L'affluent
occidental
du
fleuve
Saouran
descend
du
nord
des
confins
de
Hadjine
et
de
Vahga,
et
de
l'est
des
montagnes
qui
séparent
les
deux
grandes
vallées
des
fleuves
Sarus
et
Djahan;
après
il
court
vers
le
sud
et
tournant
à
l'est,
un
peu
au
nord
d'Anazarbe,
se
mêle
au
Saouran.
Le
district
de
Sis
comprend,
si
non
toute
la
vallée,
du
moins
toute
la
partie
supérieure
de
ce
ruisseau
qui
coule
directement
du
nord
au
sud:
il
est
appelé
ordinairement
du
nom
de
la
ville
de
Sis,
pourtant
on
l'appelle
aussi
Dêli-tchaï
(ruisseau
fou)
à
cause
de
sa
course
précipitée
à
travers
le
petit
et
étroit
vallon
appelé
Mantache-déréssi
ou
Méntéché;
nom
que
l'on
devrait
aussi
donner
au
cours
d'eau;
d'autres
l'appellent
Sempos
ou
Sembos,
et
d'autres
Kessig-tchaï.
Cependant
tous
ces
noms
représentent
plutôt
différents
cours
d'eau,
qui
s'unissent
et
ne
forment
qu'un
seul
fleuve
[1],
lequel
coule
vers
la
plaine
et
baigne
le
pied
occidental
du
rocher,
sur
lequel
s'élèvent
la
ville
et
la
forteresse
de
Sis.
Du
côté
oriental
de
la
montagne
descend
aussi
une
petite
rivière,
l'
Alaphar?
ainsi
appelée
du
nom
du
village
Alaphar
ou
Antzmentzoug,
nom
vulgaire
qui
indique
les
circuits
ou
les
zigzags
de
ce
cours
d'eau.
On
y
avait
jeté
un
pont,
selon
la
tradition,
et
le
courageux
Libarid
ordonna,
l'an
1369,
de
le
garder
avec
précaution
contre
les
incursions
des
Egyptiens.
Ce
fut
la
nonchalence
du
dernier
roi
Constantin
qui
fut
la
cause
de
grandes
pertes
et
de
la
mort
de
ce
général.
Après
l'extinction
du
royaume
des
Arméniens,
pendant
les
années
1450-60,
un
certain
Grégoire,
fils
de
Baudouin
et
frère
de
Léon,
restaura
ce
pont,
et,
selon
le
chroniqueur,
posa
une
inscription
sur
la
grande
voûte.
Le
district
de
Sis
est
limité
au
nord
par
Hadjine,
au
nord-est
par
Gaban
et
Zeithoun,
à
l'est
par
Kars,
au
sud
par
Anazarbe,
enfin
à
l'ouest
par
un
district
inconnu,
séparé
de
la
vallée
du
Sarus
par
des
montagnes:
ces
dernières
portent
le
nom
de
Montagnes
de
Sis,
mais
leur
étendue
nous
est
inconnue,
ainsi
que
leur
jonction
avec
les
branches
du
Taurus
ou
de
l'Antitaurus.
Mais,
quelle
que
soit
leur
situation,
c'est
à
cause
d'elles
que
le
côté
septentrional
de
cette
région
a
l'aspect
montueux
et
ondulé,
mais
peu
haut;
le
côté
méridional
est
encore
plus
bas
et
forme
le
commencement
de
la
grande
plaine
de
la
Cilicie,
qui
s'appelait
Plaine
de
Sis
du
temps
des
rois
Arméniens,
Դաշտն
Սսոյ.
Cette
plaine
fut
plusieurs
fois
dévastée
par
des
incursions,
et
le
sang
des
innocents
s'y
mêla
à
celui
des
coupables.
Quoiqu'elle
soit
fertile
sur
toute
son
étendue,
elle
n'est
pas
bien
cultivée
vers
le
voisinage
des
grandes
villes:
même
elle
n'est
pas
boisée,
et
elle
présente
des
parties
entièrement
incultes,
et
couvertes
çà
et
là
de
chênes.
Le
côté
septentrional
est
montueux
et
couvert
de
grands
arbres.
Parmi
les
plantes
communes
nos
livres
de
médecine
mentionnent
une
espèce
de
roseau
utile,
et
ajoutent:
«A
Sis
on
trouve
la
meilleure
espèce
de
nèfle
qui
est
jaune;
pourtant
la
meilleure
est
celle
de
Damas»:
cette
plante
selon
Boissier
est
la
Celsi
parviflora
ou
Erigeron
trilobium.
