Parmi
les
lieux
que
nous
avons
cités,
j'estime
digne
de
mention
spéciale,
Kerner,
Գըռներ,
le
siége
épiscopal.
Cet
endroit
est
tantôt
appelé
Solitude,
tantôt
Communauté
sainte
de
plus
comme
symbole
de
sa
grandeur
et
de
sa
renommée,
on
lui
ajoute
les
épithètes
de
«
célèbre
et
saint
couvent
de
Kerner»
[1].
Il
est
ordinairement
placé
dans
le
«Haut-plateau
de
la
Cilicie»
(
Գահք
Կիլիկիոյ
);
quelquefois
cependant
on
le
place
dans
la
«Cilicie
Trachée
dans
la
province
appelée
Partzerpert»,
et
près
de
la
forteresse
de
ce
nom.
Les
districts
de
Molévon
et
de
Partzerpert
étant
limitrophes,
une
partie
de
cette
dernière
fut
ajoutée
à
la
première
pour
en
former
l'apanage
du
Frère
du
roi,
l'évêque
Jean;
en
conséquence
Kerner
en
faisait
partie
étant
le
siége
de
l'évêché
de
Molévon:
quant
à
l'évêque
de
Partzerpert,
je
crois
qu'il
résidait
au
monastère
d'Andréassank.
Actuellement
la
position
de
Kerner
nous
est
inconnue,
mais
nous
avons
le
témoignage
du
géographe
Vartan
sur
la
grandeur
et
la
renommée
de
ce
lieu.
Ce
savant
ne
cite
que
quatre
monastères
comme
les
principaux
de
la
Cilicie,
c'est-à-dire:
Trazarg,
Arkagaghine,
«la
sainte
communauté
de
Kerner
»
et
l'ermitage
de
Guéverna,
(que
l'on
doit
lire
sans
doute
et
écrire
Sghévra).
Le
Frère
du
roi,
en
faveur
duquel
le
couvent
de
Kerner
fut
honoré,
écrit
en
1263
dans
son
évangéliaire,
en
louant
la
sainteté
du
lieu:
«Dans
le
saint
ermitage
de
Kerner,
sous
la
protection
de
la
sainte
et
divine
Croix
qu'on
appelle
de
Gaïdène,
et
de
notre
mère
la
Sainte
Sion
».
Tous
les
mémoires
de
Kerner
ou
sont
cités
par
Jean,
ou
parlent
de
lui;
après
lui
c'est
une
seule
fois
dans
l'histoire
des
Patriarches
de
la
nation,
qu'on
en
fait
mention
en
citant
le
Catholicos
Mekhitar
qui,
avant
1341,
était
«l'évêque
de
Kerner».
Or,
comme
tous
les
souvenirs
de
ce
lieu
sont
concentrés
sur
le
Frère
du
roi,
l'évêque
Jean,
qui
fonda
ou
illustra
ce
couvent
en
même
temps
qu'il
en
fut
l'une
des
personnes
les
plus
actives
de
son
temps
et
de
sa
famille,
je
crois
bien
de
citer
ici
tout
ce
que
nous
savons
sur
sa
vie.
Il
était,
comme
lui-même
le
dit,
(nous
avons
plusieurs
livres
écrits
par
lui
et
pour
lui),
«fils
du
pieux
et
vénéré
Constantin,
Prince
des
princes,
Régent
des
Arméniens
et
frère
du
brave
roi
Héthoum»;
et,
comme
il
l'écrit
ailleurs,
il
était
consanguin
mais
pas
utérin.
Nous
n'avons
pas
la
certitude
si
c'est
sa
propre
mère
ou
sa
nourrice,
Béatrix,
qu'il
appelle
quelquefois
sa
mère:
car
dans
l'ordre
du
sens
de
ses
paroles,
il
demande
d'abord
pardon
à
Dieu
pour
son
âme
et
pour
ses
parents,
selon
le
corps
et
selon
l'âme:
«Car,
dit-il,
ils
ont
travaillé
avec
de
grands
soins
pour
moi,
la
trois
fois
bénie
religieuse
Rip
(simée)
et
ma
petite
mère
Biatr
».
