Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  Toutes ces localités, ainsi que leurs vallons respectifs, n'ont pas été explorées: pourtant elles jouissaient autrefois d'une certaine renommée: ainsi le bourg Zéphirium, près de Mersine et d'Ankiale, l'on alliait ensemble de l'argent et du plomb pour en faire du molubdène [1], espèce d'emplâtre que l'on appliquait sur les plaies. Mais la plus célèbre de toutes ces localités est celle qui se trouve à droite de l'embouchure près du Mézédli: l'ancienne ville de soles, Σόλος, ou Σώλοι (Soloï ou Solopolis), connue déjà du temps de Cyrus le Jeune. Quelques-uns prétendent que ce nom lui a été attribué en l'honneur de Solon, par le roi Phylochyprus, son ami.

Soles était autrefois une ville florissante et son commerce, très actif, grâce à la colonie grecque qui s'y était établie, et attribuait la fondation de la ville à des colonies argiennes ou rhodiennes. (p. 415- Monnaie de Soles (en argent)

Sous le règne de Darius, durant la guerre, les citoyens de Soles se mirent du côté des Perses; c'est pourquoi Alexandre les obligea à payer une indemnité de guerre de 200 talents, preuve que la ville devait être riche. Après la fameuse bataille d'Issus, le vainqueur traversa la ville, y fit des sacrifices à Esculape, ordonna des représentations théâtrales et des jeux olympiques. (p. 416- Ancienne monnaie de Soles)

Bien que les habitants de Soles eussent la langue lourde, il en fut parmi eux qui acquirent une grande renommée dans les sciences et furent la gloire de leur ville natale. Ainsi le philosophe péripatéticien Cléarque, disciple d'Aristote et auteur d'une vie des hommes illustres, dont le texte est perdu; Crantor, disciple de Xénophon, philosophe, auteur du livre: Consolation dans les peines, dont Cicéron dit avoir beaucoup profité. Chrysippe, stoïcien, disciple de Cléantre et rival d'Epicure; il écrivit, dit-on, plus de trois cents discours avec l'exposition de systèmes étranges. Ces trois philosophes vécurent trois siècles avant J. -C. A Soles naquirent encore les deux Phylémon, père et fils, comédiens. Le premier mourut, dit-on, par un éclat de rire, dans un âge très avancé. Il ne faut pas oublier non plus Aratus qui vivait au III siècle, célèbre par son ouvrage: de l'Astronomie ou des Phénomènes, que d'anciens auteurs ont commenté, et que Cicéron et Germanicus ont traduit en vers latins; son tombeau est, dit-on, sur une petite colline au nord-est de la ville. (p. 416- Tombeau d'Aratus)

Pendant la guerre de Mithridate, son allié et son beau-père, Tigrane, le conquérant, ennemi comme lui des Romains, mit à feu et à sang toute cette région de la Cilicie, et ruina Soles de fond en comble. Quelques années après, Pompée marcha contre ces deux rois, occupa la ville, la releva entièrement et lui donna le nom de Pompéiopolis, Πομπηϊούπολις; il la munit de murailles et de remparts et l'orna de différentes constructions élégantes; il construisit aussi un beau port ovale de 460 mètres de long sur 220 de large, profond d'un peu plus de deux mètres, et garni d'un rempart de 15 mètres d'épaisseur; à l'est se trouve creusé un réservoir. Presqu'à 90 mètres au loin dans la mer on voit un piédestal qui devait, sans doute, porter une statue de ce général, ou une idole. Pompée établit dans la ville une partie des pirates, ses prisonniers, et d'autres colons. (p. 417- Plan de la ville Pompéiopolis)

La ville progressa rapidement et devint un siége épiscopal dépendant de la province de Séleucie. On trouve beaucoup de monnaies frappées dans cette ville, soit du temps de son autonomie soit sous la domination romaine. (p. 417- Monnaie de Pompéiopolis) Elles portent souvent les figures de Pallas et de Diane ou de Baal, ce qui indique son origine sémitique; de même les figures du soleil, de grappes de raisins, ou bien de Pompée son restaurateur, etc; comme on le voit dans les reproductions ci-jointes. La plus remarquable est la grande monnaie de bronze nouvellement retrouvée, qui porte le nom de la ville dans un croissant [2] .

