La
partie
sud-ouest
de
l'ancienne
province
de
Tyana
forme
le
district
actuel
d'Erégli
qui
fait
partie
de
la
province
d'Iconium;
à
cause
de
sa
position
ce
lieu
avait,
dans
les
temps
passés,
successivement
appartenu
à
l'un
des
trois
ou
quatre
pays
de
Lycaonie,
de
Cilicie,
de
Cataonie
ou
de
Cappadoce.
Les
Romains
le
placèrent
dans
la
Cappadoce,
lors-qu'ils
partagèrent
tous
ces
pays
en
dix
provinces;
plus
tard
ils
en
formèrent
une
onzième
avec
les
districts
des
villes
de
Castabala,
Καςτάβαλα
et
de
Cybistra,
(
Κύβίστρα
),
près
du
Taurus.
Les
contemporains
regardent
Cybistra
et
Héraclée
comme
une
seule
et
même
ville.
Notre
intention
n'est
pas
de
préciser
tout
ceci,
mais
nous
le
citons
simplement,
parce
que
cette
partie
du
pays
fut
ajoutée
au
domaine
des
souverains
arméniens
de
Cilicie.
Ils
conservèrent
à
la
ville
son
nom
d
'Araglée;
mais
elle
ne
resta
pas
longtemps
dans
leurs
mains:
cependant
la
partie
orientale
de
la
province
demeura
plus
longtemps
attachée
au
royaume
de
Sissouan.
Le
côté
est
de
cette
région
a
pour
confins
les
montagnes
Boulghars,
dont
les
bras
s'étendent
vers
le
nord-est
et
forment
le
partage
des
eaux
du
Sarus;
au
nord
se
trouve
le
district
de
Nigdé,
à
l'ouest
elle
est
entourée
par
les
montagnes
Karadja,
auprès
desquelles,
en
commençant
du
grand
lac
Touzla-gueul
(lac
de
sel),
s'élève
le
cône
tronqué
d'un
volcan
éteint,
affectant
la
forme
d'un
museau
bizarre.
A
ses
pieds
s'étendent
des
carrières
de
sel
gemme,
que
les
habitants
de
Karabounar,
village
voisin,
viennent
exploiter.
(p.
186-
Cratère
de
la
montagne
Karabounar)
Du
côté
du
sud,
d'autres
bras
des
montagnes
Taurus
la
séparent
de
la
province
de
Karaman
proprement
dite,
ou
de
Laranda.
Un
autre
bras
isolé
des
Monts
Boulghars
à
l'ouest
des
villages
Darbas,
Emirler
et
Kila-keuy,
s'étend
à
l'ouest,
sur
une
longueur
de
20
kilomètres
à
peu
près,
et
porte
selon
les
uns
le
nom
de
Kapakli,
selon
d'autres,
celui
d'Ibriz-dagh;
il
est
à
peu
près
parallèle
à
la
grande
chaîne
du
Taurus
et
forme
ainsi
avec
cette
dernière
une
étroite
vallée
parcourue
par
le
fleuve
d'Aragli
dans
la
même
direction,
du
sud-est
au
nord-ouest.
Cette
rivière
appelée
par
les
Turcs
Khodja-tchay,
traverse
la
ville,
du
sud
à
l'ouest
et
se
jette
dans
le
grand
lac
Ak-gueul,
qui
reçoit
encore
la
rivière
Kezeldjé
ou
Kezel-ermak
de
Nigdée
et
de
Tyana.
Au
côté
droit
de
Kezeldjé
et
des
monts
Kapakli,
passe
une
autre
rivière
appelée
Kirlune?
boghazi!
(selon
Tchihatchef),
et
qui
tournant
vers
le
nord,
va
se
mêler
au
Kezeldja
ou
à
d'autres
cours
d'eau.
Le
conquérant
Léon,
avant
ou
après
son
couronnement,
s'empara
entre
autres,
«des
villes,
d'Héraclée
et
d'Isaurie,
et
acheta
avec
ses
trésors
plusieurs
forteresses
et
châteaux»,
comme
le
rapporte
un
mémoire.
Il
acheta
encore
après
quelque
temps
la
ville
de
Césarée.
Il
ne
laissa
probablement
pas
de
si
tôt
reprendre
Héraclée;
car,
lorsque
le
sultan
Kaïkaouz
vint
se
venger
de
lui,
«pour
la
grande
force,
comme
dit
l'historien
Sempad,
qu'avait
acquise
le
roi
Léon,
qui
s'était
emparé
d'Héraclée
et
de
Laranda»,
les
historiens
ne
mentionnent
pas
que
Léon
lui
ait
abandonné
dans
cette
circonstance,
la
ville
d'Héraclée,
mais
ils
citent
la
forteresse
de
Loulou
et
d'autres
encore;
mais
il
est
certain
que
son
successeur
Héthoum
ne
la
possédait
pas,
quoiqu'il
eût
dans
la
vallée
plusieurs
châteaux.
Lorsque
ce
dernier
revint
du
pays
des
Tartares,
au
mois
d'octobre,
1256,
«il
rassembla
ses
troupes,
dont
les
forces
s'élevaient
dit-on
à
cent
mille
hommes
et
il
assaillit
la
Province
des
Grecs
(
գաւառ
Հոռոմոց
)
au
pied
du
mont
Taurus,
près
de
la
ville
d'Araglie,
dans
le
Col
d'Eghéghétzik
et
à
Mourandine;
ils
s'emparèrent
de
nombreux
bestiaux
et
de
moutons,
de
chevaux
et
de
mulets,
d'esclaves
et
de
trésors,
et
s'en
retournèrent
joyeusement
et
chargés
de
dépouilles,
dans
leur
pays».