L'inscription
même
de
l'église
de
Babéron
de
l'an
1241
(
v.
pag.
77
)
pourrait
nous
le
faire
déduire:
car
Jean
n'y
est
pas
compté
au
nombre
des
fils
de
Constantin;
ainsi
nous
pouvons
faire
l'une
de
ces
deux
suppositions:
ou
Béatrix
a
été
la
seconde
femme
de
Constantin
et
il
aurait
eu
d'elle
ce
fils
et
d'autres,
ou
Jean
était
déjà
né
avant
cette
date,
mais
à
cause
de
son
âge
impubère,
il
n'est
pas
compté
parmi
ces
frères
adultes
qui
occupaient
déjà
des
charges
dans
le
gouvernement.
Si
nous
considérons
la
date
de
son
ordination
épiscopale
et
une
poésie
écrite
par
lui
en
1254-6,
deux
circonstances
qui
exigent
un
certain
âge,
nous
sommes
obligés
de
lui
attribuer
un
âge
assez
avancé;
mais
comme
nous
avons
vu
des
génies
précoces,
(tel
que
celui
de
Saint
Nersès
de
Lambroun),
nous
laissons
à
l'avenir
la
découverte
de
la
date
de
sa
naissance.
Par
contre,
nous
savons
avec
certitude,
selon
son
témoignage,
qu'il
eut
des
précepteurs
dès
son
bas
âge,
qui
l'instruisirent
avec
de
grands
soins.
Parmi
ces
maîtres
on
cite
son
intrépide
père,
ses
frères
remarquables
par
leur
talent,
le
roi
Héthoum,
le
connétable
Sempad
et
Basile,
archevêque
de
Trazarg.
Jean
lui-même
écrivait
de
ce
dernier
l'an
1263,
en
souhaitant
et
en
priant
qu'on
se
souvienne
du
«Très
honorable
archevêque,
le
frère
du
roi
des
Arméniens,
le
père
de
mon
âme
et
le
bienfaiteur
de
mon
corps,
Basile,
dont
les
bienfaits
prodigués
à
son
pupille
sont
au
dessus
de
l'expression
de
la
parole
et
de
la
pensée».
Il
paraît
qu'il
fut
instruit
par
lui
dans
le
célèbre
couvent
de
Trazarg.
A
son
baptême
Jean
avait
été
appelé
Baudouin
Պաղտին
(Baghdin),
en
arménien,
comme
le
rapporte,
l'an
1259,
l'historien
de
sa
maison:
«A
la
Pentecôte,
dit-il,
un
grand
congrès
eut
lieu
dans
la
ville
de
Tarse,
et
quelques
jours
après
on
ordonna
évêque
Baudouin,
frère
du
roi,
qui
fut
nommé
Jean
».
Lui-même
nous
dit
dans
un
mémoire
(l'an
1286),
qu'autrefois
il
s'appelait
Baudouin,
Son
premier
mémoire
et
son
premier
ouvrage,
qui
est
un
signe
de
son
esprit
cultivé
dans
son
bas-âge,
c'est
un
poëme
sur
le
«Roi
Héthoum
pendant
qu'il
allait
en
Tartaries».
La
première
lettre
des
vers
de
chaque
strophe
forme
son
nom
et
le
sens
correspond
à
l'interprétation
suivante:
«Ce
chant
est
dédié
à
Héthoum,
roi
des
Arméniens,
et
fut
composé
par
Jean
son
frère
cadet;
et
il
commence
ainsi:
Trinité
Sainte,
Dieu
sans
commencement,
incréé»,
Dans
la
sixième
strophe
il
rapporte
que:
«Les
Arméniens,
autrefois
païens,
dominaient
sur
beaucoup
de
nations;
mais
cependant
le
Seigneur
nous
délivra
de
l'esclavage
de
l'âme,
en
nous
conservant
encore
notre
royaume...
On
n'entendait
plus
ni
la
voix
d'actions
de
grâces
ni
celle
de
la
prière,
mais
on
restait
muet...
(c'est
pourquoi)
nous
avons
été
l'opprobre
de
toutes
les
nations...
et
vendus
à
des
maîtres
cruels
et
féroces.
