Au
nord
de
ce
vaste
espace
désert,
au
sud
du
lac
Ak-gueul
et
à
l'ouest
du
mont
Ibriz,
presque
au
centre
du
triangle
formé
par
Hélaclée,
Laranda
et
les
montagnes
Bulghars,
on
indique
le
village
de
Dévlé,
dans
un
enfoncement
formé
par
les
monts
pierreux,
près
d'un
ruisseau
qui
coule
au
nord
vers
le
lac.
On
a
remarqué
près
de
ces
lieux
les
ruines
d'une
église,
des
colonnes,
et
de
vastes
cavernes;
ce
qui
fait
supposer
que
c'est
l'emplacement
de
la
ville
de
Derbé
(
Δέρβι
),
appelée
Delvia,
(
Δελβεία
)
(genévriers)
au
moyen
âge:
et
située
à
peu
de
distance
d'Iconium
et
de
Lystra.
Avant
la
famine
de
1873-4
on
comptait
à
Dévlé
700
maisons;
quelque
temps
après
ce
fléau
on
n'en
comptait
plus
que
200,
car
plusieurs
des
habitants
s'étaient
dispersés
çà
et
là,
la
moitié
avait
succombé
au
fléau,
avec
une
grande
partie
des
bestiaux
et
des
moutons,
dont
presque
50,
000
périrent.
Parmi
les
habitants
il
y
avait
encore
des
Arméniens,
lorsque
Davis
y
passa
la
nuit
(15
juin,
1870).
Un
jeune
Arménien
lui
proposa
de
lui
montrer
une
ville
en
ruines,
mais
le
voyageur
ne
s'y
arrêta
pas;
car
on
lui
disait
qu'on
n'y
voyait
que
des
restes
de
murs;
il
s'en
alla
à
la
recherche
des
ruines
de
Derbé,
qui
est
située
presque
à
dix-huit
kilomètres
au
nord-ouest
de
Dévlé,
près
du
village
Serpek,
sur
la
sommité
et
les
pentes
d'une
colline
pierreuse.
On
n'y
voit
que
des
amas
de
pierres
calcaires
brutes,
les
fondements
de
vastes
murailles,
mais
point
de
théâtre,
ni
de
places
publiques,
ni
de
colonnes,
ni
de
sculptures,
ni
enfin
de
monuments
remarquables,
à
part
quelques
sarcophages
taillés
dans
la
pierre.
On
a
découvert
un
grand
et
beau
sépulcre
souterrain,
encore
en
bon
état,
orné
de
statues
et
de
sculptures,
tout
en
marbre
blanc,
et
mesurant
onze
pieds
de
long
sur
six
de
large:
la
hauteur
exacte
n'a
pu
être
évaluée
car
il
est
encore
à
moitié
comblé
de
terre;
à
coté
on
a
trouvé
des
squelettes
et
des
urnes
d'une
hauteur
d'un
pied
et
demi:
mais
on
n'y
a
découvert
jusqu'a
présent
rien
de
précieux
ni
aucune
inscription.
Cette
ville
était
autrefois
le
centre
des
brigandages
d'un
certain
Antipatrus,
qui
fut
tué
par
Amyntas,
ami
des
Romains,
sous
la
préture
de
Cicéron.
L'apôtre
Saint
Paul,
y
vint
aussi
avec
Saint
Barnabé:
après
avoir
annoncé
l'évangile
à
Derbé,
ils
retournèrent
à
Lystra,
à
Iconium
et
à
Antioche,
où
S.
Paul
laissa
Barnabé
et
se
fit
accompagner
de
Sylla:
il
revint
à
Lystra,
(
Λύστρα
̉),
où
Timothée
devint
son
disciple.
Hélas!
ces
lieux
qui
ont
jadis
retenti
de
la
voix
du
grand
apôtre,
restent
aujourd'hui
dans
un
morne
silence!
