Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Le siège des évêques d'Anazarbe était établi à Castalon; nous avons déjà parlé du célèbre monastère de ce nom, près de Vahga; il ne doit pas être question ici de ce dernier, qui eut été trop loin de la ville, mais peut-être de celui que nous appellons à présent Castal, qui est un village à douze kilom. au sud-ouest de la ville, près du fleuve Djahan, sur un terrain marécageux, croissent des roseaux qui servent de repaires aux sangliers. Ce pourrait bien être dans ce lieu que l'empereur Jean Alexis se blessa mortellement.

Après la translation du siége royal à Sis, le nom d'Anazarbe n'est mentionné que très rarement dans l'histoire. Et c'est vers le commencement du XIV e siècle (le 17 novembre 1307), que notre attention y est attirée par un sinistre événement; l'assassinat par trahison, durant un dîner, du jeune roi Léon III et du grand régent, son oncle Héthoum II, par le barbare Bilarghou, général Tartare. Héthoum avait refusé de lui accorder en mariage une princesse royale, ou de lui laisser construire une mosquée à Sis. Cela servit de prétexte au cruel tartare pour commettre l'assassinat.

De même, «au pied ou dans le village du château d'Anazarbe», eut lieu un autre cruel massacre, qui nous rappelle les carnages de Nakhdjavan et de Khram, dans la Grande Arménie, durant les premières incursions des Arabes, ou les massacres ordonnés par Bougha, qui voulait exterminer les familles nobles des Arméniens. Non moins de 40 princes furent tués à Anazarbe, parmi lesquels Ochine sénéchal et connétable.

Quelques années après ce cruel événement, en 1314, on trouve la mention d'une église de la «Sainte-Mère des lumières, la très Sainte Marie, Mère de Dieu: durant l'épiscopat de notre seigneur l'évêque Jean », avec lequel sont aussi mentionnés des prêtres et les désservants de l'église. Dans cette église paraît avoir été enterrée la pieuse et charitable dame Marioun, mère du roi Constantin, femme du maréchal Baudouin, et fille du petit-fils du grand Connétable Sempad, morte le 27 juillet 1352.

Après l'extinction du royaume des Arméniens, lors de la grande incursion de Chah-Souar le Zulkadrien (1467), la ville d'Anazarbe fut aussi dévastée. Depuis lors nous ne trouvons plus de traces dans les livres, ni de la ville, ni de sa ruine et de son abandon. Ses murailles sont restées sur pied jusqu'à présent; l'enceinte intérieure surtout est bien conservée. Elle est en forme d'hémicycle ou de polygone du côté de l'ouest, et se termine sur le rocher vers l'est; elle est munie de 56 tours carrées, distantes de 35 m. les unes des autres. Elles son bâties avec de grandes pierres de taille, enlevées à des constructions plus anciennes. La porte orientale est encombrée et laisse à peine un passage étroit; deux autres portes se font face au nord-est et au nord-ouest; la quatrième porte qui fait face à l'ouest, a un caractère monumental: elle ressemble à un arc de triomphe à trois arcades; la façade mesure 22 m. 50 de large; elle a 5 m. 60 d'épaisseur; la grande arcade du milieu a 3 m. 75 de hauteur, les arcades latérales ont 3 m. 50; un couloir de deux mètres de largeur, pratiqué dans l'épaisseur du mur, fait le tour des remparts. Entre les portes sont des colonnes corinthiennes accouplées, de 6 m. 50 de hauteur, elles sont en granit, portées par un soubassement qui règne tout autour de l'édifice. Selon Texier, le style général de cette architecture paraît la faire remonter au second siècle de notre ère (ou même au temps de Nerva).

On voit encore les fossés au pied des murailles et, à droite de la grande porte, au pied du roc, le Théâtre et la Palestre; le circuit de l'arène de la palestre est taillée dans le roc. En face de la porte se trouvent l'arc detriomphe et les traces d'une colonnade comme à Pompéiopolis et à Boudroum. Un peu plus haut que le théâtre on rencontre des sarcophages et des monuments taillés dans le roc, dont quelques-uns sont couronnés d'autels. Au milieu de la ville se dressent les ruines de quelques églises dont l'une assez grande. Au centre, sur le chemin raboteux, s'élèvent 20 maisons construites par Nicolas Aslan, syrien, de Tripolis, qui acheta une partie de l'emplacement de la ville, prit l'autre en location du gouvernement, et se mit à les cultiver. (p. 281- Bas-relief portant une inscription grecque, près d'Anazarbe)

Les deux grands aqueducs, au nord-ouest de la ville, sont remarquables. L'un mesure presque 20 kilomètres, l'autre 12. Ils sont tout en pierres de taille et en arcades, d'une hauteur de 8 mètres. Evidemment l'eau venait de différentes sources ou ruisseaux; l'un prend l'eau presque aux sources de la rivière de Sembos, près du village Boudjak, à 6 heures de la ville au nord; l'autre à 2 heures seulement au nord-ouest près du village de Hamam. Il y a un autre aqueduc souterrain qui amenait l'eau du nord-ouest, d'une source nommée Allah-bounar. En face des arcades de l'aqueduc, sur un rocher à 300 mètres de la grande porte de la ville, il y a un bas-relief avec une inscription grecque à moitié effacée. Quelques-uns ont pensé voir dans les figures de gauche les 3 Parques, et dans celles de la droite les chasseurs des vautours ou les Harpies.

Nous avons mentionné dans la topographie de la ville quelques lieux indiqués par nos historiens aux alentours d'Anazarbe, comme Kaghertig, le château de Simana-cla et son monastère; nous ajouterons encore Toubni, cité par l'historien royal, qui nous dit à propos de Stéphané (père du roi Léon I er ), que «les habitants du fort de Behesni s'étant réfugiés sous sa protection, en 1157, il les fit transférer et habiter avec leurs femmes et leurs enfants, dans la plaine d'Anazarbe, à Toubni ( Տուպնի ) ils moururent».

