Avant
de
nous
éloigner
de
Lambroun
et
de
Sghévra,
il
convient
d'examiner
avec
un
peu
plus
de
détail,
si
c'est
possible,
les
traces
de
la
vie
de
Saint
Nersès
de
Lambroun,
dont
l'influence
fut
si
grande
et
si
heureuse.
Outre
les
deux
monastères
dont
nous
avons
parlé
en
détail,
il
dut
y
avoir
aussi
des
couvents
de
religieuses,
et
c'est
probablement
dans
un
de
ces
derniers
que
se
retira
Chahantoukht,
la
mère
de
notre
Saint,
ainsi
que
le
rapporte
un
contemporain,
le
chroniqueur
Samuel:
«
Chahantoukht
se
consacra
au
Seigneur,
et
reçut
l'habit
religieux
des
mains
de
son
fils
Saint
Nersès,
ainsi
que
ses
deux
filles
Chouchan
et
Talitha,
qui
la
suivirent
dans
sa
vie
de
mortification
et
sa
retraite,
afin
de
se
consoler
durant
la
vie
de
leurs
fils
et
frères,
de
se
sauver
ainsi
que
leurs
ancêtres
du
royaume
des
ténèbres,
et
de
gagner
le
paradis
de
J.
-C.
dans
la
gloire
des
Saints
et
la
félicité
éternelle».
Dernièrement
on
a
constaté
qu'il
y
avait
réellement
à
Sghévra
un
monastère
de
religieuses,
et
assurément
la
solitude
où
habitait
Saint
Nersès,
devait
se
trouver
aux
environs,
mais
plus
retirée
«dans
les
montagnes,
dans
les
lieux
déserts. . . .
et
le
couvent
où
il
demeurait
portait
le
nom
de
la
Vierge
de
Saghir,
sur
le
cours
du
fleuve
de
Jéraghir,
près
de
l'église
consacrée
à
Saint
Georges.
Là,
dans
une
étroite
cellule,
il
travaillait
incessamment,
lisant
nuit
et
jour,
et
célébrant
la
messe...
Il
restait
dans
cette
solitude
avec
Jean
son
père
spirituel,
et
trouvait
à
ces
pieux
exercices
plus
de
charme
qu'à
n'importe
quoi».
Il
y
revint
de
nouveau
après
avoir
été
consacré
évêque,
et
après
son
séjour
en
Chypre,
où
il
s'était
rendu
pour
se
perfectionner
dans
la
langue
grecque
et
dans
l'art
oratoire.
Mais
sa
mère
et
ses
frères
le
ramenèrent
par
force.
Comprenant
qu'il
ne
pouvait
agir
autrement,
il
revint
dans
sa
première
solitude
de
Saghir
et
rentra
dans
sa
cellule,
avec
son
précepteur
Jean.
Ils
s'asseyaient
quelquefois
l'un
à
côté
de
l'autre,
à
examiner
le
sens
des
psaumes;
et
après
la
solution
des
difficultés,
celui-ci
le
priait
de
résumer
leurs
entretiens
par
écrit
et
de
les
laisser
pour
l'avenir
afin
qu'on
pût
en
retirer
des
fruits.
Alors,
selon
la
volonté
de
Dieu
et
pour
obéir
à
son
précepteur,
Nersès
écrivit
leurs
examens
des
Psaumes.
Il
commença
son
commentaire
à
l'âge
de
26
ans
et
le
finit
à
29
ans».
C'est
un
très
gros
volume.
Ce
couvent
de
Saghir
ou
de
Saghrou,
doit
sans
doute
être
le
même
que
celui
de
Saint-Georges.
Nous
en
avons
comme
témoignage
non
seulement
les
paroles
de
Samuel,
qui
place
ce
monastère
près
de
l'église
dédiée
à
ce
Saint,
mais
encore
les
quelques
lignes
que
Saint
Nersès
a
écrites
pendant
l'année
1179,
dans
le
manuscrit
de
sa
traduction
et
du
commentaire
de
l'Apocalypse.
Il
acheva
ce
dernier
ouvrage
avec
la
coopération
de
Constantin,
métropolitain
de
Hérapolis
à
Rome-Cla,
et
il
alla
«le
corriger
selon
l'art
des
grammairiens,
et
le
placer
au
couvent
de
Saint-Georges,
dans
les
montagnes
du
Taurus,
en
Cilicie
Trachée,
aux
frontières
de
la
Pamphylie».
Ceci
nous
montre
qu'il
faut
chercher
franchement
le
couvent
de
Saint-Georges
à
l'ouest
de
Sghévra
et
de
Lambroun,
entre
cette
dernière
forteresse
et
la
région
des
hautes
montagnes.