Dans
les
premiers
siècles
du
christianisme
Derbé
devint
l'un
des
douze
siéges
de
la
province
d'Iconium,
ainsi
que
Lystra
ou
Ilistra,
Laranda
et
Isaura
ou
Isauropolis,
(΅
Ισαυρα
),
capitale
de
l'Isaurie,
dont
les
ruines
majestueuses
se
voient
encore
à
l'ouest
d'Ilistra,
non
loin
de
la
vallée
du
Bouzakdji;
mais
comme
cette
dernière
ville
est
au-delà
de
ces
montagnes
et
que
les
Arméniens
peut-être
ne
parvinrent
jamais
à
la
conquérir,
je
n'en
parlerai
pas
dans
ma
description.
(p.
348-
Porte
d'un
temple
de
la
ville
d'Isaurie)
Quelques
auteurs
affirment
cependant
que
les
premiers
Roupiniens,
et
même
Léon
le
Grand,
s'emparèrent
des
environs
d'Isaurie,
mais
aucun
ne
précise
jusqu'à
quel
lieu.
Cette
affirmation
vient
d'être
confirmée
tout
récemment
par
la
nouvelle
publication
d'un
document,
à
S.
Petersbourg
dans
le
tome
IV
de
Bysantina
Xronaka
(p.
161-6),
avec
une
notice
de
A.
Paulov,
qui
vingt
ans
avant
l'avait
déjà
publié
dans
les
actes
de
l'université
de
la
Nouvelle
Russie.
C'est
une
lettre
concistoriale
du
Patriarche
Œcuménique
de
Constantinople
et
de
dix
de
ses
évêques
et
archevêques,
adressée
à
notre
roi
Léon
le
Magnifique,
et
concernant
le
mariage
de
sa
nièce
Philippine
avec
l'empereur
de
Nicée,
Théodore
Lascaris.
Dans
cette
lettre
Léon
est
salué
avec
le
titre
de
Nobilissime
Rex,
(roi)
d'Arménie,
de
Cilicie
et
d'Isaurie:
Πανευγενεςτατε
R
ιξ
Αρμινίας,
Κιλιχίας
χαι
'
Ισυρίας.
Le
village
turc
à
l'ouest
de
Laranda,
entre
cette
ville
et
Dévlé,
s'appelle
Ibrala;
de
ce
lieu
jusqu'au
pied
des
montagnes
Bulghars
et
du
Dumbélec,
le
terrain
est
inhabité,
noir
et
pierreux,
sans
aucun
arbre
ni
maison:
les
Turcomans
Yuruks
viennent
y
faire
paître
leurs
troupeaux.
Leur
principale
station
est
au
centre
de
ce
lieu
inculte,
dans
un
endroit
appelé
Kara-kouyou
(puits
noir);
ils
y
cultivent
un
peu
de
blé
et
d'orge;
le
terrain
n'est
arrosé
par
aucune
rivière,
et
on
n'y
voit
que
très
peu
de
sources
et
de
fontaines;
toutefois
ces
lieux
escarpés
sont
émaillés
de
fleurs.
Davis
s'arrêta
un
jour
près
d'une
fontaine,
et
demanda
à
un
vieillard,
pourquoi
on
ne
plantait
pas
d'arbres
à
l'ombre
desquels
on
pût
se
reposer:
«Si
Dieu
voulait
y
voir
des
arbres,
lui
répondit
le
brave
homme,
ne
pourrait-il
pas
les
produire?».
Le
chef
de
la
tribu
des
Yuruks
était
alors
(1875)
Tékerleg
Moustapha:
il
affirmait
qu'aux
alentours
poussait
une
plante
analogue
au
thé,
et
qu'on
en
usait
comme
boisson.
Il
promit
à
Davis
de
lui
montrer
le
lieu
ou
croissait
l'arbrisseau,
mais
il
ne
tint
pas
sa
promesse.
Les
femmes
habitaient
seules,
séparément,
sous
des
tentes
de
peau
de
chèvres;
les
troupeaux
de
moutons
et
de
chèvres
étaient
très
nombreux.
La
station
que
nous
venons
de
mentionner,
est
au
sud
du
mont
Ibris
et
au
nord
du
mont
Mikhaïl.
On
remarque
encore
ça
et
là
dans
ce
désert,
des
collines
rocheuses,
aux
flancs
desquelles
croissent
des
genévriers;
le
chemin
qui
le
traverse
conduit
au
défilé
de
la
montagne
Dumbélec
et
aboutit
à
la
Cilicie
montagneuse.