Mais
toi,
Seigneur
indulgent,
tu
ne
nous
as
pas
abandonnés.
Tu
as
conservé
du
feu
un
tison,
et
tu
l'as
orné
de
feuilles.
Tu
nous
as
nourris
dans
l'abondance
et
dans
le
repos.
Tu
nous
as
donné
un
Roi
en
le
couronnant
de
tes
mains.
Tu
nous
le
donnas,
Seigneur,
à
ta
place
avec
sa
conduite
et
ses
paroles;
il
s'appelait
Héthoum,
et
avec
ton
amour
ardent
il
s'enflammait
de
charité.
Comme
toi
brave
berger,
il
sacrifia
sa
personne
pour
les
besoins
de
sa
nation,
afin
que
ce
petit
troupeau
pût
être
sauvé.
Que
ton
Esprit
saint
et
bon
le
seconde
en
tout,
qu'il
l'excite
à
faire
des
efforts
pour
réussir
dans
son
entreprise:
qu'il
couronne
sa
noble
tête.
Que
celui-ci
comme
une
colombe
de
bonne
augure,
arrive
au
secours
des
personnes
affligées»,
etc.
Après,
changeant
de
style,
il
prie
le
Fils
de
Dieu:
«Fils
du
Très-Haut
et
Amour
immuable,
augmente
ton
amour
pour
ton
indigne
troupeau;
avec
le
souffle
de
ton
Esprit
et
de
toi-même,
qui
es
le
bras
droit
de
ton
Père,
protège
notre
roi
Héthoum;
donne-lui
la
grâce
comme
à
Daniel;
ramène-le
comme
Zorobabel;...
Remplis-nous
de
joie,
ô
Sainte
Trinité,
par
la
vue
de
notre
désiré
roi,
accorde-nous
la
grande
paix,
etc».
Ensuite
il
prie
la
Sainte
Vierge
en
disant:
«Si
tu
veux,
ô
Sainte
Vierge,
tu
le
peux;
et
notre
Dieu
et
ton
Fils
s'en
réjouira;
daigne-toi
accepter
notre
prière,
ô
temple
du
Verbe
de
la
vie;
toi
qui
as
été
éprouvée
dans
ce
monde,
sauve-nous
qui
sommes
dans
l'épreuve;
veille
sur
nous
qui
sommes
épars,
et
unis-nous
ainsi
à
Dieu
unique»,
etc.
De
la
précocité
de
ce
génie,
on
pourrait
présager
un
développement
très
grand;
quoique
nous
n'ayons
aucun
de
ses
ouvrages
des
plus
importants,
néanmoins
les
quelques
hymnes
et
les
quelques
mémoires
qui
nous
restent
de
lui
nous
sont
une
preuve
de
la
richesse
de
son
talent.
Je
ne
crois
pas
devoir
taire
ce
qu'a
dit
de
lui
un
certain
Mekhitar
dans
un
de
ses
manuscrits:
«O
toi
vénérable,
qui
considères
les
profondeurs
divines,
qui
expliques
les
sens
incompréhensibles,
qui
pénètres
dans
les
profondeurs
de
Dieu,
qui
racontes
selon
le
Verbe
divin
ce
que
tu
as
recueilli
sous
le
voile
de
ton
corps;
ô
toi,
Seigneur
et
Docteur
célèbre
et
spirituellement
notre
père
et
notre
guide,
accepte
ces
quelques
lignes
de
l'indigne
Mekhitar,
ton
humble
serviteur,
et
souviens-toi
toujours
de
lui»,
etc.
Sans
doute
c'est
aussi
à
ce
Jean
qu'écrivait
avec
tant
de
respect
le
célèbre
Docteur
Georges
de
Lambroun,
en
lui
offrant,
compilé
en
un
seul
volume,
le
Commentaire
des
Actes
des
Apôtres:
«Voici,
ô
mon
vénéré
père
et
seigneur:
ta
demande
obligeante
et
ta
face
respectueuse
m'ont
rempli
de
crainte»,
etc.