C'est
là
que
notre
Saint
conçut
le
plan
et
rassembla
les
matières
de
son
premier
chef-d'œuvre,
le
Commentaire
de
la
Messe,
dont
le
mémoire
final
nous
dit,
qu'il
fut
«écrit
en
l'an
1177,
au
couvent
de
Saint-Georges,
dans
les
montagnes
du
Taurus,
aux
frontières
de
la
Pamphylie,
sous
le
patriarcat
de
Grégoire
IV
et
la
seigneurie
de
Héthoum
le
Sébaste».
C'est
probablement
à
propos
de
ce
couvent
de
Saint-Georges
que,
longtemps
après
la
mort
de
notre
Saint,
surgirent
des
difficultés
qui
demandèrent
l'intervention
du
Pape
Jean
XXII,
comme
l'indique
un
bref
de
ce
dernier
au
roi
Léon
IV,
daté
du
28
Avril
1326.
Il
paraît
que
les
prédécesseurs
de
Léon,
avaient
donné
ce
couvent
comme
bénéfice
à
un
autre
couvent
placé
également
sous
le
vocable
de
saint
Georges,
mais
appartenant
aux
Grecs
ou
aux
Latins.
Ce
monastère,
connu
aussi
sous
le
nom
de
couvent
de
Mangana,
se
trouvait
près
de
Nicosie
en
Chypre.
L'évêque
de
Nicosie
ayant
eu
un
différend
avec
Germaine,
—
abbé
de
ce
couvent,
—
avait
proposé
au
roi
de
remplacer
ce
dernier
par
Macaire:
sur
quoi
Léon
avait
confié
à
celui-ci
le
couvent
de
Saint-Georges
près
de
Lambroun.
Macaire,
lors
des
incursions
des
Tartares,
s'était
enfui
emportant
tous
les
ornements
sacrés;
ce
dont
le
roi
fut
fort
irrité;
il
remit
à
un
autre
la
direction
du
couvent;
mais
comme
Germaine,
et
les
moines
(de
l'ordre
de
S.
Basile)
à
Mangana,
se
réclamaient
des
chartes
et
des
donations
des
rois
d'Arménie,
le
Souverain
—
Pontife
exhorta
le
jeune
roi
Léon,
de
restituer
le
couvent
de
Saint-Georges
de
Lambroun
aux
moines
de
celui
de
Saint—Georges
de
Mangana.
Je
ne
sais
pas
comment
fut
terminé
ce
différend.
—
Non
loin
de
Lambroun
on
cite
encore
un
autre
monastère
dit
ermitage
de
Tchevlig;
mais
je
n'ai
trouvé
aucune
notice
sur
ce
dernier.
Je
fais
tous
mes
vœux
pour
qu'un
examinateur
plus
fortuné
explore
ces
lieux
et
même
encore
une
fois
tout
le
district
de
Lambroun.
Parmi
les
derniers
voyageurs,
il
en
est
un
qui
cite
un
village
nommé
Djoua,
entre
Manas
et
Lambroun,
mais
plus
proche
de
cette
dernière.
Il
convient
aussi
de
mentionner
la
forteresse
Tchelganotz,
dont
nous
ne
pouvons
que
citer
le
nom,
car
la
position
nous
en
est
inconnue.
Tout
ce
que
nous
savons
sur
ce
château
c'est
que
les
seigneurs
de
cette
place,
Héthoum
et
son
frère
Constantin,
tombèrent
dans
une
bataille
contre
les
Egyptiens,
l'an
1322.
Nous
connaissons
actuellement
deux
villages
dont
le
nom
se
rapprocherait
de
celui
de
la
forteresse;
ce
sont
les
villages
de
Tchelganly,
l'un,
entre
Adana
et
Messis,
l'autre,
dans
la
région
des
montagnes.
On
rencontre
encore
le
nom
d'un
autre
monastère
aux
environs
de
Lambroun,
dans
le
mémoire
d'un
manuscrit
écrit
l'année
de
la
mort
de
Saint
Nersès,
en
voici
le
texte:
«Cela
fut
écrit
sous
la
protection
de
la
Mère
de
Dieu,
et
sous
la
direction
des
pieux
frères
Avédis
et
Jean,
dans
le
monastère
qui
est
dans
la
province
de
Lambroun
et
qui
s'appelle
dans
la
langue
vulgaire
Kémertzeker
».
Je
crois
que
ce
doit
être
le
même
couvent
que
celui
qui
est
mentionné
sous
le
nom
latin
de
Quemerquecon,
dans
les
actes
du
concile
de
Sis,
l'an
1342,
et
dont
le
supérieur
était
alors
un
nommé
Léon.
Le
P.
Tchamtchian
croit
que
ce
couvent
est
également
celui
qui
figure
sous
le
nom
arménien
de
Kermaghpiour,
dans
l'histoire
du
concile
d'Adana,
de
1316.