Après
la
capitale,
le
lieu
le
plus
renommé
devait
être
la
résidence
de
l'archevêque
de
Sis
et
son
patrimoine;
ce
lieu
qui
ne
pouvait
pas
être
loin
de
la
ville,
était
le
fameux
couvent
de
Trazarg,
qui
surpassait
les
autres
couvents
du
territoire
non
seulement
par
le
rang
et
la
haute
renommée
du
siége,
mais
encore
par
son
ancienneté
et
par
sa
discipline.
Aussi
sommes-nous
étonnés
et
douloureusement
peinés
de
n'en
point
connaître
exactement
la
situation.
Personne,
parmi
les
voyageurs
ou
les
habitants
du
territoire,
ne
mentionne
ce
lieu,
si
non
le
Père
Indjidji,
qui
écrit:
«Du
couvent
de
Trazarg
il
reste
une
église,
dans
un
vallon,
au
milieu
des
bois,
à
une
journée
à
l'ouest
de
Sis,
et
à
deux
jours
d'Anazarbe.
Un
ruisseau
passe
à
ses
pieds,
et
on
voit
encore
les
ruines
du
célèbre
monastère.
On
trouve
à
Trazarg
un
arbre
qui
donne
un
fruit
d'une
couleur
jaune,
appelé
Ourgoumil,
et
des
noisetiers
en
abondance,
comme
à
Sis».
Les
Occidentaux
avec
une
naïve
simplicité
ont
traduit
le
mot
arménien
Trazarg
par
Trois-arcs,
et
en
latin,
Abbas
Trium
Arcium,
comme
nous
le
montre
la
signature
latine
de
Jean
(plus
tard
catholicos),
archevêque
de
Sis
en
1201,
et
de
Léon
le
Grand,
dans
son
premier
édit
en
faveur
des
Génois;
on
trouve
aussi
écrit
en
latin:
Abbatia
de
Tresarco.
L'époque
de
la
fondation
du
couvent
nous
est
inconnue;
probablement
elle
est
antérieure
à
la
domination
des
Roupiniens.
Thoros
I
er
en
fut
le
restaurateur
au
commencement
du
XII
o
siècle,
avec
le
concours
de
deux
docteurs
savants,
disciples
et
coadjuteurs
du
patriarche
Grégoire
le
Martyrophile;
l'un
était
Georges
Meghrig
du
village
d'
Analure
de
Vaspouragan
(dans
la
Grande
Arménie);
il
passa
une
vie
mortifiée
durant
50
ans,
ne
se
nourrissant
que
de
pain,
et
passant
ses
nuits
dans
les
veilles
pieuses:
«il
fut
un
exemple
pour
un
grand
nombre
de
gens,
et
un
père
pour
tous
les
Arméniens,
selon
Mathieu
d'Edesse;
il
y
rassembla
une
multitude
d'anachorètes
de
Jésus-Christ,
et
il
y
établit
l'ordre
et
la
discipline
des
premiers
Pères...
Il
leur
donna
par
écrit,
les
règlements
qu'on
a
conservés
jusqu'à
nos
jours».
Il
avait
établi
le
même
ordre
aussi
dans
le
monastère
de
Khorine,
et,
comme
on
le
présume
par
les
paroles
de
plusieurs
historiens,
les
religieux
y
menaient
une
vie
d'une
grande
austérité,
entièrement
voués
à
la
prière;
c'est
pourquoi
le
nom
de
cette
maison
est
toujours
accompagné
des
épithètes
les
plus
louangeuses,
comme
le
grand,
le
saint
hermitage,
le
célèbre,
le
remarquable,
l'illustre,
l'
habitation
des
anges.
Ce
fameux
docteur
Georges,
au
tempérament
doux,
mourut
en
1114,
âgé
de
70
ans,
et
fut
enseveli
dans
ce
couvent.
Il
accomplit
une
œuvre
importante
pour
notre
Eglise:
il
mit
en
ordre
le
Missel,
en
y
ajoutant
des
fêtes
avec
des
leçons
appropriées,
sur
l'ordre
et
avec
l'approbation
du
susdit
patriarche
Grégoire
le
Martyrophile.