Il
met
comme
titre
de
son
livre
l'intestation
suivante:
«Au
Seigneur
Jean,
Frère
du
roi,
qui
a
demandé
cet
abrégé;
évêque
des
diocèses
et
des
châteaux
de
Molévon,
et
d'une
partie
de
Partzerpert,
et
supérieur
vénéré
du
célèbre
monastère
de
Kerner».
Parmi
les
ouvrages
de
Jean
nous
connaissons
ses
Chants
sur
la
Sainte
Vierge,
dont
les
premières
lettres
de
chaque
strophe
forment
ces
mots:
«Le
Docteur
Jean,
Frère
du
roi
des
Arméniens
a
dit
cette
hymne
en
l'honneur
de
la
Vierge
Marie,
mère
de
Dieu».
Dans
un
autre
petit
cantique,
les
lettres
initiales
de
chaque
strophe
correspondent
à
ce
sens:
«Jean,
que
tu
es
malheureux!»
et
continue
de
cette
manière:
Quand
je
pense
au
jour
terrible,
Tremblent
mes
os,
que
je
sois
fils
de
la
perdition:
Mon
âme
est
pleine
d'angoisse
et
se
consume
d'anxiété.
Mais
tout
cela
ne
suffit
point
pour
justifier
la
grande
renommée
de
Jean
pour
sa
science
et
pour
ses
ouvrages,
qui
lui
valurent
le
titre
de
Rabouni,
grand
Docteur,
comme
il
est
écrit
dans
le
mémoire
d'une
Bible
copiée
en
1270;
lui-même
le
fait
connaître
en
disant:
Moi
Jean
évêque
et
Docteur.
Il
est
appelé
de
même
encore
dans
une
excellente
copie
des
livres
de
Salomon
et
de
Job,
écrite
en
partie
de
sa
propre
main
et
le
reste
par
d'autres;
il
nous
atteste
dans
le
mémoire,
qu'il
a
offert
ce
livre
pour
consoler
sa
nièce
Fimie,
dame
de
Sidon,
fille
du
roi
Héthoum.
Il
a
écrit
aussi
des
poésies
en
vers
à
la
même
dame,
dont
les
premières
lettres
de
chaque
strophe
forment
le
sens
suivant:
«
Moi
Jean
le
dis
»:
après
il
fait
mention
des
enfants
de
sa
nièce,
avec
une
tendre
affection:
«Souvenez-vous
en
J.
-C.,
de
la
princesse
du
sang
Fimie,
celle
qui
est
pleine
de
sagesse
et
ornée
de
toutes
les
vertus;
celle
qui
aime
Dieu
et
qui
est
la
servante
de
tous
ses
serviteurs.
Souvenez-vous
encore
de
ses
fils
Balian
et
Jean
et
de
l'affable
et
gracieuse
Margroun
(Marguerite)»
[2],
etc.
On
doit
à
Jean
beaucoup
d'autres
livres
écrits
de
ses
propres
mains
ou
par
son
ordre
et
par
ses
soins
[3];
ceux-là
même
qui
nous
sont
parvenus
réellement,
ou
que
nous
connaissons
seulement
de
nom,
nous
le
montrent
comme
une
personne
qui
aime
la
lecture
et
tient
compte
du
temps.
L'un
de
ses
premiers
écrits
est
un
évangile
[4],
pour
lequel
il
dit
(en
1263):
«Avec
un
grand
soin
et
grand
amour
je
l'ai
fait
écrire....
par
les
soins
du
prêtre
écrivain
Thoros,
et
le
manuscrit
fut
orné
de
figures
par
diverses
personnes,
dans
le
saint
couvent
de
Kerner»;
après
quoi
il
ajoute
un
souhait
chaleureux
pour
son
frère
et
roi,
Héthoum;
«Car
ce
roi,
dit-il,
après
les
premiers,
a
soigné
et
soigne
le
salut
des
chrétiens;
non
seulement
il
s'efforce
de
protéger
les
nombreux
habitants
du
pays
de
Cilicie
contre
les
incurseurs
qui
ravagent
tout,
mais
encore
tous
les
chrétiens
qui
écoutent
ses
conseils»,
etc.
(154-
Fac-simile,
tiré
du
Manuscrit
de
Salomon
et
de
Job)
Le
mémoire
d'un
autre
Evangéliaire
écrit
de
ses
propres
mains
l'an
1280,
est
plus
important
et
convient
beaucoup
plus
au
but
géographique
que
nous
sommes
proposé.