Ces
lieux
montueux
méritent
un
examen
spécial;
on
y
doit
trouver
sans
doute
des
passages
étroits
et
des
défilés.
Les
historiens,
mêmes
turcs,
citent
le
défilé
de
Sis,
Derbéndi-Sis,
سيس-
دربند;
de
même
le
Kara-boghaz
(défilé
noir):
je
ne
sais
pas
si
c'est
le
même
que
le
précédent
ou
un
autre;
enfin
le
Kourdlou-bel
(sentier
du
loup).
Plusieurs
monts
sont
couverts
de
chênes,
de
frênes,
de
pins
et
de
peupliers,
d'autres
ne
sont
qu'argileux:
de
leurs
pentes
descendent
des
torrents
jusque
près
de
la
source
du
fleuve
où
s'élève
la
montagne
Hordoun,
haute
de
2,
300
pieds,
au
sud
de
laquelle,
et
à
une
distance
de
six
heures
de
Sis,
se
trouve
le
village
arménien
Mantache
ou
Méntéché,
et
qui
est,
avec
son
église,
abandonné
aujourd'hui.
Là
fut
probablement
enterré
le
prêtre
Eliazar,
grand
père
des
Atchbahiens,
selon
ce
que
dit
le
Catholicos
Ephrem
[2],
membre
de
cette
même
famille.
Près
de
ce
village
s'élevait
la
grande
hôtellerie
qui
était
couverte
et
comme
ensevelie
parmi
des
Cissus
orientalis.
(Kotschy,
8
mai,
1859).
On
trouve
aux
alentours
des
traces
de
houille
et
des
minerais
de
fer
et
d'argent;
ici
on
devrait
chercher
la
terre
à
cristal
mentionnée
par
le
docteur
Thomas.
Aux
environs
de
Sis,
vu
le
manque
de
culture
et
d'arbres,
les
rayons
du
soleil
dardent
leur
chaleur
sur
la
roche
et
y
rendent
insupportable
le
séjour
pendant
l'été.
Pourtant
au
temps
du
royaume
des
Arméniens
c'était
tout
le
contraire;
car,
Léon,
si
sage
et
prévoyant,
ne
pouvait
pas
choisir
pour
sa
résidence
et
sa
cour
un
lieu
qui
fut
dépourvu
de
toute
condition
de
bien-être
et
de
luxe.
Les
désastres
et
la
dévastation
de
la
ville
et
de
son
district,
la
dépouillèrent
même
de
sa
magnificence
naturelle.
Dans
ses
jours
de
prospérité
Sis,
avait
devant
elle
une
plaine
bien
cultivée
et
pleine
de
constructions,
où
croissaient
les
orangers
et
les
citroniers,
pourtant
rares
en
Cilicie.
La
ville
était
située
sur
le
versant
nord-est
d'une
éminence
argileuse
rouge
et
escarpée,
au
sommet
de
laquelle
s'élevait
la
forteresse
inaccessible
par
sa
seule
position,
sans
compter
les
murailles
qui
garnissaient
les
pentes
de
la
montagne,
et
se
prolongeaient,
du
nord
au
sud,
sur
une
longueur
d'un
kilomètre.
La
hauteur
du
mont
ne
dépasse
pas
mille
pieds
[3].
Les
premiers
habitants
et
les
maîtres
du
territoire
avaient
donc
compris
l'excellence
de
la
position
de
ce
lieu
et
avaient
fortifié
et
embelli
la
ville.
Dans
son
nom,
plusieurs
écrivains
ont
cru
à
tort
retrouver
celui
d'
Issus,
et
ils
ont
même
voulu
l'identifier
avec
le
lieu
de
la
bataille
décisive
d'Alexandre
contre
Darius.
D'autres
savants
contemporains
ont
estimé
la
ville
de
Sis
la
même
que
la
Pindenissus
de
Gicéron,
refuge
fortifié
des
Ciliciens
Libres,
que
ce
consul
orateur
assiégea
pendant
47
jours,
et
réussit
à
prendre
le
17
décembre,
(48
ans
avant
Jésus-Christ),
Pourtant
aucune
preuve
convaincante
ne
vient
à
l'appui
de
ces
assertions;
d'autant
plus
que
les
écrivains
plus
modernes
identifient
la
localité
de
Sis
avec
Flavias
ou
Flaviopolis;
et
cependant
il
nous
semble
que
cette
dernière
était
près
d'Ouchak,
où
on
a
trouvé
des
monnaies
romaines.