Un
calendrier
indiquant
les
fêtes
des
Saints,
écrit
en
1287,
dit
dans
sa
préface,
à
l'égard
de
la
liste
des
fêtes
de
ces
Saints:
«Cet
ordre
a
été
introduit
dans
l'église
arménienne,
d'après
le
choix
fait
par
les
docteurs
du
célèbre
couvent
de
Trazarg».
Treize
ans
après
(1127)
à
côté
du
tombeau
de
Georges,
on
enterrait
son
compagnon,
«le
fondateur
des
règles
du
couvent
de
Trazarg
[1],
le
D.
r
Guiragos;
il
imita
les
premiers
saints,
approfondit
le
sens
des
Saints
Testaments
de
Dieu,
et
par
ses
études
sérieuses,
arriva
à
la
compréhension
des
passages
difficiles
de
l'Ancien
et
du
Nouveau
Testament ...
Ce
monastère
fut
appelé
Tombeau
des
Saints
Docteurs
».
Parmi
ces
derniers
il
faut
citer,
en
1162,
«
Basile
le
docteur
glorieux
plein
de
grâce
divine,
très
intelligent,
craignant
Dieu,
et
très
ardent
dans
la
mortification
et
la
prière;
versé
dans
les
écritures
saintes;
il
était
le
protecteur
et
le
refuge
des
affligés».
Ce
Basile
étant
le
confesseur
de
Baudouin,
comte
de
Marache
et
de
Kessoun,
composa
une
oraison
funèbre
et
trouva
des
accents
sublimes
pour
pleurer
sa
mort.
Le
comte,
contre
son
conseil,
s'était
allié
avec
Josselin
et
avait
trouvé
la
mort
durant
l'assaut
d'Edesse.
Basile
montre
dans
ce
discours
sa
tendresse
pour
son
affectionné
Sir
Baghdin
(Baudouin),
comme
il
l'appelle;
le
cadavre
n'ayant
pu
être
retrouvé,
Basile
le
nomme
«le
perdu
introuvable».
Il
décrit
habilement
son
ardeur
dans
l'armée
et
dans
la
bataille,
vertu
qui
elle
aussi
enflamme
l'enthousiasme
de
l'orateur:
«Hélas!
s'écrie-t-il,
son
tombeau
ne
s'élèvera
dans
aucun
lieu!
un
seigneur
pareil,
maître
d'une
multitude
de
soldats,
un
prince
si
célèbre
sera
confondu
parmi
les
morts!
on
ne
le
trouve
point
parmi
les
vivants;
les
cloches
n'ont
point
sonné
pour
lui...
de
son
vivant
il
n'eut
point
de
repos...
et
maintenant
à
sa
mort
il
disparaît
sans
trace,
sans
souvenir».
Ce
couvent
de
Trazarg
fut
de
même
le
lieu
de
sépulture
de
plusieurs
personnages
illustres,
de
rois,
de
patriarches
et
de
docteurs.
Trois
Thoros,
seigneurs
de
la
contrée,
y
furent
inhumés:
les
deux
premiers
étaient
des
Roupiniens,
deux
barons
courageux.
Le
premier
y
fut
enterré
en
1129
et
le
second
en
1169;
l'un
fut
le
restaurateur
de
ce
lieu
et
l'autre
le
régénérateur
de
tout
le
territoire.
Le
troisième
était
de
la
famille
des
Héthoumiens;
roi
malheureux
et
peu
fait
pour
son
époque,
petit-fils
de
Héthoum
I
er,
il
fut
étranglé
avec
une
corde
par
son
frère
Sempad
(en
1298),
et
inhumé
dans
ce
lieu.
De
même
le
jeune
et
l'ardent
Baron,
Roupin
II,
surnommé
le
Montagnard,
le
frère
de
Léon
le
Grand,
(1186),
trouva
ici
son
tombeau.
Ajoutons
encore
le
magnanime
Héthoum
I
er
(1270)
qui
gouverna
longtemps
notre
nation,
(durant
45
ans).
(p.
267-
Le
roi
Héthoum
I
er,
d'après
une
monnaie)
Proclamé
roi
dès
son
enfance,
ayant
l'appui
du
talent
et
de
la
vigueur
indomptable
de
son
père
et
tuteur
Constantin,
le
Bailli,
et
de
son
frère
Sempad
le
Connétable,
il
s'affermit
sur
le
trône,
agrandit
son
pouvoir
de
plus
en
plus
et
brilla
tant
en
Orient
qu'en
Occident,
comme
une
forte
colonne
posée
sur
les
fondements
de
Léon
le
Grand.
