Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  Sur les confins des deux anciennes provinces, d'Ayas et de Djeguère, les explorateurs cherchent ISSUS, célèbre par la grande bataille qu'Alexandre y livra à Darius, le 29 novembre, 333 ans avant J. -C. (p. 476- Environs d'Issus) Quelques-uns placent ce champ de bataille un peu au sud-est du Déli-tchay, qu'ils regardent comme le Pinarus, et pensent retrouver Issus dans la ville de Payas; d'autres opinions plus probables le placent aux environs des villages et des ruines cités plus haut; d'autres enfin, près d'Arakil ou de Kara-kaya. (p. 477- Environs du champ de bataille d'Issus) Selon Xénophon, Issus, ' Ισσός ou ' Ισσαί, était considérée comme la ville la plus extrême de la Cilicie sur les plages de la mer, dans un état florissant, et cela quatre ou cinq siècles avant l'ère chrétienne. De cette ville, on comptait cinq lieues jusqu'aux frontières de la Cilicie et de la Syrie, et à l'ouest, jusqu'au Pyramus, quinze lieues. Bon nombre de savants placent Issus à l'extrémité du golfe, au sud de Toprak-kalé, l'on indique le village Guezeneh et aussi des ruines. Ce village n'est pas justement au bord de la mer, comme les anciens nous le disent à propos d'Issus; mais nous sommes en droit de supposer que le rivage a été reculé comme dans les autres lieux par de continuels dépôts d'alluvions.

Quoiqu'il en soit, Cyrus le Jeune, traversa cette espace de vingt lieues, et après lui, 1'historien philosophe, avec ses dix mille. Le même chemin fut suivi par Alexandre; il traversa Issus, y laissant les soldats malades qui furent cruellement massacrés par les Persans quand ceux-ci arrivèrent après avoir passé les défilés des monts Amanus, à gauche du Djahan, près de Bahtché, l'on désigne sur les cartes un passage du nom d' Arslan-boghaze. Alexandre apprit cette triste nouvelle tandis qu'il s'avançait vers la Syrie; aussitôt il revint sur ses pas et trouva Darius avec son immense armée au nord, c'est-à-dire sur la rive droite du Pinarus, dans une plaine inégale et très étendue. Suivant Polybius, qui l'avait examinée en détail, c'était une plaine de la longueur de quatorze stades, s'étendant du pied des monts Amanus jusqu'à la mer, distante à peine de deux kilomètres; mais on pourrait regarder les mamelons de la plaine comme de petites montagnes [1] . D'après les descriptions des auteurs les plus sérieux, il est certain que Darius occupait le nord de la plaine et en se tournant vers le sud, ses soldats avaient à leur droite la mer et à leur gauche les montagnes. Alexandre arrivant du sud, avait à gauche la mer et à droite les montagnes. Comme il avait une armée relativement peu nombreuse, il était favorisé par la configuration du terrain; tandis que pour Darius, embarrassé par son immense armée et un grand nombre de cavaliers, la manœuvre devenait difficile, surtout en face d'un général aussi habile, intrépide et fougueux que son adversaire. Laissant de côté les descriptions des auteurs anciens et récents, j'estime plus à propos de transcrire ici les paroles de l'ancien traducteur arménien de la Vie d'Alexandre. Dans ce livre, composé d'après différents manuscrits il est dit, qu'Alexandre traversa la Palestine et parvint en Asie, qui est la ville d' Ayas, près de la Cilicie. Mais Darius campa en face d'Alexandre près de la rivière du Pindarus: ses soldats espéraient vaincre l'ennemi, «avec des chariots garnis de faux [2] , et étant arrivés les premiers, ils occupèrent les pentes des collines; les chariots passèrent en avant, occupèrent le front, se rangèrent en ordre de bataille et ne permirent pas à la cavalerie de passer entre eux, ni aux soldats de s'élancer contre l'ennemi. La plupart de ces lourds chariots se heurtant les uns aux autres, se mirent eux-mêmes hors de combat. Alexandre se retrancha sur les pentes raides et se disposa à 1'attaque, conduisant la droite de l'armée: puis sautant sur Bucéphale, il ordonna aux trompettes, de sonner la charge pour exciter les soldats à la guerre. Le son des trompettes se mêlant aux cris des combattants, excita les soldats qui, se précipitant, engagèrent l'action sur plusieurs points à la fois. Une confusion générale régna dans les deux armées. Des deux côtés on combattit avec une grande intrépidité, durant de longues heures. Après un grand combat, les ailes des deux armées se trouvèrent en face l'une de l'autre, les lances à la main. La garde d'Alexandre, de son côté, chassait les soldats de Darius et les taillait en pièces: une grande confusion régna parmi eux, à cause de leur grand nombre; ils se massacraient l'un l'autre; ainsi ils souffraient plutôt par eux-mêmes que par les ennemis. On ne voyait plus que des soldats terrassés: il était impossible de distinguer entre le Persan et le Macédonien, entre le général et le satrape, entre le cavalier et le fantassin; la poussière était si épaisse qu'on ne voyait plus ni ciel ni terre... Enfin, après des pertes considérables, les Persans se virent obligés à une fuite précipitée... Le jour déclinait. Darius lui-même saisi de terreur, quitta son char à cause des aspérités du terrain... et montant à cheval prit la fuite». Notre historien et d'autres font monter la perte des Persans à cent-dix ou cent-ving mille hommes; les Grecs eurent une perte relativement insignifiante.