Il
commence
d'abord
par
montrer
la
cause
qui
le
fit
écrire
et
débute
élégamment:
«Nos
pères
et
nos
frères
en
J.
-
C.,
qui
par
leur
mort
s'unirent
à
la
mort
de
l'Immortel
ainsi
qu'à
la
gloire
de
sa
couronne,
ceux
qui
l'ont
hérité,
qui
l'ont
contemplé
et
qui
l'ont
copié...
J'ai
écrit
ce
livre
de
mes
propres
mains...
l'an
1280,
moi,
Jean,
évêque
et
humble
serviteur
de
mon
Dieu
Jésus-Christ,
et
votre
très
humble
serviteur».
Après
quelques
phrases
il
ajoute:
«Bénie
soit
l'âme
de
mon
père
Constantin.
Je
fus
visiteur
du
saint
monastère
de
Kerner
dans
les
Hauts-plateaux
de
la
Cilicie,
dans
la
province
de
Partzerpert,
pendant
que
mon
père
dominait
sur
ce
château,
et
moi,
le
cadet,
sur
le
couvent,
où
j'habitais
comme
dans
un
port
paisible
et
sûr.
Je
me
réjouissais
toujours
à
la
vue
de
mon
vénérable
père,
m'instruisant
dans
les
saints
livres.
J'ai
vu
le
bourg
qu'il
avait
fait
construire
en
son
nom
en
l'appelant
Constantnotz,
(séjour
des
Constantins);
il
fut
rempli
de
fidèles
en
J.
-C.,
de
diacres
et
de
prêtres
vertueux;
et
me
réjouissant
avec
eux,
je
me
chargeai
d'écrire
pour
eux
ce
saint
Evangile
avec
mes
mains
pécheresses;
je
l'ai
écrit
et
je
l'ai
terminé
avec
l'aide
du
Seigneur,
malgré
la
confusion
des
affaires
et
les
offices...
bien
et
magnifiquement
relié,
comme
on
peut
le
voir;
je
le
donnai
au
village
de
Constantnotz
qui
était
d'abord
appelée
Garmir-quedagueni
(des
Bonnets-rouges)....
Mais
il
a
été
écrit
dans
des
temps
très
tristes;
car
ce
fut
la
troisième
fois . . .
qu'on
incendia
toute
la
Cilicie; . . .
et
le
roi
Léon
mon
maître
très-chrétien
et
mon
neveu,
réunit
et
consola
le
reste
du
peuple,
comme
un
père
charitable
réunit
ses
propres
enfants».
Ces
Garmir-quedagueni
sont
probablement
la
tribu
persane
appelée
Kezel-bache
(tête-rouge),
nom
qui
est
connu
jusqu'à
présent
dans
la
Petite
comme
dans
la
Grande
Arménie;
mais
cette
tribu
n'est
pas
justement
d'origine
persane,
mais
une
secte
étrangère,
même
aux
Turcs.
Deux
années
auparavant
en
1278,
Jean
avait
écrit,
et
en
partie
à
l'aide
d'une
autre
personne,
un
second
Evangéliaire
—
qui
se
trouve
maintenant
dans
la
bibliothèque
royale
de
Munich,
on
y
trouve
l'inscription
suivante:
«Au
pieux
prince
le
baron
Sempad,
fils
du
feu
prince,
le
baron
Constantin
et
de
sa
feue
mère
Chahandoukht,
et
de
feu
ses
frères,
les
barons
Pagouran
et
Constant
[5].
Cet
évangile
fut
écrit
par
Jean
le
vénéré
et
pieux
archevêque
du
monastère
de
Kerner».
Un
dernier
livre
copié
par
trois
personnes,
mais
sous
la
direction
de
Jean,
l'an
1286,
c'est
le
Commentaire
des
évangiles
de
Saint
Luc
et
de
Saint
Jean,
de
l'Apocalypse,
et
le
mémoire
sur
la
mort
de
saint
Jean
l'évangéliste
(Dormitio
Johannis),
fait
par
saint
Nersès
de
Lambroun.