Après
une
vie
riche
de
gloire,
mais
aussi
abreuvée
d'infortunes,
il
se
retira
dans
ce
couvent,
quelques
temps
avant
sa
mort.
«Il
se
fit
religieux,
fut
appelé
Macaire,
et
il
rendit
son
âme
au
Seigneur
dans
la
plus
grande
piété».
Dix-huit
ans
auparavant
la
reine
la
plus
glorieuse
et
la
plus
digne
d'admiration
de
Sissouan,
Zabel,
fille
de
Léon,
à
la
main
de
laquelle
aspirèrent
plusieurs
princes
royaux,
s'y
reposait
pour
toujours
(+le
22
janvier
1252),
après
avoir
embaumé
sa
vie
des
plus
nobles
vertus.
Dans
ce
même
lieu
fut
encore
enterré
le
jeune
Stéphané,
fils
de
Léon
II,
délivré
dès
son
âge
d'innocence,
il
échappa
aux
désastres
que
ses
cinq
frères
causèrent
en
voulant
s'emparer
par
force
de
la
couronne.
Ses
deux
frères
cadets
et
jumeaux,
le
brave
Alinakh
qui
périt
dans
les
eaux
du
Cydnus,
sous
les
coups
des
pieds
de
son
cheval
arabe
(1317),
et
le
roi
Ochine
(1320),
furent
aussi
enterrés
dans
ce
même
monastère.
Parmi
les
personnes
du
clergé
également
inhumées
à
Trazarg
on
peut
citer:
le
catholicos
magnanime
Grégoire
Degha,
de
la
famille
des
Bahlaves
(le
25
mai
1193),
qui
y
fut
enterré
en
grande
pompe
par
le
glorieux
Nersès
de
Lambroun
et
par
l'assistance
du
grand
roi
Léon.
Deux
ans
après
(1195)
eurent
lieu
les
funérailles
du
jeune
catholicos
Grégoire
Karavège
(le
Précipité),
inhumé
près
du
tombeau
du
roi
Héthoum.
On
y
enterra
aussi
Jean
VII,
le
Catholicos
«au
caractère
magnanime»,
l'homme
au
grand
cœur,
qui
ne
craignit
pas
de
s'opposer
à
Léon,
dont
le
naturel
fougueux
ne
souffrait
guère
d'être
contrarié.
Jean
sut,
selon
l'historien,
mettre
obstacle
à
ses
«manèges
secrets
et
évidents».
S'étant
reconcilié
avec
le
roi,
il
fut
transféré
de
son
siège
de
Romcla,
à
Trazarg
en
1218,
et,
succédant
à
Héli-Héthoum,
qui
avait
pris
l'habit
religieux
dans
ce
monastère,
en
avait
été
élu
supérieur
(1200),
et
probablement
aussi
y
avait
été
enterré.
De
même
il
paraît
que
Basile,
frère
du
roi
Héthoum
dont
on
parle
avec
beaucoup
de
louanges,
et
qui
avait
été
élu
supérieur
du
couvent
et
archevêque
de
Sis,
fut
inhumé
dans
ce
même
couvent
le
19
avril,
1275.
On
y
enterra
encore
le
vieux
Catholicos
Constantin
I
er
de
Partzerpert,
en
1267,
et
après
lui
Constantin
III
de
Lambroun.
Lors
de
l'enterrement
de
ce
dernier
on
ouvrit
le
tombeau
du
premier,
«et
on
n'y
trouva
que
le
pluviale
à
demi
consumé,
les
cordons
du
pallium
en
bon
état,
le
bâton
pastoral
et
les
cheveux:
des
ossements
on
ne
voyait
plus
aucune
trace.
On
rendit
alors
grâce
au
Seigneur
qui
rend
glorieux
ses
Saints»!
Parmi
les
autres
personnages
inhumés
dans-ce
couvent,
citons
Padloun,
nom
qui
peut
nous
paraître
étrange
dans
ce
lieu:
son
histoire
est
du
reste
assez
curieuse.
C'était
le
petit-fils
de
l'émir
persan
gouverneur
d'Ani;
«il
avait
entendu
dire
que
sa
grand'mère
Gada,
de
la
famille
royale
des
Pacratides,
était
chrétienne;
la
lumière
de
l'amour
de
J.