Certes
le
sultan
d'Iconium
ne
pouvait
supporter
tant
de
pertes:
chaque
fois
que
l'occasion
lui
semblait
favorable,
il
attaquait
les
frontières
de
Héthoum,
vers
le
pied
des
montagnes.
Comme
les
hostilités
ne
finissaient
pas
des
deux
côtés,
Héthoum
recourut
à
l'arbitrage
des
terribles
Tartares
pensant
fixer
définitivement
les
confins.
Il
se
rendit
auprès
de
Houlaghou-khan,
ayant
avec
lui
des
juges
compétents;
c'était
l'an
1263:
«ceux-ci
l'accompagnèrent
jusqu'à
Héraclée,
où
vint
aussi
le
sultan
d'Iconium,
Roukneddin.
Après
une
entrevue
de
quelques
jours,
ils
fixèrent
les
conditions
de
la
paix
et
ils
se
jurèrent
amitié,
après
quoi
chacun
s'en
retourna
chez
soi»
[1].
On
rapporte
que
l'an
1276-7
les
Turcomans
attaquèrent
et
dépouillèrent
ici
une
caravane
de
marchands
et
en
tuèrent
quatre-vingts;
l'un
d'eux
était
le
procureur
de
la
famille
Issaberd
Khaziri
et
portait
avec
lui
la
somme
de
120,
000
deniers;
de
toute
la
caravane,
seulement
quatre
personnes
purent
se
sauver.
La
ville
d'Héraclée,
appelée
par
les
Arméniens
Araglie,
par
les
Turcs
Eréglie,
est
bâtie
sur
une
colline
plate,
à
une
altitude
de
1,
038
mètres;
elle
est
d'une
élégance
naturelle,
toute
verdoyante
au
milieu
de
vignes
et
de
platanes,
mais
elle
n'a
pas
des
monuments
remarquables.
La
ville
compte
1,
000
familles
turques
et
50
arméniennes,
d'après
ce
qui
fut
rapporté
au
voyageur
anglais
Hamilton,
qui
y
passa
la
nuit
du
5
août
1837,
sous
une
tente,
ayant
trouvé
les
maisons
très
misérables
et
les
rues
très
sales.
Il
n'y
mentionne
que
les
mosquées,
et
le
pont
de
bois;
mais
le
panorama
de
la
ville
lui
sembla
si
beau
que
dans
son
admiration
il
l'appelle
«
d'un
aspect
anglais
»,
(english-looking
scenery).
Quinze
ans
après,
un
autre
anglais,
Ainsworth,
visita
ce
lieu,
et
y
trouva
800
maisons
turques
et
50
arméniennes
[2];
il
logea
chez
une
famille
arménienne;
comme
curiosité,
il
ne
mentionne,
que
le
petit
marché
public
[3].
A
peu
près
à
la
même
époque
Moltke,
officier
allemand,
si
célèbre
depuis,
passa
par
la
ville
et
il
en
admira
beaucoup
l'aspect;
il
la
trouva
comme
ensevelie
sous
les
arbres
aux
pieds
des
montagnes,
desquelles
descendait
un
ruisseau,
dans
une
vallée
pittoresque.
Ce
cours
d'eau,
après
avoir
traversé
pendant
deux
heures
les
prairies,
acquiert
un
goût
amer
et
se
perd
dans
un
marais
[4].
Soixante
dix
années
avant
ces
voyageurs,
l'allemand
Nieburh
y
comptait
1,
700
familles.
Après
lui,
l'espagnol
Ali-bey
mentionne
avec
éloges
les
fruits
de
ses
jardins
et
surtout
les
poires.
Il
y
a
quatre
siècles
(1432),
Héraclée
fut
visitée
par
le
français
Bertrandon,
qui
affirme
y
avoir
vu
des
restes
de
murailles
et
de
forteresses,
et
sur
la
vaste
plaine,
coupée
de
nombreuses
collines,
des
villages
turcomans
dispersés.
Le
dernier
voyageur
qui
me
soit
connu
est
l'anglais
Davis;
il
apprit
du
docteur
de
ce
lieu
(Saleh
effendi
de
Tripoli),
que
les
familles
turques
s'élevaient
de
650
à
700,
et
qu'elles
comptaient
3,
000
âmes;
quant
aux
Arméniens
ils
arrivaient
au
nombre
de
150;
pourtant
un
autre
lui
a
affirmé
que
les
Arméniens
formaient
50
familles,
mais
que
les
Grecs
étaient
peu
nombreux.
Davis
ne
laisse
pas
sans
éloge
le
curé
des
Arméniens,
que
les
Turcs
mêmes
respectaient.
[1]
L'historien
de
la
Cilicie,
auteur
arménien
de
la
fin
du
XIII
e
siècle.
[2]
Un
autre
voyageur,
en
1833,
indique
à
Héraclée
de
5
à
600
maisons,
et
3,
000
habitants,
en
grande
partie
Arméniens.
[3]
We
were
lodged
in
an
armenian
house,
the
tenants
of
which
were
not
inhospitable.
—
Atnsworth.
Tom.
II,
71.
[4]
Langten
wir
zur
Eregli
an,
einem
unter
Baümen
begrabenen
Städtschen
am
Fusse
der
Gebirge,
von
denen
ein
prächtiger
Bach
in
einem
romantischen
Thale
herab
rauscht,
der
aber
schon
nach
zweistündigen
Laufe
in
der
Ebene
bitter
und
salzig
wird
und
sich
in
einen
Sumpf
verlauft
».
—
Moltke,
Briefe,
322.