D'autres
l'ont
cru
Augusta
Bryelica
située
dans
le
district
Bryelice
et
appelée
Augusta
Sisia.
Il
n'est
pas
certain
que
Sis
ait
été
fondée
par
les
Roupiniens:
le
nom
monosyllabique
de
cette
ville
nous
paraît
une
marque
de
sa
grande
anti
quité.
Nous
trouvons
son
nom
Σισαν
pour
la
première
fois
dans
un
écrit
du
V
e
siècle:
dans
la
Vie
de
Siméon
le
Stylite,
écrite
par
Théodoret;
et
dans
les
anciennes
chroniques
latines
des
diocèses
de
Jérusalem
et
d'Antioche,
au
VI
e
siècle,
l'un
des
évêchés
de
la
province
d'Anazarbe
est
appelé
Sis,
et
le
nom
y
est
donné
avec
plusieurs
variations,
Sysia,
Sisia
ou
Sisya.
(p.
243-
Sis,
capitale
du
royaume
arménien
de
Cilicie)
Texier
croyait
voir
dans
Sis
des
ruines
romaines
[4],
comme
le
font
présumer
les
restes
du
pont
jeté
sur
le
fleuve
Déli-tcliaï
[5].
Ainsi
il
faut
rejeter
la
tradition
d'un
historien
arabe,
selon
laquelle
un
eunuque
du
calife
Haroun-el-Rachid
aurait
bâti
la
ville
de
Sis
vers
la
fin
du
VIII
e
siècle,
et
l'aurait
appelée
Sisié.
Car
dès
le
commencement
du
même
siècle
la
ville
de
Sis
était
déjà
connue
par
les
Byzantins
avec
le
même
nom,
et
l'an
703
Azibe
ou
Yezid,
fils
de
Khouné,
l'assiégea
et
la
ruina,
après
l'avoir
prise;
pourtant
Héraclès,
général
de
l'empereur,
réussit
à
l'en
chasser.
Théophane
en
racontant
cet
événement
donne
à
la
ville
le
nom
de
Σισαν
χ
á
στρον,
forteresse
de
Sis
ou
Sisson;
mais
les
orientaux
l'appellent
Sis
et
écrivent
comme
nous
سيس.
Au
commencement
du
IX
e
siècle
(809),
selon
la
tradition
des
Arabes,
les
habitants
de
Sis
se
réfugièrent
dans
les
montagnes,
mais
après
la
restauration
de
la
ville
par
les
Arabes,
les
Arméniens
laissant
de
côté
Khalal?
leur
ville
magnifique,
vinrent
habiter
dans
Sis;
ainsi
toute
la
partie
orientale
du
territoire
jusqu'à
Alep
porta
le
nom
de
Sis,
et
elle
contenait
360
bourgades
fortifiées,
et
26
forteresses
inaccessibles
[6].
Avant
la
domination
des
Roupiniens
dans
cette
contrée,
l'an
1114
(13
novembre)
la
ville
de
Sis
fut
ruinée
par
un
tremblement
de
terre,
qui
ébranla
la
partie
orientale
de
la
Cilicie
jusqu'au
delà
d'Antioche,
de
Marache
et
de
Raban.
Beaucoup
d'hommes
et
de
femmes
furent
ensevelis
sous
les
décombres,
selon
le
témoignage
du
chroniqueur
Mathieu
d'Edesse,
qui
nous
fait
supposer
qu'alors
la
ville
était
en
pleine
prospérité
et
comptait
un
grand
nombre
d'habitants.
Selon
Dardel,
ce
fut
le
prince
Thoros
I
er
qui,
parmi
les
Arméniens,
s'empara
le
premier
de
Sis;
Thoros
II,
vint
s'y
établir
ensuite;
et
selon
le
témoignage
de
nos
historiens,
«Meléh,
son
frère
(1175),
à
cause
de
ses
mœurs
dépravés,
fut
tué
par
ses
princes
dans
la
ville
de
Sis,
nouvellement
construite
».
Dans
le
manuscrit
ancien
de
l'historien
royal
les
mots
nouvellement
construite,
manquent.
Mais
le
vrai
restaurateur
de
Sis
c'est
Léon
I
er,
qui
déjà
avant
son
sacre
avait
entrepris
de
fortifier
et
d'embellir
ce
lieu;
cependant
à
cette
époque
les
murailles
de
la
forteresse,
si
non
de
la
ville,
étaient
déjà
bâties
en
grande
partie;
car,
lorsque
Rostom
le
Turcoman
envahit,
en
1187,
le
territoire
arménien,
il
est
dit,
«qu'il
s'avança
jusqu'à
Sis
et
campa
devant
la
ville,
à
Ravine
[7],
et
couvrit
la
surface
du
pays
par
la
multitude
de
ses
soldats».