-C
s'alluma
dans
son
esprit
et
dans
son
cœur;
il
alla
au
mont
de
Saint
Grégoire
l'Illuminateur,
y
reçut
le
baptême,
s'y
fit
religieux
et
y
demeura
quinze
ans...
menant
une
vie
de
grande
mortification...
après
il
se
rendit
à
Trazarg,
où
il
mourut
en
J.
-C.
»
[2],
l'an
1130.
Plusieurs
autres
personnages
de
la
famille
royale
et
du
clergé
reposent
aussi
dans
cette
terre
abandonnée
et
dans
ces
tombeaux
de
Trazarg,
l'un
des
plus
illustres
et
des
plus
mystérieux
cimetières
des
grands
seigneurs
Arméniens.
C'est
pourquoi
les
mémoires
et
les
historiens
du
temps
l'appellent
le
caveau
et
«l'enceinte
sépulcrale
de
nos
rois,
de
nos»
reines
et
de
nos
patriarches».
Heureux
si
leurs
restes
sacrés
n'ont
pas
été
profanés
par
des
mains
impies
et
sacrilèges!
Qu'ils
restent
donc
cachés
et
à
l'abri
des
buissons
touffus
et
des
forêts
du
Taurus,
sous
la
garde
du
signe
de
la
paix,
de
la
Sainte
Croix,
avec
les
restes
glorieux
des
magnifiques
églises
et
des
palais
somptueux
de
Sissouan!
Il
faut
espérer
qu'un
meilleur
temps
renaîtra,
que
de
nouveau
descendra
la
rosée,
bénite
sur
ces
fleurs
fanées,
et
que
des
cendres
de
ces
tombeaux
éclatera
un
rayon
de
vie
pour
ceux
qui
aiment
leurs
ancêtres,
et
leur
gloire
éteinte,
jadis
si
brillante!
Transportons-nous
de
cette
nécropole
de
Trazarg,
symbole
de
la
mort,
vers
les
lieux
qui
se
rattachent
à
l'immortalité:
aux
églises.
L'une
de
ces
églises
était
sous
le
vocable
de
Saint-Thoros,
mais
la
principale
était
dédiée
à
la
Sainte
Vierge,
comme
l'indique
le
mémoire
de
l'évangile
écrit
en
1217,
sous
le
règne
de
Léon
le
Magnifique,
«dans
le
célèbre
et
renommé
monastère
de
Trazarg,
sous
la
protection
de
la
Sainte
Vierge
et
dans
la
demeure
de
notre
Sauveur
Jésus».
Peut-être
y
avait-il
dans
l'église
un
autel
ou
une
croix
dédiée
au
nom
du
Sauveur.
Ce
livre
[3]
est
écrit
avec
la
coopération
du
prêtre
Grégoire
«pour
le
religieux
Thoros,
surnommé
Korkatsi,
qui
vivait
retiré
dans
une
cellule
étroite,
forcé
de
garder
le
lit
à
cause
de
sa
vieillesse
bien
avancée.
Cependant
quoique
vieilli
de
corps
et
très
avancé
dans
l'âge,
la
providence
et
la
bonté
de
Dieu
lui
avaient
donné
la
force
et
le
courage
de
persévérer
dans
l'observation
des
saints
préceptes
et
dans
la
lecture
des
livres
saints.
Il
regardait
cet
évangile
comme
une
consolation
pour
sa
vieillesse,
comme
un
trésor
impérissable,
une
perle
sans
prix
pour
son
âme
souffrante
pour
les
vanités
de
ce
monde
malheureux.
Mais
quand
il
fut
sur
le
point
de
mourir
et
de
s'unir
à
Jésus,
l'espérance
de
tous
les
hommes,
il
légua
cet
évangile
à
son
neveu
Pierre,
également
prêtre,
afin
qu'il
le
gardât
comme
un
patrimoine
propre
et
un
souvenir
pour
lui
et
pour
ses
parents».
Un
siècle
avant,
en
1113,
un
autre
évangile
avait
déjà
été
copié
dans
ce
même
couvent,
par
Georges,
par
ordre
du
grand
docteur
Guiragos,
l'ordinateur
des
règles
du
monastère.
