Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

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LA FORTERESSE DE SIS EST LE ROI

(p. 247- Monnaie en or du roi Constantin II)

Il est à regretter que nous n'ayons ni la figure juste et détaillée, ou plutôt le plan des constructions de la forteresse de Sis, ni le dessin des voûtes dont l'appareil à bossage, selon Texier, ne le cède en rien ou l'élégance aux plus beaux ouvrages grecs. Les portes du château étaient bien sculptées et devaient être colossales; car les annales nous disent qu'à la prise de Sis par Ramazan, «Les portes énormes de la forteresse de Sis et des murailles furent transportées; l'une devint la porte du château d'Adana et l'autre de celui de Garmoundj». A l'extrémité sud de la ville est situé l' ancien palais du catholicos: il paraît avoir d'abord servi d'archevêché, car Etienne d'Orbel l'appelle « maison de l'archevêché près de la ville de Sis». Il est clair qu'après la prise et la ruine de Rome-cla, le siège du catholicos fut transféré à Sis, pendant le règne de Héthoum II, en 1294; et Grégoire d'Anazarbe, son ami intime, occupa le premier la résidence nouvellement établie, et qui devait être digne de la majesté royale. Le royaume des Arméniens était, il est vrai, affaibli et languissant, et Héthoum II, s'était adonné aux pratiques et aux austérités de la vie religieuse; cependant ce prince n'oublia pas qu'il était roi et ne fut pas moins magnanime que son grand père. Sous ses successeurs l'église patriarcale, dédiée à Saint Grégoire l'Illuminateur, fut, avec le palais royal, ruinée par les Egyptiens, ainsi que les demeures des religieux.

En 1734, le catholicos Lucas les réédifia à nouveau; ce fut son père, le prêtre Houssig de la famille des Atchbahiens, qui ayant trouvé grâce devant le grand vizir, obtint la permission de les restaurer. L'église de Saint Grégoire avait trois autels: on l'a transformée dernièrement en école.

Le corps du catholicos Lucas a été inhumé devant l'autel de droite, dans cette même église, et on y lit l'inscription suivante, selon la transcription de V. Langlois.

 

Ceci est le tombeau de Sa Sainteté le Catholicos Lucas le Cilicien, chef suprême des Arméniens, qui se reposa en 1186 grand' È re,... du mois le jour de samedi.

(p. 248- Forteresse de Sis, d'après une photographie des explorateurs Favre et Mandrot)

Dans la cour devant l'église, on remarque une série de sépulcres étroits, rangés l'un à côté de l'autre; ce sont les sépultures d'autrès patriarches, dont voici les inscriptions.

 

A. Ceci est le tombeau de Jean

Patriarche de la Cilicie; Il était du village de Hadjine.

Il mourut dans l'année

Mil cent soixante-dix.

Dans le mois de Décembre (1721).

B. Dans ce tombeau repose le révéré Mikaël, le grand, l'excellent;

Celui-ci fut sublime et fut surnommé (fils) de Houssig.

Il se reposa en paix dans le Seigneur, en 1207 (1758).

C. Ceci est le tombeau du chaste seigneur

Le catholicos Théodore,

Qui était de la famille des Atchbah,.

Elu entre dix mille personnes.

Il fit de grands efforts

Pour restaurer ce saint siège.

Il brilla par sa conduite pure

.................

Il mourut l'an mil

Et deux cents, plus quarante, (1791).

 

Au commencement de ce siècle (1810), le catholicos Guiragos I er, transporta le siège du patriarcat sur le vaste emplacement du palais royal, que nous avons décrit. Le bâtiment est entouré d'une forte muraille, construite sur la pente et affectant la forme triangulaire. Il compte plusieurs étages; l'un, dont la façade est découverte, sert de demeure au catholicos. Un deuxième plus élevé, ayant aussi la façade découverte, renferme une vaste salle qui sert pour le conseil; elle est chargée d'ornements, mais avec de peu d'élégance. Lecatholicos Guiragos, en restaurant l'église de Sainte Sophie, l'a dédiée à Saint Grégoire l'Illuminateur.

C'est que se trouve maintenant le siège en marbre du patriarche; il a été fait à Sis. Sur la porte principale se trouve une inscription avec le nom du catholicos restaurateur; la voici:

 

Je suis la porte d'entrée à la lumière céleste,

A la lumière du banquet glorieux;

Car c'est ici que l'on verse le vin pur,

Que l'on immole l'agneau immortel.

Fondée par la colonne de la grâce,

Construite à neuf de toutes pièces:

Tant moi que mon édifice,

Fûmes fondés par les mérites et par l'ordre sublime

De sa Sainteté Der Guiragos,

Le patriarche plein du Saint-Esprit.

Dans l'année arménienne 1259, le 10 de mai,

Ce saint édifice fut reconstruit,

Ainsi que les autres salles et les murailles;

Par les grands efforts de celui qui les accomplit,

Dans la date marquée par les lettres arméniennes.

De celui qui a travaillé tant d'années,

Du brave et zélé vicaire

De l'illustre Patriarche Guiragos:

De l'évêque, Seigneur Elie,

Dont le pays natal est Kharpert:

Il vaut la peine qu'on se souvienne.

 

A cause de ces constructions, le patriarche Guiragos fut accusé, par des calomniateurs, d'élever des fortifications; regardé de plus comme partisan des Zeithouniens, il fut pris et conduit à Constantinople; mais par l'entremise des Arméniens de cette ville, il fut remis en liberté et retourna à son siége (1819). Trois ans après un rebelle, Khozan-oghlou, lui fit boire du poison, dont il succomba; il fut enterré dans l'église qu'il avait bâtie.

Dans le trésor de ce temple, les moines conservent plusieurs reliques, dont les principales sont les dextres de Saint Grégoire l'Illuminateur, de Saint Nicolas, de Saint Silvestre et de l'ermite Barsame. Depuis plusieurs siècles, comme nous l'avons dit ailleurs, on avait confié la conservation de ces reliques à une famille qui fut appelée Atchbahiane (conservateurs des dextres); cette famille a donné, au XVIII e siècle, plusieurs catholicos au siége patriarcal.

Un tabernacle en argent massif doré et un magnifique vase pour les huiles saintes, aussi en argent massif doré, sont des donations faites au monastère par la noble famille Duz-oghlou de Constantinople. De même, un ancien pallium en soie rouge, brodée de plusieurs croix et plusieurs figures, fut apporté d'Alep, probablement l'an 1634, pour l'évêque Jacques; sur les extrémités on lit ces deux inscriptions brodées en lettres d'or.

 

Il fut exécuté en l'année 1083 de notre ère. Pour ceux qui y ont travaillé, dites: Que Dieu ait pitié d'eux. Amen.

Ce pallium fut broché dans la ville d'Alep, pour l'usage du brave Docteur Dom Jacques; auquel que le Seigneur concède d'en jouir avec bonheur. Amen.

 

Outre les donations anciennes on en trouve aussi de plus récentes, comme les cadeaux de Nicolas I er, empereur de Russie, et ceux de quelques autres visiteurs; car aussi de savants explorateurs visitèrent ce lieu: Kotschy y passa le 6 mai 1858. On dit qu'une grande partie des trésors du siège furent volés ces dernières années, avant l'avènement au patriarcat du dernier catholicos, Meguerditch.