Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Les encouragements du pontife romain et les paroles consolantes qu'il adressa en particulier au jeune roi Léon, au bailli Ochine, au clergé et au peuple, ainsi que ses subsides en monnaies, car il ordonna à ses nonces de faire de sa part à la société des Florentins, un emprunt de trente mille pièces d'or, et d'en attribuer une partie à la reconstruction du fort maritime d'Ayas, sur quoi insistait beaucoup le Vénitien Sanudo, l'ami des Arméniens [1], tout cela, disons-nous, en même temps que sa promesse d'envoyer une autre croisade et sa recommandation de résister aux Egyptiens, tout cela encouragea les Arméniens qui s'empressèrent de reconstruire les deux forteresses d'Ayas. Ce qu'ils exécutèrent d'ailleurs en peu d'années, ne faisant pas cas du traité d'alliance qu'ils avaient conclu pour 13 ou 15 ans et par lequel ils s'engageaient à ne plus recommencer les hostilités. Or, les deux parties adversaires s'accusaient réciproquement de l'inobservance du traité. Pendant huit années ils s'étaient mutuellement soupçonnés et avaient temporisé par une fausse politique. Nos compatriotes comptaient toujours sur les lents secours et les belles promesses du pape. Cela dura jusqu'en 1330 ou 1331, époque l'hostilité des Egyptiens se manifesta tout entière [2], puis éclatèrent des troubles, dont nous ignorons les causes, et en même temps des querelles entre les Arméniens et les Vénitiens. On rapporte que les Arméniens avaient coupé les poignets à un certain Pietro Pizzolo, pour avoir aidé un de ses compatriotes, nommé Marco Contarini, à s'évader de la prison, il était enfermé pour dettes. Le Sénat de Venise envoya des ambassadeurs pour engager le roi à rétablir la bonne harmonie entre les Arméniens et les Vénitiens. Les deux peuples se réconcilièrent enfin, et Léon IV accorda un nouveau privilège aux Vénitiens, le 10 novembre, 1333.
Un autre chroniqueur dit qu'en 1331, Ayas et son port retombèrent au pouvoir des Egyptiens, mais il confond ce fait avec le premier. On assure que les Arméniens firent de fréquents appels et adressèrent de nombreuses lettres aux peuples d'Occident, pour demander leur appui. Selon quelques historiens, Léon lui-même se serait rendu auprès de Philippe de Valois, roi de France, dont il reçut un subside de 10, 000 florins, pour la reconstruction des forteresses d'Ayas. Je ne crois pas que Léon se soit rendu en personne à la cour de France, mais il dut y mander des ambassadeurs recommandés par le pape Jean, à ce dernier roi. C'est ce que nous atteste une lettre que le pape écrivit à Léon, le 16 août 1332. Les ambassadeurs étaient arrivés à Paris deux mois auparavant; car Philippe prescrivit à son trésorier le 11 juin, de leur accorder la somme de dix mille pièces d'or [3] , somme qui serait consignée au roi d'Arménie dans le cour de trois ans, en raison de deux acomptes dans l'année.



[1] Sanudo écrivit bien des lettres pressantes au Pape, à ses cardinaux et à d'autres grands personnages de l'Eglise, ainsi qu'aux Princes, qui pensaient envoyer une nouvelle croisade en Orient, pour les engager à venir en aide aux Arméniens, en même temps qu'à tous les chrétiens de l'Orient. Et, comme il disait aux cardinaux que, dans les cas difficiles, il fallait empêcher tout d'abord de plus grandes catastrophes; il les priait d'envoyer plutôt des secours aux Arméniens écrasés par des tributs énormes, que de venir en aide aux Croisés pour la délivrance des lieux saints, et de mettre les Arméniens en état de fortifier leurs côtes. Sanudo priait encore d'autres personnages d'intervenir auprès du Sultan pour lui faire diminuer les impôts dont il écrasait les Arméniens et pour lui faire reconstruire Ayas. Il demandait au pape de recevoir avec bienveillance les ambassadeurs du roi d'Arménie, (le Frère Thadée entre autres), il le suppliait de se hâter d'accorder sa protection aux côtes de la mer, pour que les Arméniens trouvassent le moyen de reconstruire les forteresses d'Ayas, et il apportait comme preuve Notre Sauveur, qui bien qu'il ait livré les forteresses, avait voulu conserver la capitale des Arméniens, pour faire voir sans doute que les chrétiens ne devaient ni perdre courage, ni désespérer et considérer leur ruine comme complète, que Dieu avait permis aux musulmans de s'emparer de cette contrée pour que les chrétiens missent plus de zèle à garder les côtes de la mer. Sanudo disait encore au pape, qu'il aurait plus d'intérêt, lui, le pape, à garder ces côtes qu'à conserver les sommes que cela lui coûterait. Ensuite, il envoya une lettre au jeune roi Léon IV, qui lui avait écrit; en voici le texte: «Serenissimo et Excellentissimo Domino suo, Domino leony, Dei grati æ Armeni æ Regis, suus humilis et devotus, Marinus Sanutus dictus Torcellus, de Venetiis, se totum promptum et avidum ad beneplacita regalia et mandata.

