel seulement, étant fils de Marie, sœur de Héthoum I r, et de Jean Ibelin; ils vivaient probablement en Cilicie.