Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Comme je viens de mentionner souvent la tribu turcomane des Kozans, je crois à propos de rappeller ici que cette tribu occupait dès les temps anciens le centre de la vallée du Sarus et la montagne, à tel point qu'on regardait la région qu'ils habitaient comme un district à part dans la province de Marache, district connu sous le nom de Djébél-Kouzan-Sarely. Cette tribu était non seulement rebelle et autonome, mais encore redoutable tant pour le gouvernement que pour les voyageurs. Un de leurs chefs avait soumis avec d'autres districts les petites communautés de Hadjine et de Zeithoun, et leur avait laissé une demi-liberté. On croit généralement que vers le XIIIe siècle, le fondateur de cette tribu, nommé Kouzan, s'établit dans ces lieux avec six compagnons et avec l'ancêtre des Ottomans. Ils venaient de la province d'Utch-ok, (Trois arcs ou lances), qui faisait partie du territoire des Turcs orientaux; traversant l'Euphrate, ils s'avancèrent à l'ouest dans l'Asie Mineure et s'établirent sur les frontières du sultanat d'Iconium et du domaine arménien de Sissouan. L'un d'eux s'appelait Varchag ou Varsak, son nom passa à sa tribu; un autre, Uzère, donna son nom au district d' Uzerlik; leur chef s'appelait Yurkère, de lui sortirent les Yuruk; son fils Ramazan fut le chef d'une tribu puissante, celle de Ramazan-oghlou. Les membres de cette tribu demandèrent au roi des Arméniens la liberté de paître leurs troupeaux dans ses plaines et sur les montagnes; elle leur fut accordée. Peu à peu ils y fixèrent leurs demeures; et lorsque la puissance des princes arméniens se fut affaiblie et que la population eut diminué, les Turcomans et les Afchars d'un côté, les Karamans qui professaient la même religion que les sultans d'Egypte et étaient les ennemis des Arméniens, de l'autre, se partagèrent le territoire. Une de ces parties obtint une entière liberté, les autres payèrent un tribut aux sultans d'Egypte. Enfin vers la fin du XV e siècle, les Turcs réussirent à s'emparer d'une partie du territoire, et lorsqu'au commencement du XVI e siècle, ils supprimèrent le sultanat d'Egypte, ils formèrent de toute la Cilicie une frontière de leur domaine. Mais, plusieurs tribus des Turcomans, retirées dans les vallées et sur les montagnes, gardèrent jusqu'à nos jours une liberté relative. On les appela Déré-béghi (seigneurs des vallons).

Plusieurs fois la Porte tenta de les soumettre complétement; mais elle n'y réussit à peu près que ces dernières années. L'influence de la politique européenne s'étendant dans ces côtés, la sûreté des voyageurs devenait indispensable: le gouvernement se vit obligé de régler autant que possible l'administration civile de ces contrées. Les montagnards profitèrent de la dernière guerre d'E-gypte pour reprendre une plus grande liberté. Durant cette campagne, ils s'unirent tantôt aux Egyptiens, tantôt au Turcs. Mais la guerre terminée, et l'Egypte s'étant soumise, les Turcomans furent aussi obligés, du moins en apparence, de se soumettre à l'autorité des pachas; mais ils ne manquèrent pas, chaque fois que l'occasion leur parut favorable, de refuser le payement des tributs et même de courir aux armes. C'est surtout de 1852 à 1859 que les Européens firent des voyages d'exploration dans ces lieux, (Texier, Langlois, Tchihatchef, Kotschy, les officiers autrichiens et d'autres). A cette époque Méhémmed-Tchaderdji, grand chef de la tribu des Kozans, dominait en maître sur les monts Kozan-dagh; ses frères qui étaient en grand nombre, étaient maîtres des territoires voisins. Ainsi Youssouf commandait aux Afchars établis dans le territoire de Hadjine; Eumèr-bey était maître du district de Bélén; le district de Sarkand-oghlou, non loin de celui de Bélén, avait pour chef Mourtaz-agha. La forte tribu des Yuruks occupait les environs de Sis. Le chef des Varchaks était Hadji-bey, et la tribu de Karsand-oghlou, établie entre les monts Ala-dagh et le Zamanti, était gouvernée par Samara-bey. Dans le voisinage de cette tribu, du côté de l'est, se trouvait le lot de Moustapha-agha, et près de ce dernier celui de Tékéli-oghlou.

Nous avons cité, à l'ouest de ces districts, entre les monts Boulghars et Ala-dagh, la tribu Mélémendji, et un peu plus loin à l'est, sur les Monts Noirs, nous verrons dans la suite les Turcomans, dont le chef, à l'époque dont nous parlons, était Osman-bey; avec les Mélémendji errait une autre tribu terrible nommée Haïuc, qui paraît être d'origine arménienne, et qui, mélangée avec une autre race, a produit les Arméno-Kurdes. On y trouvait, et on y trouve encore, d'autres tribus avec leurs chefs propres. Après la soumission de Zeithoun (1862-3), elles aussi furent soumises au gouvernement turc par Derviche-pacha. Celui-ci subjugua ensuite les monts Noirs (1865), puis il marcha contre les Kozans du côté de Sis, pendant qu'Ismaïl-pacha les attaquait du côté nord-est; ce dernier fut guidé par une troupe d'habitants de Hadjine, à la tête desquels marchaient l'évêque Pierre (+ 1886) et l'évêque d'Alep Nicolas Kazandjian, qui fut après élu Catholicos. Les Kozans surpris sans préparatifs de guerre, n'ayant pas de forces suffisantes pour résister à des troupes régulières, et abandonnés par les Arméniens, furent obligés de se soumettre les uns après les autres au Sultan. Hadji-beg, se soumit le premier, puis Ahmed-agha, fils d'Eumer, seigneur de Bélén, et à la fin Youssouf-beg, qui, fait prisonnier deux fois, fut enfin condamné à mort. Les autres furent envoyés en exil dans des provinces lointaines. Le pays ainsi conquis, on établit des Kaïmakams (administrateurs) dans les différents districts, sous l'autorité des gouverneurs des provinces de Marache et d'Adana.

La grossièreté et la barbarie des Kozans nomades ne réussirent pas à empêcher le charme et l'attraction qu'exerçait la flore de ces contrées; aussi plusieurs botanistes courageux y pénétrèrent en secret, ne fut-ce que pour y jeter un coup d'œil. Quelques-uns trouvèrent grâce devant ces tyrans et obtinrent de visiter le pays et de cueillir des fleurs. C'est ainsi qu'ils purent indiquer plusieurs espèces de plantes, dont voici les noms de quelques-unes: Ranunculus Palœstinus, R. Cuneatus, Erysimum thyrsoideum, Er. Smyrneum, Er. Alpestris , Hesperis violacea, Hes. flava, Alyssum strictum, Draba diversifolia, Thlaspi densiflorum, Æthionema Iberideum, Hypericum latifolium, Barbarea plantaginea, Haplophyllum myrtifolium, etc, etc.