Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Aux environs, dans la partie montagneuse au nord-est de Séleucie, on devrait chercher un lieu important, le grand bourg et château-fort de Pracana, Ilpaxavà. L'historien Nicétas l'appelle Praca ou Pracan, Πραχανα ̀̀, et le classe parmi les villes de la Séleucie [1]; Cinnamus, dans celles d'Isaurie [2]. Cette ville est mentionnée pour la première fois sous le règne de l'empereur Manuel, à son passage de Cilicie en Isaurie, en 1143, alors qu'il accompagnait à Constantinople la dépouille mortelle de son père. L'empereur, arracha cette place des mains des Turcs, mais deux ans après, ceux-ci la reprirent avec tous ses alentours et les saccagèrent. Deux ans plus tard, Manuel marcha contre les Turcs; mais le sultan d'Iconium (Massoud) s'empressa de lui envoyer comme messager un certain Suléiman, pour lui offrir Pracana; l'empereur se déclara satisfait et rentra paisiblement à Constantinople. (p. 392- Plan de l'emplacement de la ville de Corycus) Il commit probablement la garde de cette place à Tigrane, arménien, mais sujet de l'empereur, car en 1151, on cite celui-ci comme seigneur de Pracana: mais il fut pris par le brave Thoros II dans la grande bataille de Messis et dut payer une forte rançon pour sa délivrance. Quelques années après, à son retour en Cilicie, Manuel appela Tigrane auprès de lui. Le petit-fils de ce dernier qui portait le même nom que son aïeul, était maître de la place lors du couronnement de Léon (1199). Dix ans auparavant (1188) Pracana se trouvait au pouvoir des Turcs, mais je ne sais depuis combien d'années. Sir Baudouin, connétable, de famille noble, voulut s'en emparer par surprise, mais loin de réussir il fut tué lui-même. Le brave Léon ne tarda pas à le venger; «deux mois après il conquit Pracana et tua le commandant du château, l'émir Tiphli, qui avait fait mourir Baudouin avec 200 personnes». Pendant le règne de Héthoum I er, le sultan Khiateddin organisa une grande expédition et vint assiéger la ville de Tarse avec plusieurs milliers de soldats. Il mourut durant cette campagne; mais avant que la nouvelle de sa mort ne se fût répandue, les émirs cherchèrent à traiter avec Héthoum, et «lui demandèrent Pracana, comme prix de leur retraite; le roi y consentit et ils retournèrent chez eux», ainsi que nous l'avons rapporté ailleurs [3]. Lorsque les Arméniens découvrirent la ruse des ennemis, ils firent tous leurs efforts pour reprendre leur forteresse, mais n'y réussirent qu'au bout de deux ans, et après avoir eu recours à maints stratagèmes. Selon les historiens, ils cachèrent des hommes entre les rochers, ce qui indique la nature des environs de Pracana. Après ce dernier événement, ce lieu resta probablement longtemps aux mains des Arméniens. Lors de la suppression de leur royaume, en 1374, le seigneur de Corycus était messire Constant de Braganna, selon Dardel.

Dans cette région se trouvait aussi sans doute le château Pertag, (Petit château), cité par notre historien, avant Pracana et après Manache. Vers la fin du XII e siècle, le maître de ce château était Mikhaël, probablement grec de nationalité ou de confession. Est-ce le même lieu que l'historien arabe appelle château de Berin, sur lequel marcha une partie des soldats de Beibars lors de sa grande invasion, en 1274 [4] ?

Après Mikhaël on trouve cité comme seigneur de Pertag et de Mokhrod (cendreux), un certain Léon, dont la sœur s'était mariée avec le maréchal Vahram, qui la répudia en 1220, pour se remarier avec Alice, princesse «très belle et très pieuse», fille de Roupin, prince d'Antioche. En 1304, le maître de Pertag était un jeune baron, Léon, fils du baron Grégoire et de la dame Agatz (Agatha): celle qui avait dans la même année racheté un évangile tombé aux mains des infidèles. Le chroniqueur ajoute que peu après cet évangile devint la propriété d'un certain Ochine d' Oghormig ( Աւղորմկանց ), mari de Zabloun et père de Tefano (Théophanée) et de Grégoire.

Il faudrait de même chercher sur ces frontières le château de Sivil dont le maître était Ochine, à la fin du XII e siècle. Dans l'énumération des châteaux, il est classé entre Pracana et Corycus. Dans une statistique ecclésiastique du VI e siècle, on trouve indiqué parmi les siéges épiscopaux du département de la Séleucie Cilicienne, le siége de Sevila, après Dalisantus et avant Célénteris et Anémour déjà connus. Les explorateurs modernes placent Sévila près de Monte.

A une lieue de l'embouchure de la rivière Tatli-sou, se trouve le célèbre Corycus, avec son château, son île et ses cavernes rocheuses. Cette place est fortifiée par la nature, par des falaises qui surplombent la mer comme des murailles, et par des rochers qui s'étendent sur la terre. Sur toute la longueur des plages maritimes on trouve des débris de constructions, entre les ondes de la mer et le pied des monts, derrière lesquels s'élèvent les montagnes, qui sont probablement les Arimi ou Arimos, ' Αρίμος, des mythes grecs. La ressemblance du nom a fait penser à quelques-uns que les Araméens, c'est-à-dire les Syriens, avaient été les anciens habitants du territoire et qu'ils en avaient été chassés par les Ciliciens, à leur retour de la guerre de Troie. Comme Homère mentionne ce lieu ou cette nation au datif ( ει ̉ ν ' Αρίμοις ), les Latins ont joint ensemble la préposition et le nom et l'ont appelée Inarime, ainsi que nous le lisons dans Virgile, (Enéide IV, -715-6):

Fremuit .... cumque cubita

Inarime Jovis imperiis imposta Thyphoeo [5] .

Ce vers est ainsi commenté: Typhon, géant à cinquante ou cent têtes, l'un des révoltés contre Jupiter, fut seul délivré du massacre général, mais pris par ce dieu il fut enchaîné et emprisonné dans une caverne des montagnes d'Arima; jadis ce même Typhon dans un accès de passion avait poursuivi Vénus jusqu'aux bords de l'Euphrate; deux dauphins étaient venus transporter la déesse au bord opposé, et ils furent placés, en récompense, parmi les douze constellations du zodiaque. Les anciens poètes et géographes cherchent et posent les montagnes et la caverne d'Arima en divers endroits; beaucoup opinent pour la Cilicie. Pindare dit que le géant habitait autrefois dans les célèbres cavernes de la Cilicie.


[1] Nicétas, biographie de l'empereur Manuel. I. 1.

[2] Jean Cinnamus, dans son Livre des Histoires. II. 5 et 11.

[3] Selon l'historien Sempad le Connétable.

[4] D'Ohson, Histoire des Mongols. III. 473.

[5] Virgile tire cette tradition de l'Iliade.