Dans
ce
manuscrit,
Jean
se
donne
le
titre
d'Archevêque,
tandis
qu'ailleurs
il
se
nomme
évêque.
En
même
temps,
il
y
écrit
à
propos
de
son
père:
«Au
prince
vieillard,
au
père
du
roi,
au
Baron
des
Arméniens,
au
bienheureux
Constantin,
qui
s'appelle
Mozon
».
C'est
la
seule
fois
que
nous
entendons
parler
du
nom
de
Mozon
[6].
Il
paraît
que
Vartan
de
Partzerpert
était
l'un
des
copistes
du
manuscrit;
car
il
y
a
dans
le
livre
un
mémoire
écrit
par
lui-même,
dans
lequel
il
appelle
Jean
son
précepteur.
Trois
ans
après
la
copie
de
ce
livre,
c'est-à-dire
l'an
1289,
mourut
Jean
[7],
selon
la
brève
annotation
d'un
chroniqueur,
après
la
mort
de
tous
ses
frères
consanguins.
Le
lieu
de
la
sépulture
de
Jean
n'est
pas
cité;
probablement
c'est
le
couvent
de
Kerner.
Après
Jean
le
siège
de
Kerner
fut
occupé,
comme
nous
avons
mentionné,
par
Nersès,
l'an
1316,
et
par
Mekhitar
en
1341.
Ce
dernier
personnage
très
honnête,
nommé
Հոռմնցի,
Romain
(on
ne
sait
pourquoi),
par
son
adversaire,
Nersès
Balientz,
vécut
dans
des
temps
de
troubles.
Les
Egyptiens
faisaient
la
guerre
au
dehors;
à
l'intérieur
les
Arméniens
s'armaient
les
uns
contre
les
autres,
pour
la
question
de
la
succession
au
trône,
que
les
Lusignans
réussirent
à
gagner.
Ajoutons
à
ces
luttes
fatales,
les
débats
pour
la
religion
et
pour
les
rites.
Tout
cela
mettait
en
grand
péril
aussi
bien
le
royaume
d'Arménie
et
le
siège
patriarcal
que
la
nation
elle-même:
ce
qui
obligea
les
Arméniens
à
faire
abdiquer
le
Catholicos
Jacques
et
élever
à
sa
place
(1341-42)
l'évêque
de
Kerner,
Mekhitar.
Celui-ci
fut
obligé
par
le
roi
et
sur
les
exhortations
du
Pontife
Romain,
dès
le
commencement
de
son
patriarcat,
de
réunir
à
Sis
un
concile,
composé
d'une
trentaine
d'évêques
et
d'une
vingtaine
de
prêtres,
docteurs
ou
abbés.
On
y
rédigea
une
réponse
longue
et
très
soignée,
pleine
d'un
esprit
prudent
et
calme,
contre
plusieurs
accusations
absurdes
réunies
en
117
articles
contradictoires
à
l'instigation
de
Nersès
Balientz;
articles
dont
une
grande
partie
excite
l'aversion
de
celui
qui
les
lit.
Le
catholicos
Mekhitar
fut
obligé
d'écrire
deux
ou
trois
fois
au
Pape
sous
la
forme
d'une
réponse
pour
mieux
expliquer
ses
paroles
et
celles
du
concile,
afin
de
rejeter
les
accusations
et
les
erreurs
qu'on
leur
avait
imputées.
Il
écrivit
avec
calme
et
droiture
en
séparant
le
blé
de
l'ivraie,
de
plus
ses
seules
actions
suffisaient
pour
le
classer
parmi
les
personnages
vertueux
et
éminents.
Il
paraît
qu'il
mourut
l'an
1355,
avant
d'avoir
obtenu
une
réponse
favorable
et
la
solution
des
questions
pendantes.
Il
fut
le
dernier
des
catholicos
distingués
et
un
des
derniers,
à
avoir
des
relations
importantes
avec
le
siège
de
Rome.
Nous
espérons
que
l'avenir
fera
plus
de
lumière
sur
ces
temps
et
sur
les
actes
de
ce
Mekhitar.
