Le
DjeguÈre
appartient
à
ce
petit
nombre
de
pays
qui
dans
nos
livres
sont
mentionnés
sous
le
nom
de
provinces;
situé
à
l'extrémité
du
Golfe
arménien,
ce
district
se
prolonge
directement
du
nord-ouest
au
sud-est,
ou
encore
s'étend
du
fleuve
Kara-sou
jusqu'à
la
ville
d'Alexandrette
et
aux
frontières
du
territoire
de
Beylan.
Sa
longueur
est
d'environ
40
kilomètres
en
ligne
droite,
mais
sa
largeur,
des
plages
de
la
mer
jusqu'aux
monts
Amanus,
est
très
restreinte,
surtout
au
sud
où
elle
mesure
à
peine
deux
ou
trois
lieues,
et
moins
encore.
Comme
cette
province,
ainsi
que
celle
de
Rhosus
qui
lui
est
limitrophe
au
sud,
et
même
celle
d'Ayas
au
nord-est,
sont
entourées
par
les
monts
Amanus,
je
crois
à
propos
de
donner
d'abord
un
aperçu
sur
ces
montagnes.
Les
géographes
anciens
considèrent
les
monts
Amanus
(
ο
̉
'
Αμανο
̀
ς,
το
̀
'
Αμανόν
)
comme
un
rameau
détaché
de
la
chaîne
du
Taurus.
Ils
se
prolongent
de
la
Cataonie
au
nord,
jusqu'aux
plaines
de
la
Syrie
au
sud,
et
vers
l'est,
jusqu'à
l'Euphrate.
Ces
chaînes
de
montagnes
sont
formées
par
des
sommités
continues,
ne
laissant
que
d'étroits
passages
ou
gorges,
parmi
lesquels
se
distinguent
les
Portes
d'Amanus.
Au
moyeu
âge,
les
Occidentaux
et
les
Arméniens
les
appelaient
Montagnes
Noires
(Kara-dagh),
sans
doute
à
cause
de
la
couleur
obscure
des
sapins
qui
couvrent
leurs
pentes.
Toutefois
Sanudo,
rapportant
le
nom
de
Montagna
Neros,
en
fait
remonter
l'étymologie
au
mot
grec
vepô,
eau,
alléguant
que
ces
montagnes
abondent
en
sources
d'eau;
mais
c'est
une
opinion
inadmissible
[1].
Les
Turcs
aussi
les
appellent
aujourd'hui
Kara-dagh,
or
kara
veut
dire
noir;
les
Grecs
mêmes
autrefois
disaient
de
même
Mâupoç
opoç,
et
les
Syriens
Toura
ou
chama.
Lorsque
la
puissance
de
la
dynastie
arménienne
commença
à
s'affaiblir,
les
Karamans
s'établirent
dans
ces
montagnes,
et
les
Arabes
les
appelèrent
alors
Djébel-el-Karaman,
جبل
القرامان.
De
nos
jours
on
leur
donne
le
nom
de
Guiavour-dagh,
à
cause
des
nombreux
chrétiens
qui
y
habitent.
La
partie
septentrionale
de
la
chaîne
est
appelée
Akma-dagh,
la
moyenne
Kezel-dagh
ou
Beylan-dagh,
et
la
méridionale,
Kesrig-dagh
ou
Djébel-Moussa;
elle
aboutit
au
cap
Ras-el-khanzir,
dernière
limite
des
frontières
de
la
Cilicie.
Les
montagnes
qui
se
prolongent
au
delà
étaient
appelées
Pieriennes
dans
les
temps
anciens.
Parallèlement
aux
montagnes
Guiavour,
s'étend
à
l'est,
une
chaîne
de
montagnes
d'une
moindre
élévation,
dont
la
plus
haute
sommité
et
la
plus
étendue
s'appelle
Montagne
du
Kurde,
et
pourrait
donner
son
nom
à
toutes
les
autres.
