Ces
mines
de
Boulghar
sont
renommées
dans
le
pays,
surtout
à
cause
de
l'argent
qui
se
trouve
mélangé
au
plomb
et
à
la
gangue.
Aussi
on
voit
tout
autour
des
chantiers
un
grand
nombre
d'habitations
où
les
ouvriers
viennent
passer
l'été;
mais
l'hiver,
ils
sont
obligés
de
redescendre
dans
la
vallée.
Kotschy
visita
ces
mines
les
premiers
jours
d'août,
1853.
En
examinant
la
nature
du
terrain
qui
environne
les
chantiers,
il
trouva
que
le
calcaire
en
formait
la
majeure
partie.
On
avait
taillé
dans
le
rocher
rougeâtre
un
escalier.
Quant
au
sol
des
mines
proprement
dites,
il
est
aussi
rougeâtre
et
on
y
trouve
mélangé
avec
le
plomb,
de
l'argent
et
un
peu
d'or;
mais
le
minerai
se
trouve
surtout
sous
forme
de
sidérite
noire.
Des
mines,
le
sol
va
en
s'abaissant
jusqu'à
l'ouest
du
Kesel-tépé
(Pic
rouge)
et
jusqu'au
mont
Méddéssiz
qui
est
la
plus
haute
sommité
de
la
Cilicie
Trachée.
Il
est
presqu'entièrement
recouvert
de
neiges
et
de
glaciers,
et
forme
deux
vallées
qui
s'étendent
derrière
une
chaîne
de
montagnes.
A
l'est
de
ce
pic
s'étendent
sur
un
espace
d'une
lieue
et
demie,
de
fertiles
pâturages
qui
sont
regardés
comme
les
meilleurs
de
toute
la
région
du
Taurus.
Dans
ces
lieux
les
plantes
des
montagnes
abondent;
Kotschy
[1]
cite
entre
autres
l'
Androsacea
armena
Dub;
le
Phlomis
Armeniaca
W.,
et
aussi
la
renoncule
dorée
à
courte
tige
et
des
chardons
de
diverses
couleurs.
Un
peu
plus
bas,
dans
les
pâturages,
il
a
trouvé
l'
Orobanche
epithymum
D,
l'
Astragalus
minor,
la
Kœleria
cristata,
le
Polygonum
aviculare
et
le
Polygonum
Olivieri;
et
encore
plus
bas,
dans
les
lieux
marécageux,
la
camomille
ronde,
la
germendre
des
marais,
une
espèce
de
lin
et
la
gracieuse
Gentiana
Boissieri,
etc.
Vers
l'ouest
du
Pont
de
bois,
à
une
distance
de
trois
kilomètres,
sur
la
rive
gauche
du
Podande
dans
une
caverne,
se
trouvent
les
thermes
d'Elidja
[2].
Les
eaux
sortent
d'un
plateau
schisteux
situé
au
pied
de
la
montagne
porphyréenne.
Ces
thermes
étaient
déjà
connus
du
temps
des
Romains.
Dans
leur
célèbre
Itinéraire
Peutingerien
ce
lieu
est
mentionné
avant
la
station
de
Podande,
et
les
eaux
thermales
sont
appellées
«
Aquœ
calidœ
»;
les
fameux
bains
aussi
y
sont
signalés,
dont
les
eaux
sont
très
propres
à
guérir
plusieurs
maladies,
ainsi
que
le
remarquent
du
reste
les
derniers
visiteurs.
Un
explorateur
français,
Belon,
qui
y
passa
en
1548,
a
trouvé
une
grande
analogie
entre
ces
bains
et
les
thermes
de
Clermont,
soit
pour
la
qualité
de
l'eau,
soit
surtout
pour
la
place
de
la
source
et
de
la
grotte
naturelle
creusée
dans
le
rocher.
Mais
un
autre
explorateur,
Davis,
dans
un
voyage
beaucoup
plus
récent,
leur
trouve
une
ressemblance
avec
les
thermes
d'Aix-la-Chapelle.
Actuellement
le
bâtiment
a
des
bains
bâtis
en
arcades,
et
mesure
quarante
pieds
de
long
sur
vingt-quatre
de
large;
le
bassin
a
jusqu'à
six
pieds
de
profondeur.
La
température
de
l'eau
est
de
33°
R.
Elle
est
insipide,
inodore
et
ne
laisse
aucun
dépôt.
Durant
la
guerre
d'Egypte,
les
Turcs
avaient
élevé
aux
environs
des
barricades
et
des
bastions
pour
mieux
résister
à
Ibrahim
pacha,
qui
avait
établi
les
siens
non
loin
d'eux.
Près
de
l'endroit
où
le
fleuve
Podande
reçoit
la
rivière
Eleudjélé
ou
El-Khodja,
à
une
distance
d'un
peu
plus
d'un
kilomètre
au
sud-ouest,
on
trouve
à
une
altitude
de
744
mètres,
une
ancienne
station
appelée
Tchifté-Khan.
Paul
Lucas
qui
écrivait
au
commencement
du
XVIII
e
siècle,
l'appelle
Chefete-camp.