On
trouve
aussi
dans
ce
manuscrit
la
mention
de
l'église
de
la
Sainte
Vierge.
Un
autre
évangile
encore
écrit
par
Thoros
en
1182,
et
enluminé
par
le
prêtre
Khatchadour,
est
conservé
maintenant
au
British
Muséum.
L'écrivain
ou
le
brave
enlumineur
nous
a
laissé,
en
témoignage
de
son
travail,
cette
naïve
exclamation:
«O
saint
livre,
tu
connais
mes
fatigues!»
Le
supérieur
du
monastère
s'appelait
alors
Samuel;
il
paraît
avoir
été
aussi
l'évêque
du
diocèse.
Dix
ans
auparavant
(1173),
l'écrivain
Thoros
mentionne
déjà
cet
abbé.
Samuel
doit
avoir
eu
pour
successeur,
comme
supérieur
et
comme
évêque,
Jean,
plus
tard
catholicos;
durant
son
catholicat,
le
supérieur
du
monastère
fut
Héthoum-Héli,
frère
de
Saint
Nersès
de
Lambroun.
Après
lui
le
même
Jean
catholicos
reprit
pour
quelque
temps
la
direction
du
couvent.
Puis
ce
fut
Basile,
qui
au
commencement
de
son
gouvernement,
en
1220,
copia
une
partie
des
livres
prophétiques
[5].
En
1241
nous
trouvons
dans
un
livre
distinctement
mentionné
«le
supérieur,
le
grand
Basile,
frère
du
roi
Héthoum».
L'écrivain
du
livre
(hymnaire)
un
certain
Jean
de
la
Grande
Arménie,
ne
trouvant
pas
dans
sa
patrie,
comme
il
le
déclare
lui-même,
«un
lieu
de
lettres
et
de
musique,
à
cause
du
manque
de
culture
intellectuelle,
vint
au
milieu
des
personnes
lettrées
et
des
philosophes
de
la
Cilicie,
dont
le
gardien
protecteur
est
J.
-C. ...
Il
chercha
longtemps
un
exemplaire
de
rhétorique,
et
finit
par
en
trouver
un
très
bon
d'un
certain
Joseph,
musicien,
très
versé
dans
cette
matière,
jusqu'à
ne
pas
trouver
son
égal».
Après
Basile,
frère
du
roi
(+
1275),
je
ne
trouve
pas
mentionnés
d'autres
supérieurs
de
ce
couvent,
sinon
le
catholicos
Constantin
III,
appelé
aussi
Constantin
de
Trazarg.
Au
commencement
du
XIV
e
siècle
(1301),
on
cite
Jean,
évêque
de
Sis,
qui
était
probablement
supérieur
de
Trazarg
avant
Constantin.
Celui-ci,
en
1321,
dans
l'édit
de
Léon
IV
en
faveur
des
Vénitiens,
ajoute
à
sa
signature,
non
seulement
le
titre
d'archevêque
de
Trazarg,
mais
encore
celui
de
chancelier
du
royaume
des
Arméniens
[6].
Le
dernier
mémoire
et
souvenir
de
Trazarg
qui
me
soit
connu,
est
un
évangile.
Je
l'ai
sous
les
yeux:
ce
manuscrit
fort
bien
écrit
et
bien
enluminé,
fut
copié
en
1332,
d'après
un
excellent
exemplaire,
par
Thoros
de
Romcla,
pour
le
prêtre
Sarkis,
fils
de
Mardiros
et
de
la
Dame
Mama.
Dans
la
liste
des
évêques
de
Sis,
mentionnés
plus
haut,
il
faut
ajouter
Basile
en
1342.
Il
assista
au
concile
convoqué
par
le
catholicos
Mekhitar.
Enfin,
l'évêque
Jean
est
mentionné
comme
dernier
parmi
tous
ces
évêques,
en
1372.
Le
Pape
Grégoire
XI,
dans
son
épître
à
Philippe,
prince
de
Tarente,
parle
de
cet
évêque
et
l'annonce
comme
ambassadeur
envoyé
par
la
reine
des
Arméniens
[7].
En
résumé
de
ce
que
nous
avons
dit,
les
supérieurs
de
Trazarg,
en
même
temps
archevêques
de
Sis,
se
succédèrent
dans
l'ordre
suivant:
+1113.
Georges
Meghrig.