Dans
la
grande
vallée
formée
par
ces
deux
chaînes
descendent
des
rivières,
dont
les
unes
se
mêlent
au
fleuve
Djahan,
les
autres
se
jettent
directement
dans
le
Golfe
de
l'Arménie;
quant
à
celles
qui
descendent
du
flanc
oriental
des
Montagnes
Noires,
elles
se
jettent
dans
les
fleuves
de
la
province
d'Antioche.
La
conformation
de
ces
montagnes
n'est
pas
encore
bien
connue,
à
cause
des
brigands
et
des
mauvais
sujets
qui
de
tout
temps
y
ont
établi
leur
séjour,
et
qui,
déjà
durant
la
domination
romaine,
à
l'exemple
des
pirates
de
la
mer,
dépouillaient
les
voyageurs
et
les
habitants
des
alentours.
Cicéron
marcha
contre
eux,
51
ans
avant
J.
-C,
et
il
écrivit
à
Caton
qu'il
avait
combattu
ces
maraudeurs
et
ruiné
grand
nombre
de
leurs
repaires,
dont
les
principaux
étaient
Erana,
Sepyra
et
Commorin
[2]
et
six
châteaux.
Celui
de
Pindenisus
qui
était
le
plus
solide
ne
devait
pas
être
bien
éloigné
du
lieu
que
nous
étudions;
en
tous
cas,
on
ne
peut
pas
le
placer
aux
environs
de
Sis,
comme
le
prétendent
quelques-uns.
Les
montagnes
septentrionales,
plus
distantes
de
la
mer
sont
les
plus-hautes;
quelques
unes
atteignent
10,
000
pieds;
celles
qui
sont
les
plus
voisines
du
golfe,
atteignent
à
peine
la
moitié
de
cette
hauteur.
Les
rivières
de
cette
contrée
n'ont
pas
un
long
cours;
on
peut
citer
le
Pinarus
dans
la
province
de
Djeguère,
c'est
le
Déli-tchay
de
nos
jours,
qui
se
divise
en
diverses
branches.
Au
sud
on
indique
encore
d'autres
rivières,
comme
le
Baba-tchay,
et
une
autre
près
de
Payas,
et
une
troisième,
la
Merkèze,
nom
qui
lui
vient
d'un
village
qu'elle
traverse;
on
la
considère
comme
l'ancienne
rivière
Kersus.
Au
sud
de
la
province
de
Rhossus
se
voient
deux
rivières:
le
Beylan
et
l'
Arsous.
Quant
à
celles
qui
descendent
à
l'est
des
montagnes,
elles
se
trouvent
hors
des
frontières
de
la
Cilicie.
Comme
les
autres
régions
montagneuses
de
la
Cilicie,
celle-ci
aussi
produit
une
grande
variété
d'espèces
de
plantes,
parmi
lesquelles
les
botanistes
indiquent,
la
Fumaria
officinalis,
Fasepala,
Alyssum
macrostylum,
Al.
hirsutum,
Thlaspi
Taurica,
Isatis
latisiliqua,
Is.
callifera,
Is.
Aucheri,
Viola
odorata
suavis,
Hoplophyllum
myrtifolium,
Scleranthus
verticillatus,
etc,
etc.
[1]
Est
enim
totus
fontibus
et
rivulis
irrigatus:
ideo
dicitur
Mons
Aquosus:
neros
enim
grece
aqua
dicitur:
licet
rudes
pro
nigro
accipiant.
—
Sanuto,
III.
V.
4
[2]
Eranam
autem,
qu
æ
fuit
non
vici
instar
sed
urbis,
quod
erat
Amani
caput,
itemque
Sepyram
et
Commorin,
acriter
et
diu
repugnantes,
Pomptinio
illam
partem
Amani
tenente,
ex
antelucano
tempore
usque
ad
horam
diei
decimam,
magna
multitudine
hostium
occisa,
cepimus,
castellaque
sex
capita
complura
incendimus.
His
rebus
ita
gestis,
castra
in
radicibus
Amani
habuimus
apud
Aras
Alexandri,
quatriduum;
et
in
reliquis
Amani
delendis,
agrisque
vastandis,
qu
æ
pars
ejus
montis
me
æ
provinci
æ
est,
id
tempus
omne
consumpsimus.
—
Cicero,
Epistolae.