Avant
de
nous
départir
des
confins
de
Kerner,
nous
avertissons
les
futurs
explorateurs,
que
la
Sainte
Croix
de
Gaïdén,
ou
Gaïdine,
que
nous
avons
citée
plus
haut,
n'est
pas
simplement
une
relique
de
la
Sainte
Croix,
mais
comme
le
fait
supposer
aussi
la
parole
sous
la
protection,
c'est
une
église,
ayant
à
côté
une
certaine
demeure,
autre
que
celle
de
Kerner.
Ajoutons
que
70
ans
avant
ces
faits
(1193),
un
copiste
d'un
évangile
plus
ancien,
nous
cite
le
Château-fort
de
Gaïdén,
et
tout
près,
le
Couvent
de
Saint
Paul,
où
il
copiait
l'évangile
en
parole.
Il
faut
donc
conclure
que
ces
lieux,
c'est-à-dire
Kerner,
Gaïdén
ou
Gadén
(on
croit
maintenant
que
ce
dernier
est
au
nord
de
Vahga)
et
le
couvent
ou
ermitage
de
Saint
Paul,
étaient
l'un
près
de
l'autre
et
mériteraient
d'être
mieux
examinés.
[1]
Ce
sont
les
paroles
de
Jean,
Frére
du
roi,
qu'on
trouve
dans
les
mémoires
des
manuscrits
écrits
par
lui-même
ou
qui
ont
été
écrits
pour
lui.
[2]
Comme
son
oncle
Jean,
le
frère
de
Fimie
l'héritier
du
trône,
Léon
II,
offrait
aussi
à
sa
sœur
bien-aimée,
un
magnifique
Evangéliaire,
écrit
par
l'ordre
du
Catholicos
Constantin
en
1249,
dans
lequel
il
est
déclaré
plus
amplement,
qu'en
1263,
«La
glorieuse
princesse
de
la
ville
de
Sidon,
issue
du
sang
impérial,
dame
Fimie,
fille
du
pieux
roi
Héthoum,
à
cause
des
guerres
affreuses,
avec
ses
filles
et
ses
fils
revint
dans
le
territoire
de
la
Cilicie,
chez
son
père
et
ses
pieux
frères
Léon
et
Thoros».
Comme
dame
Fimie
était
très
affligée
des
malheurs
qui
lui
étaient
survenus,
son
frère
Léon
lui
offrit
ce
livre
de
la
parole
divine
pour
sa
consolation.
[3]
On
mentionne
une
Bible
conservée
à
Etchmiadzin
(N.
219),
écrite
par
Jean
en
1288;
une
autre
(N.
149)
encore
écrite
pour
lui
l'an
1270;
et
un
Evangéliaire
(N.
228)
en
1287.
[4]
Autrefois
ce
livre
était
conservé
dans
la
famille
noble
d'Abro
de
Smyrne;
je
ne
sais
pas
s'il
s'y
trouve
encore.
[5]
Ces
princes
étaient
des
grands
de
la
cour
et
même
issus
de
la
famille
royale,
comme
le
témoigne
l'Historien
royal.
S'il
appelle
Sempad
un
grec,
comme
il
appelle
aussi
quelques
autres
princes
Arméniens,
c'est
à
cause
du
rite
religieux.
Sempad
encore
jeune
garçon
en
1263,
selon
notre
historien,
se
signala
par
son
grand
courage
dans
la
bataille
de
Manion
contre
Karaman;
il
fut
très
loué,
et
le
roi,
ainsi
que
le
père
du
roi,
l'honorèrent
avec
beaucoup
de
présents,
et
lui
permirent
d'aller
voir
sa
mère
et
ses
frères.
[7]
Le
pur
nom
de
Jean
sans
aucune
autre
épithète,
ainsi
que
d'autres
mémoires
civiles
du
chroniqueur,
indiquent
très
probablement
le
frère
du
roi;
quoique
le
D
r.
Moïse,
le
commentateur
du
bréviaire,
en
fasse
naître
quelque
doute,
car
il
dit
qu'en
1293
mourut
Jean,
le
grand
Docteur
qui
lui
avait
demandé
le
commentaire
du
livre;
je
ne
peux
pas
affirmer
si
c'est
le
même
ou
un
autre.