Il
est
certain
qu'il
n'osa
attaquer
la
capitale;
Léon
ne
lui
en
laissa
du
reste
le
temps:
il
l'assaillit
avec
une
petite
troupe,
et,
après
l'avoir
tué,
mit
son
armée
en
déroute.
Quelque
temps
après,
le
même
Léon
défit
une
seconde
fois
les
Sarrasins
sur
les
confins
de
Marache;
il
s'empara
de
tout
le
butin
qu'ils
avaient
ramassé,
et
le
porta
«dans
Sissouan
l'inaccessible»,
selon
les
vers
du
catholicos
Grégoire
Degha,
(+
en
1193):
il
est
donc
clair
qu'avant
cette
date
la
ville
était
construite
et
fortifiée
suffisamment,
avec
son
château.
Car
lorsque,
vingt
ans
plus
tard,
(1211-2),
le
chanoine
Willebrand
d'Oldenbourg,
vint
à
Sis
comme
messager,
avec
l'ambassadeur
du
duc
d'Autriche,
et
y
demeura
un
mois
chez
notre
roi,
il
admirait
l'élégance
et
la
beauté
de
diverses
constructions
et
il
écrivait
[8]:
«C'est
la
ville
capitale
du
seigneur
roi,
où
demeurent
des
personnes
riches
et
en
très
grand
nombre.
Elle
est
privée
de
remparts;
aussi
au
lieu
d'une
ville
je
pourrais
l'appeler
un
bourg,
si
un
archevêque
arménien
n'y
résidait;
on
y
trouve
aussi
des
Grecs
qui
obéissent
à
leur
patriarche.
Pourtant
au
sommet
du
mont,
au
pied
duquel
s'élève
la
ville,
il
y
a
un
château
bien
fortifié;
et
comme
le
disent
les
Arméniens
il
appartenait
au
roi
Darius
qui
fut
vaincu
par
Alexandre....
Il
faut
savoir
encore
que
le
seigneur
roi
se
prépara
près
de
cette
ville
des
lieux
de
plaisir
et
des
jardins
délicieux,
dont
je
me
sens
incapable
de
décrire
les
magnificences».
Je
laisse
de
côté
sa
longue
description
de
la
fête
solennelle
de
la
bénédiction
des
eaux,
qui
eut
lieu
sur
les
bords
de
la
rivière
de
Sis
le
jour
de
l'Epiphanie.
Il
convenait
à
Léon
de
mettre
en
ordre
et
de
fortifier
ce
château
célèbre
avant
d'entreprendre
d'autres
constructions;
il
le
fit
en
effet
et
le
château
devint
un
lieu
de
refuge,
jusqu'à
la
fin
du
règne
de
ses
successeurs,
et
le
dernier
abri
du
royaume:
et
si
ce
lieu
fut
livré
aux
ennemis,
il
ne
le
fut
ni
par
la
peur,
ni
par
la
famine,
mais
par
la
pusillanimité
des
princes.
Cette
ville
avait
offert,
durant
deux
siècles,
le
spectacle
de
grandes
victoires
et
de
faiblesses
fatales;
elle
fut
pour
quelques-uns
une
source
de
gloire
et
de
grandeur,
et
pour
d'autres
un
lieu
d'humiliation
et
de
deuil:
car
son
château
servit
plusieurs
fois
de
prison
pour
les
criminels,
et
pour
des
personnages
illustres.
(p.
245-
Montagne
et
Forteresse
de
Sis,
d'après
une
photographie
des
explorateurs
Favre
et
Mandrot)
Ainsi,
en
1193,
Léon
y
emprisonna
Bohémond
III,
prince
d'Antioche.
Quoique
Léon,
ait
aussi
célébré
dans
les
autres
villes
principales
de
son
royaume,
comme
à
Tarsus,
des
fêtes
royales,
et
y
ait
aussi
reçu
les
ambassadeurs
et
les
messagers
des
princes
d'Orient
et
d'Occident,
ainsi
que
les
envoyés
des
républiques
commerçantes
et
des
villes
d'Italie,
cependant
le
centre
permanent
de
toutes
les
solennités
était
Sis,
où
se
trouvait
proprement
le
siège
de
la
cour.