1113-27.
Guiragos,
le
Docteur
savant.
1173-1182.
Samuel.
1198.
Jean
Medzaparau
(le
Magnanime)
plus
tard
catholicos.
1200.
Héli-Héthoum,
de
Lambroun.
1218.
Jean,
(le
catholicos),
pour
la
deuxième
fois.
1220.
Basile.
1241-1275.
Basile,
frère
du
roi.
1294.
Thoros.
1295.
Constantin.
1301.
Jean.
1323
Constantin
(III,
catholicos).
1341.
Basile.
.....................
1372.
Jean.
Assurément
outre
l'archevêque,
il
y
avait,
aussi
un
supérieur
ou
directeur
immédiat
dans
le
monastère;
ainsi
en
1325
le
supérieur
du
monastère
était
Haïrabied,
prêtre
vénéré
et
savant;
il
était
assisté
de
son
frère
Soukias,
prêtre
célibataire.
D'après
leur
conseil
et
exhortation,
un
certain
Grégoire,
fils
du
religieux
Mikaël
et
neveu
du
prêtre
Sarkis,
copia
un
évangile.
L'inscription
de
ce
manuscrit
mérite
d'être
signalée:
l'auteur
après
avoir
dit
qu'il
fut
écrit
dans
le
célèbre
monastère
de
Trazarg,
sous
la
protection
de
la
Sainte
Vierge
et
d'autres
Saints
vénérés
dans
ces
lieux,
demande,
par
trois
fois,
qu'on
se
souvienne
des
religieux
et
des
officiants,
tant
morts
que
vivants,
du
monastère
de
la
Fosse,
qui,
selon
le
contexte,
semble
être
le
même
que
celui
de
Trazarg;
puisqu'il
prie
de
nouveau
de
«se
rappeler
des
bons
pères
du
saint
monastère
de
la
Fosse,
de
Haïrabied
et
de
tous
ses
frères,
et
de
tous
les
habitants
de
la
Fosse,
les
prêtres
et
les
religieux».
D'où
il
suit
que
Trazarg
portait
un
double
nom,
et
à
cause
de
sa
position
s'appelait
aussi
la
Fosse,
ou
bien
qu'il
était
partagé
en
deux,
comme
c'était
alors
l'habitude
dans
les
monastères
célèbres
de
séparer
les
solitaires
des
religieux
vivant
en
communautés;
la
Fosse
en
ce
cas
devait
être
l'ermitage.
Dans
le
mémorial
[8]
d'un
autre
livre
il
est
encore
fait
mention
de
ce
couvent
de
la
Fosse
où
il
est
dit
qu'il
contient
quelques
religieux
seulement;
mais
comme
je
n'ai
pas
vu
le
manuscrit
et
que
j'ignore
sa
date,
je
ne
puis
rien
ajouter.
Mais
nous
possédons
encore
sur
ce
lieu
un
mémoire
plus
ancien
datant
de
la
moitié
du
XIII
e
siècle.
Le
catholicos
Constantin
écrit
dans
un
évangile:
«Je
l'ai
fait
copier
pour
moi
en
1254,
d'après
un
excellent
exemplaire
et
je
l'ai
orné
d'or
et
d'argent;
et
ayant
visité
le
monastère
de
la
Fosse,
j'ai
réuni
tous
ses
membres
afin
qu'ils
n'aient
qu'un
seul
but
et
une
vie
commune;
ils
reçurent
des
règlements
selon
leur
pouvoir;
je
m'unis
avec
eux
et
leur
fis
le
don
de
cet
évangile,
que
j'avais
fait
écrire
pour
moi,
en
ma
mémoire
et
en
celle
de
mon
neveu,
le
prêtre
Thoros
»,
etc.
Ce
monastère,
si
célèbre,
portait
encore
un
autre
nom
ou
épithète:
il
s'appelait
Avak-Vank
(le
Grand
monastère);
comme
nous
l'atteste
l'écrivain
Thoros,
en
1173,
après
avoir
cité
le
supérieur
Samuel,
il
ajoute:
«Dans
le
couvent
de
Trazarg,
appelé
Avak-Vank».
Parmi
les
dignitaires
du
monastère,
nous
pouvons
en
citer
un,
dont
le
nom
est
mentionné
dans
les
Archives
d'Angleterre:
Thoros
le
Musicien,
ou
maître
de
chapelle
de
Trazarg.