Un grand tremblement de terre, en 524, désola entièrement la ville, qui ne recouvra plus sa grandeur primitive, dont il nous reste encore de si remarquables témoignages. Le principal est une double rangée de 200 colonnes parallèles et distantes de 15 mètres; elle commence au port et va aboutir au milieu de la ville, au nord-est, ce qui fait une longueur de 450 mètres; une route pavée se prolonge dans la même direction jusqu'à un pont en ruines. Ces colonnes se réduisent aujourd'hui au nombre de 45 dans la rangée orientale; celles de l'ouest sont entièrement renversées; elles ont une hauteur de 5 mètres 50, et un diamètre de 95 centimètres: chacune est composée de quatre pièces cimentées; une moitié est d'ordre corinthien, l'autre d'ordre composite. (p. 418- Allé de colonnes à Pompéiopolis) On remarque que le dessin des feuillages varie dans les chapiteaux de même ordre; entre les volutes sont placés des bustes d'hommes et des figures d'animaux. Sur quelques-uns de ces chapiteaux on remarque des victoires tenant des palmes et des couronnes en mémoire des triomphes de Pompée [3] . A l'est de la ville, adossé à une colline, se trouve le théâtre ou amphithéâtre, dont les fondements étaient de marbre blanc; mais il ne reste plus aujourd'hui que quelques gradins; quant aux murailles qui entourent toute la ville, elles sont dans un état presque parfait, avec plus de 30 tours carrées. Hors des murs, on voit des tombeaux, des mausolées et des débris d'autres constructions, qui prouvent que le pays était habité par une population nombreuse. L'un des mausolées de marbre, construit avec assez de goût, fut transporté à Tarse; l'épitaphe grecque indique un certain chrétien Dionisius, âgé de 70 ans, et sa femme Ammia, morte à 44 ans. On voit encore des traces de bains et de réservoirs, des aqueducs et des églises, dont l'une, d'une forme oblongue, est au centre de la ville. (p. 419- Colonses de Pompéiopolis)

Entre le rivage de la mer et les montagnes, paissent dans la plaine des troupeaux de brebis et des bestiaux; les alentours sont inhabités jusqu'à Mézédli: on remarque quelques vieux châteaux sur les monts. Durant leur domination, les Arméniens appelaient la ville Pampolson. Le catholicos Grégoire d'Anazarbe écrit dans l'histoire de saint Calippus: «Le martyre eut lieu le 5 avril, dans la ville de Pompioupolis des Ciliciens, c'est-à-dire à Baumpalis », ce saint fut condamné au supplice de la croix, après avoir été torturé. Sa mère Théoglée paya 500 piastres aux exécuteurs pour que son fils fût crucifié la tête en bas; à peine avait-on descendu le cadavre que la mère l'embrassant tendrement rendit son âme: tous deux furent ensevelis ensemble. Dans l'histoire du martyre de Phocas II, le 25 juin, le même Grégoire d'Anazarbe écrit: «Près de Pompioupaulis, près du mont, il fait beaucoup de miracles».

Vers la fin du royaume des Arméniens, en 1318, les Karamans avaient fait une incursion à Tarse; au retour, ils campèrent près des aqueducs de Bampolson: «Le Baron Ochine, comte de Corycus, à la tête de trois cents soldats les surprit et les massacra. Il retourna sur ses pas le cœur plein de joie».

Les aqueducs étaient construits sur les hauteurs: l'on distinguaient de loin leurs longues rangées de colonnes. Le port de Pompéiopolis devrait être alors très commerçant, car sur une carte maritime italienne du moyen âge, on trouve indiqué un certain Porto Bombilico, quoiqu'assez distant de Lamas.

Sur les confins de Pompéiopolis, selon Pline l'Ancien, on voyait des sources de bitume; cela fut confirmé par le maire d'un village, devant Beaufort, au commencement de notre siècle; il les signalait à six heures au nord-est de Mersine. Ibrahim-pacha, lors de la guerre égyptienne, découvrit ces sources et sut en tirer parti. L'endroit elles se trouvent est appelé Bikhardy ?, par Beaufort. Près de la mer jaillit une source d'eau douce.

Les environs du port et les rives de la mer de Pompéiopolis sont appelés Hakhmoun par les indigènes, qui attribuent à un Juif la fondation de la ville.

Dans les environs de Pompéiopolis, on a découvert une nouvelle espèce de silène que l'on a nommée Silene pompejopolitana; on y indique aussi d'autres plantes: la Centaurea glauca et l' Orobanche camptolobis.


[1] «Est et molubdena ... vena argenti plumbique communis ... Laudatissima qu æ in Zephyrio fiat». Pline, Hist. Nat. XXXIV. 53.

[2] Cette monnaie conservée dans le musée impérial de Vienne, a été publiée par Fried. Kenner et par Boutkowsky.

[3] Les voyageurs presque contemporains (Beaufort, Barker, Langlois, Tchihatcheff, Petermann, Davis), qui parlent des colonnes qui restent encore debout, ne sont pas d'accord quant à leur nombre; chacun nous en donne un différent: 40, 41, 42, 43, 45. Ce fait n'augmente ni ne diminue le mérite de leur antiquité: mais cela démontre que les explorations ne se font pas avec la précision rigoureuse désirable.