Ce
nom
de
Tchifté-khan
(double
khan)
lui
vient
sans
doute
de
ce
qu'en
cet
endroit
se
trouvaient
deux
khans.
Le
général
allemand,
Fischer,
qui
fortifia
ce
vallon
pour
la
défense
des
Turcs
contre
l'armée
égyptienne,
fit
aussi
jeter
un
pont
sur
le
fleuve,
car
de
ce
lieu
jusqu'au
pont
de
Ak-kueupri,
il
eut
été
difficile
de
trouver
un
gué.
Le
vallon
ne
mesure
que
110
à
200
mètres
de
largeur.
Les
Turcs
livrèrent
bataille
entre
Tchifté-khan
et
le
Pont
de
bois,
le
15
octobre
1832,
sous
la
conduite
d'Ali,
pacha
d'Iconium,
et
de
Sadik,
pacha
de
Tarse.
Ils
durent
se
retirer
dans
leurs
retranchements,
vers
les
casernes
d'Oulou-kechela;
ils
en
furent
encore
délogés
et
se
virent
obligés
de
se
replier
sur
Iconium.
La
rivière
qui
passe
près
de
Tchifté-khan
et
mêle
ses
eaux
à
celles
du
Tarbas,
est
appelée
par
les
uns,
du
nom
de
la
principale
montagne
de
la
Cilicie
Trachée,
Boulghar;
par
d'autres,
Alagouga
ou
El-khodja,
du
nom
de
deux
petits
villages
appelés
Eleudjéli,
Supérieur
et
Inférieur,
il
semble
qu'ils
sont
les
villages
Aladjali,
ou
bien
Hadji-Ali
ou
Ali-hodja.
Comme
cette
rivière
descend
presque
directement
des
hauteurs,
son
cours
est
très
rapide
et
elle
forme
plusieurs
cascades;
elle
coule
au
milieu
d'un
terrain
formé
d'argile
et
de
calcaire
jaune,
coupé
ça
et
là
par
des
blocs
de
porphyre,
de
serpentine
ou
d'amphibolithe.
Elle
se
jette
dans
le
Tarbas
à
un
peu
plus
d'un
kilomètre
au
nord
de
l'embouchure
de
la
rivière
Horos.
C'est
probablement
dans
l'un
des
villages
ci-haut
mentionnés,
l'
Aladja
de
V.
Langlois,
que
se
trouvent
les
restes
magnifiques
d'une
église
byzantine:
(p.
143
-
Ruines
d'une
église
dans
le
village
d'Aladja)
car
il
ne
dit
pas
suffisamment
où
se
trouve
Aladja.
Le
même
voyageur
ajoute
que
l'on
trouve
près
de
là,
sur
un
rocher
les
restes
d'un
édifice
singulier
qui
doit
remonter
à
une
haute
antiquité,
et
à
un
peuple
inconnu;
on
y
remarque
encore
les
traces
d'une
inscription,
dont
les
caractères
paraissent
plutôt
symboliques.
(p.
144
-
Inscription
(hétéenne)?
en
relief
près
du
village
d'Aladja)
Une
chose
à
remarquer
c'est
que
les
Grecs
d'alentour
qui
travaillent
dans
les
mines,
parlent
plutôt
le
grec
ancien
que
le
moderne.
La
vallée
du
fleuve
est
étroite
et
longue;
très
haute
et
très
rocailleuse
du
côté
de
l'ouest,
elle
va
en
s'inclinant
vers
l'est.
Dans
sa
plus
haute
partie
elle
est
dépourvue
de
toutes
espèces
d'arbres;
par
contre
les
plantes
alpestres
n'y
manquent
pas,
et
Kotschy
en
aurait
pu
cueillir
s'il
n'était
arrivé
dans
ces
lieux
un
peu
trop
tard
pour
la
floraison,
(4
août,
1853).
Tchihatchef
qui
y
passa
dans
une
saison
moins
avancée,
dit
y
avoir
trouvé
le
Sedum
olympicum.
La
partie
inférieure
et
moyenne
de
la
vallée
est
buissonneuse.
Les
arbustes
croissent
jusqu'à
la
hauteur
de
7,
000
pieds
et
les
grands
arbres
jusqu'à
6,
500.
Ce
qu'il
y
a
de
plus
remarquable
dans
cette
vallée,
ce
sont
les
mines
de
Boulghar-madén
près
des
sources
du
fleuve
où
il
y
a
aussi
le
village,
nommé
Boulghar-dagh,
à
une
altitude
de
1,
483
mètres.
Ce
village
est
à
l'est
de
la
chaîne
dont
il
porte
le
nom;
il
est
distant
de
14
heures
de
Tchifté-khan,
30
de
Podande,
36
d'Arpa
Outchouroumou,
52
de
la
Forteresse
de
la
Cilicie,
et
enfin
de
110
de
Tarse.
Dans
ces
mines,
comme
dans
la
plupart
de
celles
de
cette
région,
le
minerai
contient
du
charbon
et
se
trouve
soit
dans
le
rocher
calcaire,
soit
dans
de
l'argile
rouge
ferrugineuse.