Regia noverit Celsitudo quod vestras recepi litteras cum gaudio, de quibus quamplurimum extiti consolatus. Et quia pius labor ex prosecutione continua commendatur, Magnificenti æ Vestr æ significo, Deo cui nullum latet secretum, Ambaxiatoribusque vestris ad Papam, ac Domino Baldo de Spinola, attestantibus, quod pro succursu ac quiete bona Regni Vestri, meis expensis personalibus, cum magnis laboribus corporalibus, Dominum Summum Pontificem ac Cardinales, dominum etiam Regem Franci æ et sui regni consilij Comites et Barones, ac dominum Comitem Hannoni æ visitavi. Et quia secundum Beatum Jeronymum, Labor improbus omnia vincit, non adhuc cesso ipsos omnes pr æ dictos ac etiam dominum Regem Angli æ, pro dicti Regni Vestri adjutorio, per meas acutissimas litteras visitare; prout dominus ac Frater Tadeus et socij sui Vestri nuncij, modo actualiter in Romana Curia, Vobis cum ad Vos redierint, referre poterunt viva voce. In quibus scripturis meis, sicut novit lator pr æ sentium, Frater Ugo ordinis Pr æ dicatorum, qui illas scripsit, informari omnes pr æ dictos dominos solicite, de modo et ordine debito procedendi. Et illos ac alios pr æ latos et principes, ad Dei honorem et gloriam Vestramque ac Regni Vestri consolationem, intendo quantum in me est pulsare continue, donec misericordiarum et Deus totius consulationis effectum aliquem concesserit oportunum. Conservet Vos Altissimus in Regnum Vestrum in omni fertilitale bonorum, per tempora longiora. Si qua possum facere Vestr æ grata Celsitudini, promto animo sum paratus. Non miretur Regalis quod ei a diu non scripserim: expectabam enim meliora transmittere, qu æ nondum ad libitum erenerunt».

Dat æ Venetiis, anno D. N. J. C. circa M. CCC. XXVI.

[2] Sur ces entrefaites, c'est-à-dire pendant les années 1330 et 1331, quelques historiens de l'occidentdisent que les Arméniens déployèrent un courage extraordinaire et qu'ils tuèrent  presque cinquantehuit mille Egyptiens, et qu'eux ne perdirent que sept hommes!— (Art de vérifier les Dates).

[3] «Philippes par la grâce de Dieu, roy de France, à nos amés et f'éaus les gens de nos Comptes et nos Tresoriers à Paris, salut et dilection. Pour ce que nostre très chier cousin le Roy d'Arménie nous asegnefié que les Sarrasins de par de le guerroyoient efforciement, nous voulons le faire aide, pour ce qu'il puisse mieux garder ses chastiaux et son pays, et resister aus dis Sarrasins; si que le dict pays d'Arménie, qui est pays convenable, si comme l'on dit, arecevoir nous et nos gens, se nous nous y transporterons pour le saint voyage d'Outremer, duquel faire, Dieu aydant, nous avons grant devotion et desir, soit retenu et ne puisse estre prins ou grevé par les Sarrasins mescreans; Avons donné au dit Roy et donnons de grace especiale par ces Lettres diz mille florins d'or de Florence, pour estre convertis en la garde de dicts chastiaux et pays; lesquels nous voulons que li soient payés, ou à son certain mandement, en trois ans Si vous mandons que le dix mille florins dessus dis vous li assenez sur aucunes de nos receptes, et mandés à noz receveurs, sur lesquels vous les assenerés, qui les paient au certain mandement dout dit Roy, en trois ans prochains venans, à deux termes en l'an; c'est à sçavoir, à Noël et à la St. Jehan, le premier terme en commençans à Noël prochain venant. Et nous volons et vous mandons que iceuz diz mille florins ainsi paiés vous aloés ez comptes des ditz receveurs qui les paieront, en vous raportant les lettres par quoy vous les y aurez assenés, et quittance de ceuls qui les recevront pour le dit Roy, qui auront de li pouvoir de recevoir. Donné à Paris le 11 jour de Juign, l'an de grâce Mil CCC trente deux».

A la fin du décret on lit: Collatio hujus transcripti facta fuit in Camera Computorum, tertia die Julij, anno Domini CCCXXXII˚, cum Originali signato sic: «Par le Roy, a la relation de vous, de Martin de Essars, de Mons. Guy Chevrier, et des Tresoriers, Ja. de Boulay, par me J. de Noeriis, et me J. Aquilœ.