Quoique Darius ne soit pas mort dans cette bataille, c'est cependant que c'en fut fait de sa fortune et de celle de toute l'Asie; car Alexandre le poursuivit et ne cessa de le harceler jusqu'en Perse; grâce à ses victoires ininterrompues, il conquit la Perse, supprima ce grand empire oriental et y établit le sien ou celui des Grecs.

Le champ de bataille d'Issus fut appelé Nicopolis, Νιχόπολις, par les Grecs, c'est-à-dire ville de la victoire. Ils y érigèrent un trophée, et peut-être sommes-nous ici en présence de l'emplacement des Autels d'Alexandre, Arœ Alexandri, Cicéron campa pendant quatre jours, au pied des mons Amanus. C'est ici près encore, à sept kilomètres des plages de la mer, que l'on voit les ruines d'une grande ville, près du Kam-keuy (peut-être, Kam-kouh), montagne volcanique; quelques-uns croient y voir les ruines de Nicopolis [3] .

Le bienheureux Nersès de Lambroun dit dans son Commentaire de Zacharie, qu'«Alexandre le Macédonien, tua dans la plaine de la Cilicie, Darius, roi des Perses, qui résidait à Babylone, et supprima le royaume des Perses». Il éloigne ainsi vers l'ouest 1'emplacement de la bataille; puis, plus loin, il cite un monument et une inscription très importante et dignes de l'examen des archéologue. C'est ainsi qu'il dit: «L'inscription qui est près de la ville de Mamestie est ainsi conçue:

Devant les portes de Mamestie,

Près des ondes roulantes, dans la Cilicie,

(Gisent) les ossements des milliers de Persans;

Œuvre d'Alexandre le Macédonien...

Pour nous qui alors suivîmes le roi Darius

Ce fut ici notre dernière étape.

Près de cette inscription on trouve encore aujourd'hui un amas d'ossements». Nersès ne nous dit pas si cette inscription, à demi effacée, était en grec ou dans une autre langue; toutefois son antiquité est manifeste.

Quelques-uns parlent d'une autre bataille acharnée livrée au même endroit, 500 ans plus tard; c'est-à-dire l'an 194 de l'ère chrétienne, entre Septime Sévère et Pescennius Niger, son compétiteur au trône impérial. Septime remporta la victoire et Niger s'enfuit à Cysique, il fut tué. Mais cette bataille ne décida que de la fortune d'une seule personne: de l'avènement d'un empereur.


[1] En prenant en considération cette mesure, quelques-uns croient impossible que Darius ait pu placer son immense armée dans un espace aussi peu étendu. Cependant d'autres le croient possible; d'autant plus qu'Alexandre, au dire des historiens, profita de cette circonstance, qui ne permettait pas aux nombreuses troupes de Darius, et surtout à sa cavalerie, de se déployer. Ils soutiennent encore leur opinion en ajoutant, que le champs de bataille de Lipsie n'était pas si étendu non plus, et cependant 500 milles hommes purent s'y placer vis à vis.

[2] Un des copistes de la vie d'Alexandre, ajoute: «Les chariots étaient formés ainsi: chacun était attelé à quatre chevaux, et garni de chaque côté de lames tranchantes semblables à deux faux très affilées. Quand les chevaux s'élançaient, entrainant le chariot à travers les guerriers, les tranchants de deux côtés moissonnaient les soldats comme des gerbes de froment. Ainsi étaient faits tous les chariots de Darius, qui croyait vaincre Alexandre».

[3] Briano. La Siria et l 'Asia Minore, 446.