On
dit
que
le
plomb
se
trouve
très
abondant
dans
les
couches
profondes,
mais
jusqu'à
présent
on
n'a
exploité
que
la
superficie.
En
1866,
il
y
avait
treize
mines,
sur
un
espace
de
huit
kilomètres;
mais
on
croit
qu'autrefois
les
puits
d'extraction
s'étendaient
jusqu'à
Tchifté-khan,
et
même
jusqu'au
Pont
de
bois.
Ces
mines
ne
se
trouvent
pas
toutes
à
la
même
hauteur;
la
moins
élevée
se
trouve
à
300
mètres
au-dessus
du
fond
de
la
vallée,
la
plus
haute
en
est
à
800
mètres.
Celle
qui
est
la
plus
proche
du
village
est
à
une
altitude
de
2,
096
mètres.
On
ne
travaille
dans
ces
mines
que
du
mois
de
mai
jusqu'à
la
fin
de
septembre;
l'hiver
y
est
excessivement
rigoureux,
surtout
près
du
Pic-Rouge,
où
se
trouvent
deux
puits
d'extraction
plus
riches
et
dans
une
position
plus
élevée
que
les
autres.
Comme
il
n'y
a
plus
de
forêts,
ni
même
d'arbres
isolés
aux
environs,
on
est
obligé
d
'
apporter
d'assez
loin
le
bois
de
cèdre
ou
de
sapin
nécessaire
pour
les
besoins
des
mines.
Les
habitants
de
ces
lieux
le
convertissent
en
charbon:
comme
dans
les
autres
mines,
la
plupart
des
ouvriers
sont
des
Grecs.
En
1876
le
chef
des
ouvriers
était
un
certain
Kantardji
Giorgi:
il
affirmait
au
voyageur
Davis
que
les
dépenses
du
gouvernement
pour
les
mines
de
plomb
et
d'argent
s'élevaient
à
24,
000
livres
turques,
mais
que
le
rendement
en
était
de
50,
000;
qu'un
gramme
d'argent
raffiné
revenait
à
16
centimes
environ,
et
que
pour
le
même
prix
on
obtenait
une
oque
de
plomb.
Les
alentours
de
ces
mines
offrent
aussi
un
spectacle
des
plus
grandioses,
car
à
la
distance
de
cinq
à
six
kilomètres
s'étend
la
chaîne
des
Monts
Boulghars,
dont
les
hauts
sommets
sont
tout
couverts
de
neige.
La
plaine
qui
n'est
que
la
vallée
du
fleuve,
est
d'un
aspect
très
agréable;
elle
est
assez
fertile
et
les
maisons
y
sont
éparpillées
au
milieu
des
bosquets
de
cèdres
et
des
prairies.
Les
montagnes
paraissent
inaccessibles
du
côté
du
versant
nord
qui
fait
face
aux
mines;
mais
du
côté
du
sud,
on
peut
monter
jusque
sur
le
pic
de
Méddésize,
la
plus
haute
des
cimes.
On
y
arrive
en
côtoyant
Gulek-maghara,
Karli-gueul,
Bache-olouk,
Kétchi-béli
et
les
trois
sommets
de
l'Utch-tépé.
C'est
par
là
que
monta
Kotschy
(29-30
juillet
1853).
Avant
lui,
l'officier
Rousseger
avait
déjà
suivi
le
même
chemin,
lors
de
son
ascension:
ce
dernier
trouva
de
la
neige
encore
un
peu
plus
bas
que
2,
000
mètres;
certaines
parties
étaient
entièrement
gelées,
surtout
près
de
la
source
du
fleuve.
Sur
le
sommet
formé
d'une
roche
calcaire
toute
coupée,
et
qui
se
trouve
au
sud
du
massif,
Kotschy
trouva
une
plante
qu'il
appelle
Heldreichea;
un
peu
plus
bas,
à
une
altitude
de
11,
000
pieds,
il
remarqua
dans
les
creux
des
rochers,
l'astragale
pelliculeux,
l'
Ajuga
Chia,
et
l'eunomie
rouge.
L'
Alyssum
argyrophyllum
est
la
plante
qu'il
rencontra
à
la
plus
haute
altitude.
Inutile
de
dire
que
la
vue
dont
on
jouit
de
la
cime
de
ces
montagnes,
est
vaste
et
grandiose.
A
l'est
de
la
dernière
sommité
dont
nous
venons
de
parler,
il
y
en
a
une
autre
qui
s'appelle
Tchoban-kouyou
(puits
du
berger),
et
qui
s'élève
au-dessus
de
l'arête
commune,
comme
une
pyramide
aiguë
de
300
pieds
de
hauteur:
de
ce
sommet
on
peut
voir
Tarse.
[1]
Le
botaniste
Kotschy
donne
(pag.
176-183)
une
longue
nomenclature
des
plantes
de
ces
hauteurs
comprises
entre
Kochan
et
Kezel-tépé,
et
les
mines
de
Boulghar
maghara
et
de
ses
environs
du
côté
nord.
[2]
Ainsworth
(II,
73)
en
y
passant
le
27
novembre
1833,
essaya
cette
eau,
et
la
trouva
thermale.