Ainsi
on
pourrait
nommer
Sis
le
cœur
du
pays
et
du
gouvernement.
Elle
était
petite,
mais
il
y
régnait
plus
d'énergie
et
plus
d'éclat
que
dans
les
plus
anciennes
et
les
plus
grandes
villes
de
la
Cilicie:
du
moins
elle
les
surpassait
par
ses
bons
réglements
et
ses
excellentes
disciplines,
ainsi
que
par
ses
goûts
plutôt
européens.
Nous
pouvons
donc
sans
hésitation
la
qualifier
comme
le
centre
suprême
de
l'union
de
deux
politiques,
d'orient
et
d'occident;
et
nous
pouvons
dire
le
même
au
point
de
vue
religieux:
car
c'est
pendant
le
règne
de
Léon,
à
la
fin
du
XII
e
siècle,
qu'eut
lieu,
d'une
manière
ferme
et
manifeste,
le
pacte
d'union
des
Arméniens
avec
la
grande
église
de
Rome,
d'où
notre
roi
reçut
l'étendard
de
S.
Pierre
en
signe
de
son
alliance
et
de
sa
royauté.
Les
trente
années
de
règne
de
ce
grand
roi
ne
furent
pas
suffisantes
pour
achever
les
magnifiques
constructions
publiques
de
sa
ville;
il
laissa
le
soin
de
l'achèvement
à
ses
successeurs
connus
ou
inconnus,
(à
sa
fille
Zabel
et
à
Héthoum
I
er
futur
époux
de
la
même).
Les
princes
arméniens
avec
un
sentiment
de
reconnaissance
pensèrent
d'inhumer
les
restes
de
Léon
à
Sis,
que
son
affection
avait
tellement
embellie.
Mais
comme
Léon
avait
manifesté
le
désir
d'être
enterré
dans
le
couvent
d'Agner,
on
y
transporta
ses
entrailles.
Quant
au
corps,
on
le
déposa
dans
l'église
qu'il
avait
fait
élever
lui-même;
ou
bien
comme
dit
le
D
r.
Vahram,
Une
partie
de
son
corps
fut
transportée
à
Sis,
Et
on
y
éleva
un
temple.
Combien
était
magnifique
et
élégant
le
Palais
des
rois,
on
peut
s'en
faire
une
idée
en
se
rappelant
la
magnificence
de
Léon
et
sa
libéralité;
puis
le
long
règne
pacifique
et
heureux
de
Héthoum
(40
ans);
enfin,
toute
cette
longue
période
de
constructions
et
de
développement
de
la
capitale,
pendant
quatre-vingts
ans
de
suite,
du
commencement
de
la
domination
de
Léon
(1187)
jusqu'à
l'an
1266:
année
où
la
ville
subit
le
premier
choc
et
la
dévastation
par
les
Egyptiens.
Ces
derniers,
après
la
bataille
de
Mari
et
la
prise
du
prince
Léon,
l'héritier
du
trône,
«se
présentèrent
devant
Sis:
en
quelques
jours
ils
s'emparèrent
de
la
ville,
et
après
avoir
mis
le
feu
aux
principales
maisons,
allumèrent
un
incendie
général;
les
morts
et
les
captifs
furent
très
nombreux.
Enfin
ils
attaquèrent
la
forteresse,
qui
eut
beaucoup
à
souffrir,
mais
les
assiégés
résistèrent
héroïquement
et
refusèrent
de
se
rendre:
les
Egyptiens
furent
obligés
de
se
retirer,
portant
le
feu
et
le
fer
dans
la
partie
montueuse
et
dans
la
plaine
et
ravageant
tout»
[9].
La
résistance
de
la
forteresse
au
milieu
de
ces
désastres
montre
bien
l'excellence
de
sa
position
et
de
ses
murailles:
mais,
hélas!
quoique
laville
fut
rebâtie
et
embellie
deux
ou
trois
fois,
elle
ne
put
plus
regagner
son
éclat
primitif.
Quel
dommage
que
nous
n'ayons
pas
eu
alors
un
historien
arménien,
comme
Sempad,
ou
un
étranger
comme
Willebrand,
pour
nous
léguer
la
description
et
l'énumération
des
édifices
de
Sis,
de
ses
palais,
de
ses
églises
et
des
autres
places
importantes.
Les
historiens
du
temps
ne
nous
ont
laissé
qu'une
peinture
des
ruines
et
des
lamentations.
