Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  A l'ouest de Pertousse et à l'est du fleuve Djahan, on indique une grande caverne, je ne sais de quelle nature; mais elle nous conduit à un autre lieu important ayant presque le même nom, et situé, d'après les récits des écrivains anciens, entre les régions de Djahan et celles de Sis et d'Anazarbe. Je ne sais pas quel était son nom sous le rapport civil, mais selon la division écclésiastique, il appartenait au diocèse appelé Medz-kar, du nom du couvent résidait l'évêque. A l'époque du couronnement de Léon, l'évêque se nommait Asdvadzadour, (Dieudonné). Le nom du lieu montre qu'il était montueux, avec des rochers ou des cavernes; probablement il y avait aussi une forteresse, bien que nous ne la trouvions pas citée dans la liste des forteresses. Ce lieu était renommé autrefois pour les tombeaux et le dépôt des reliques des trois martyrs, Taracus d'Isaurie, Probus de Pamphilie et Andronic d'Ephèse; jugés à Tarse et torturés à Mamestie, ils furent enfin décapités à Anazarbe, l'an 304. Selon le martyrologe arménien, leurs corps furent envoyés à Iconium; mais cela ne s'entend probablement que d'une partie; car le catholicos Grégoire d'Anazarbe, qui connaissait à fond ces lieux et ces faits, témoigne, que «les fidèles déposèrent les reliques de ces Saints dans la grande caverne qui est à Medz-kar, avec de grandes honneurs, dans des tombeaux précieux». Cela est confirmé encore par les paroles de l'ancien martyrologe grec, d'où l'a pris aussi le texte latin: «In monte in pietra concava condiderunt». Ce qui montre que les reliques furent déposées dans une grotte qui fut nommée grande caverne, et du nom de laquelle le couvent aussi fut nommé Medz-kar (grande pierre). Sous le règne de Constantin le Grand, dès que les persécutions eurent cessé, le tombeau de ces martyrs fut honoré et leur fête fut établie dans l'église arménienne, le 11 octobre. On a composé en leur honneur une hymne, dont voici la dernière strophe: «Par leur prière, Seigneur, aie pitié de ceux qui vénèrent leurs reliques; unis aux chœurs célestes, nous fêtons leur mémoire avec grande réjouissance: reçois-nous dans tes demeures célestes».

En prêtant attention au style de l'hymne, nous pourrions admettre qu'elle fut composée même avant le XII e siècle, et que les Arméniens qui fêtaient ces Saints, déjà habitaient dans cet endroit. Pourtant l'histoire nous affirme que le couvent de Medz-kar fut construit au milieu du XII e siècle, par le prince Meléh: et lorsque celui-ci fut tué par les Arméniens à cause de ses mœurs dépravées (1175), on l'enterra dans ce couvent; comme le rapporte, dans ces deux vers, le docteur Vahram: «Il fut tué par ses propres soldats, et fut enterré dans le couvent de Medz-kar».

Ce couvent fut l'un des plus glorieux, parce que le roi Léon II, qui aimait les lettres, y établit des prêtres savants, pour l'instruction des enfants. Léon, y faisait aussi copier des livres saints et utiles, et les envoyait même aux Arméniens émigrés dans les pays lointains.

Nous trouvons encore la mention du couvent et du siège de Medz-kar dans les actes du concile de Sis, l'an 1307. On trouve dans la liste des supérieurs du couvent, Thoros, et parmi les docteurs, Grégoire. Dans un autre concile, sous le patriarcat de Mekhitar (1342), se trouvait Basile, instructeur à Medz-kar; probablement le mot latin Mageguar dans le document, indique ce même lieu. Les patriarches Jacques et Grégoire d'Anazarbe figurent aussi parmi les supérieurs de Medz-kar. L'église du sanctuaire était dédiée à la Très Sainte Mère de Dieu.

Non loin des forteresses que nous avons mentionnées, et dans la vallée moyenne du Djahan, on mentionne encore d'autres forteresses, parmi lesquelles nous pouvons citer Ané, lieu d'où sont originaires les Zeithouniens, dont le seigneur était Hery (Henri). Mazod-khatch, dont le seigneur s'appelait Siméon, à la fin du XII e siècle. En 1261, le gouverneur de cette même forteresse était un certain Grégoire, qui perdit le pouce de la main droite dans un combat contre les Karamans.

Nous recommandons à l'examen des explorateurs Khalidj et Amaïk, dont l'empereur Jean Porphyrogène s'empara alors que le prince Léon fut emmené en captivité. Ces deux noms doivent désigner des districts plutôt que-de simples forteresses; car l'historien de ces faits dit: «Porphyrogène, empereur des Grecs, prit Khalidj, Anazarbe, Vahga, Amaïk, Tzakhoud et leurs autres forteresses».

L'Amaïk n'est pas celui aux habitants duquel Saint Nersès le Gracieux a écrit; car ce dernier lieu formait un district dans la Mésopotamie; quant au nôtre, on le doit chercher peut-être, selon Aboulféda, près du lac d'Antioche. Notre historien nous fait présumer qu'Amaïk, ainsi que les autres lieux qu'il mentionne, était une bourgade ou une forteresse; Aboulfaradj me semble même confirmer cette opinion, lorsqu'il appelle Emay l'un des villages qui furent ruinés en 1269, par le tremblement de terre, dont le centre d'action paraît avoir été sur les rives du fleuve Djahan, furent ruinées aussi les forteresses de Sarvantave et de Hamousse: lieux, dont nous nous approchons, en quittant les régions montagneuses du Taurus et les Hauts Plateaux de la Cilicie pour descendre dans la plaine ou la Cilicie Champêtre.