Les nouveaux villages du district d'Anazarbe et des environs, me sont inconnus et rien n'est marqué sur les cartes excepté le village Hadjiler, au nord, à une heure de la ville, près d'un petit ruisseau, sur lequel est jeté un pont. Au nord-est de ce village il y en a un autre appelé Tcheurégli, c'est probablement le même que nous avons cité (page 273) sous le nom de Djourag.

A l'ouest, dans l'espace compris entre le Sarus et le Djahan, on indique comme affluents de ce dernier quelques rivières, dont le cours est incertain. L'une s'appelle la Paltala, elle est formée par diverses sources; on y a jeté un pont qui s'appuie au flanc de la montagne; le long de ses rives se trouvent les villages de Saïguetche? ou Saïtcha, et de Soïsoum. La Paltala se jette dans le Djahan au nord de Kastala. L'autre rivière vient du sud et coule parallèlement à la Paltala: on peut la nommer Khan-déréssi, car non loin de la source, à proximité du Sarus, on voit une hôtellerie de ce nom, aux pieds d'un mamelon qu'on appelle Khan-déré-tépéssi et sur les flancs duquel se trouvent les tombeaux des montagnards massacrés dans les combats de Derviche-pacha.

Un autre carnage semblable à ce dernier y eut lieu il y a 900 ans; car, je crois que ce mamelon doit être la célèbre Colline du sang. Après le combat acharné qui se livra près de la ville d'Adana, l'an 963, entre les Sarrasins et Jean Zimisces, 5, 000 cavaliers arabes laissant de côté leurs chevaux se réfugièrent sur cette rude colline. Assiégés par les Byzantins, ils ne voulurent pas se rendre et préférèrent se laisser massacrer héroïquement. Leur sang coulait comme un ruisseau dans le camp impérial; et la colline fut appelée Colline du sang, Βουνός α ̀ ι ̉̀ ματος. Cette victoire, bien qu'elle fût due en partie à la trahison [1] , illustra le nom de Zimisces et l'éleva au trône impérial.

Entre cette colline au nord, et Saïguétche au sud, on indique au pied de la montagne, des hôtelleries ou des villages, Butch-el-Kandel? et Tchil-khan: le nom de ce dernier est assez conforme à celui du fort Tchelganotz, dont le seigneur Héthoum fut tué, avec plusieurs autres princes et soldats, après la bataille de 1322, alors qu'il fut poursuivi par les Egyptiens, des confins d'Ayas jusqu'à Messis [2] .

Tous ces territoires portent aujourd'hui dans leur ensemble le nom de district de Sari-tcham (Pin jaune), probablement à cause des forêts de pins. Ils appartenaient aux Turcomans Sarkand-oghlou, qui y séjournaient et l'hôtellerie Tchil-khan s'appelait de leur nom. C'est qu'habitait autrefois leur chef Mortaz-agha; le botaniste Kotschy logea chez lui le 4 mai 1859. Comme flore remarquable de ces lieux, il cite: le Scandix Balansœ, l'Orchis sacra et l'O. Flagrans, et d'autres espèces inconnues; puis sur les bords sablonneux des rivières, l' Anchusa hibrida, l'Alyssum hirsutum, l'Alsine tenuifolia; et sur les pentes humides des monticules la Vinca narbonensis et différentes espèces d' Aroideœ.

Dans l'espace isolé du district d'Anazarbe, à l'ouest du Djahan, au nord et au sud des deux affluents cités, et à l'est des montagnes qui les séparent, presqu'au milieu de ce terrain inculte, s'élève un mont rocailleux et escarpé, dont le sommet est couronné par l'une des plus puissantes forteresses de Sissouan: son nom actuel Thoumla ou Thoumlo, ou mieux encore Thoumlou-kaléssi cache le nom ancien. (p. 282- Thoumlo) Jusqu'à présent elle n'a pu être classée parmi celles qui sont mentionnés vers la fin du XII e siècle. Les chambres en arcade du château de Thoumlo et une chapelle, restent encore debout. Langlois croit y retrouver l' Adamodan de Willebrand. Ce lieu fut examiné en 1874 par Favre et Mandrot, mais ils ne nous en ont laissé aucune description; Kotschy [3] , qui y vint herboriser le 15 mai 1859, et qui indique l' Orchis saccata ne fait que citer le château.


[1] Cédrénus, éd. de Bonne, page 360-1. Comme Jean s'y était rendu par ordre de l'empereur Nicéphore, notre historien d'Edesse au lieu de mentionner celui qui avait été envoyé, cite le mandataire comme acteur, et dit: «Il s'empara d'Adana et de Messis et de la célèbre Anazarbe, et massacra un grand nombre d'Arméniens... Le roi Nicéphore s'en retourna victorieux, emmenant avec lui un grand nombre de captifs et un immense butin».

[2] Nous avons mentionné cette forteresse dans la topographie du village de Djoua ( p. 117 ), mais sous réserve; il semble plus probable qu'elle se trouve dans cette région, quoiqu'on trouve aussi mentionné un district avec un nom qui s'en rapproche beaucoup. Ce district est situé au delà des Montagnes Noires et du district Boulanique, et s'appelle Tchelkanli.

[3] « Tumla Gala, eine felsige Anhöhe auf einer weiten, blumenreichen Steppe.  Das mächtige Kastell, welches die Höhe krönt, stamt noch aus der Zeit, als die Armenischen Kônige zu Sis residirten». Kotschy.