Parmi
ces
historiens
contemporains,
l'un
qui
avait
vécu
à
la
cour
royale,
mais
qui
n'était
pas
originaire
de
la
Cilicie,
le
D
r
Vartan,
surnommé
le
Grand,
en
parlant
de
Semelmot,
le
général
des
Egyptiens,
dit:
«Il
entra
soudain
dans
la
contrée
et
s'emparant
de
Sis,
la
capitale,
il
la
brûla
avec
les
églises;
il
réussit
encore
à
trouver
le
souterrain
des
trésors,
et
il
se
les
appropria:
on
dit
que
dans
un
seul
réservoir
il
y
avait
plus
de
six
cent
mille
pièces
d'or»
[10].
Un
autre
historien,
Malachie,
ajoute:
«Ils
incendièrent
la
ville
de
Sis,
qui
était
la
résidence
du
roi
des
Arméniens;
et
l'église
magnifique
de
la
cour
(
Sainte
Sophie)
fut
brûlée
par
du
bois
qu'on
y
jeta.
Ils
démolirent
encore
les
tombeaux
des
rois
[11].
Ils
massacrèrent
grand
nombre
de
chrétiens,
et
amenèrent
en
captivité
les
habitants
de
plusieurs
villes
et
villages».
[1]
D'après
ce
que
rapporte
Davis,
plusieurs
sources
doivent
exister
sur
les
montagnes
du
côté
septentrional
de
Sis,
d'où
elles
descendent
au
sud
dans
le
fleuve
Djahan;
car,
quand
il
se
rendait
de
Sis
à
Adana,
en
deux
heures
il
eut
à
traverser
en
trois
grandes
rivières,
qu'il
appelle
Déli-tehaï,
Pounghar-tchaï,
et
Idam
(du
nom
d'un
village),
et
plusieurs
autres
petits
ruisseaux.
—
«The
number
of
springs
in
the
mountain
range
to
the
north
of
Sis,
must
be
very
great;
for
we
crossed
no
less
than
three
large
streams
and
several
brooks
in
the
course
of
morning,
all
flowing
south-wards
toward
the
Jeihaan.
At
10
A.
M.
we
crossed
Deli
Tchai,
at
10.
30
A.
M.
another
stream
equally
large,
the
Kara
Pongar
Tchai;
at
11
A.
M.
the
brook
of
Idam,
near
the
village
of
the
same
name».
—
Davis,
157.
[2]
D'après
une
tradition,
le
tombeau
de
ce
dernier
se
trouve
dans
l'église
de
Mantache.
[3]
Selon
Hogarth,
le
palais
de
Sis
est
à
755
pieds
anglais
d'altitude.
[4]
«Des
ruines
romaines
encore
importantes
prouvent
qu'une
ville
existait
déjà
à
cette
place
du
temps
de
l'Empire
Romain».
—
Texier,
Asie
Mineure,
583.
[7]
Je
ne
connais
pas
l'étimologie
de
ce
mot:
cependant,
selon
un
de
nos
auteurs,
il
signifie
le
stade.
[8]
«In
die
vero,
hoc
est
in
festo
Epiphani
æ...
per
venimus
Sis..
H
æ
c
est
capitanea
civitas
Domini
Regis,
infinitos
et
divites
fovens
inhabitantes;
nullis
munitionibus
cingitur:
unde
potius
eam
villam
quam
civitatem
nuncuparem,
si
sedem
archiepiscopalem
Hormenorum
in
se
non
haberet;
in
qua
etiam
Gr
æ
ci
suo
obediunt
Patriarche.
Castrum
vero
habet
super
se
situm
in
monte,
valde
munitum;
a
cujus
pede
ipsa
civitas
ordinate
et
gradatim
discendere
videtur:
et,
ut
dicunt,
h
æ
c
aliquando
a
Dario
rege,
quem
Alexander
devicit,
possidebatur...
Illud
etiam
scitote,
quia
Dominus
Rex
juxta
hanc
civitatem
hortum
deliciarum
sibi
pr
æ
paravit;
ad
cujus
delicias
describendas
meam
confiteor
insuffi-centiam».
—
Willebrand.
[10]
Si
le
nombre
est
exacte,
la
somme
devait
être
considérable,
eu
égard
à
la
valeur
matérielle
de
l'or;
car
six
ou
sept
millions
de
francs
de
cette
époque
équivalent
à
quatre
fois
autant
de
nos
jours.
[11]
Le
roi
Léon
étant
l'unique
qui
soit
mort
durant
ce
temps,
ces
tombeaux
doivent
être
ceux
des
princes
de
famille
royale.