Il
fut
envoyé
en
ambassade
avec
Baudouin
(maréchal,
père
du
roi
Constantin
II),
par
l'ordre
de
Léon
III
et
de
son
régent
et
oncle
Héthoum
II,
en
1307,
à
Edouard
II
roi
d'Angleterre
et
à
d'autres
princes.
Edouard,
avant
d'avoir
appris
la
triste
nouvelle
de
la
mort
de
Léon
et
de
son
oncle,
leur
écrivait
quelques
mois
plus
tard
une
lettre,
pour
leur
accuser
la
réception
de
leur
missive
et
de
leur
ambassade.
«Litteras
vestras
de
credentia,
per
discretos
viros,
Theodorum
Cantorem
Abbatiœ
de
Tresarco,
Dominum
Baudivinum
filium
domini
de
Negrino,
consobrinum
vestrum,
et
dominum
Leonem,
milites
familiares
vestros
et
nuncios
speciales...
recepimus»
[9].
Si
Thoros,
dans
cette
ambassade,
a
la
préférance
sur
ses
deux
compagnons,
c'est
qu'il
était
un
personnage
érudit,
habile
diplomate,
et
versé
dans
les
affaires
de
la
cour.
C'était
probablement
lui
que
l'on
appelait
le
Thoros
Thaprontz,
l'archiprêtre
de
la
cour,
dont
la
mort
est
ainsi
indiquée
dans
les
mémoires
de
la
maison
du
roi:
«Ce
même
jour
rendit
son
âme
à
J.
-C.,
le
savant,
l'homme
de
talent,
le
musicien
Thoros,
l'archiprêtre
Thaprontz,
en
1342,
le
27
décembre;
que
N.
Seigneur
J.
-C.,
ait
pitié
de
son
âme»!
(p.
270-
Fac-simile,
tiré
d'un
évangile
écrit
à
Trazarg,
en
1331
[10].
)
Digne
de
mémoire
est
aussi
la
personne
qui
a
orné
et
doré
deux
évangiles
écrits
en
1325,
et
en
1331;
nous
avons
ce
dernier
entre
les
mains;
il
est
dans
un
état
de
parfaite
conservation.
Le
pieux
artiste
qui
copia
et
enlumina
ces
deux
ouvrages
était
un
religieux
du
nom
de
Sarkis,
fils
du
prêtre
Grégoire
et
d'Hélène;
nous
en
reproduisons
ici
une
page
de
cet
évangile
pour
donner
une
idée
de
son
habileté
et
de
son
talent.
Il
vaut
la
peine
de
remarquer
dans
le
dessin,
la
croix
sur
l'oriflamme
de
la
tour,
et
la
construction
du
château
en
forme
de
temple.
Nous
avons
ajouté
en
marge
de
la
page
quelques
ornements
du
même
livre.
Au
pied
de
l'image
de
S.
Luc,
on
voit
l'imagier
avec
cette
note:
«Souvenez-vous
de
l'indigne
prêtre
Sarkis
qui
a
décoré
cet
évangile,
et
de
ses
parents».
Nous
possédons
encore
d'autres
livres
qui
rendent
témoignage
de
l'adresse
et
du
succès
de
Sarkis
dans
l'art
de
l'enluminure
et
de
la
dorure.
Ces
livres
furent
sauvés
des
mains
des
barbares
et
partant
de
la
perte
éternelle.
Citons
d'abord:
1.
°
Un
évangile,
écrit
en
1334
par
Grégoire,
le
copiste
du
premier
évangile
de
1325,
et
enluminé
par
Sarkis
qui
se
dit
«Indigne
prêtre
qui
a
orné
et
doré
le
saint
livre».
2.
°
Les
Assises
d'Antioche
et
les
Institutes
de
Sempad
le
Connétable,
écrites
et
ornées
de
miniatures
en
1331,
par
l'ordre
de
Léon
IV,
dont
le
portrait
se
trouve
dans
une
vignette.
3.
°
Une
Bible,
écrite
en
1319
par
un
écrivain
habile:
le
frontispice
est
orné
d'or
par
Sarkis.
Son
habilité
et
sa
réputation
sont
affirmées
par
Etienne,
évêque
de
Sébaste.
Celui-ci
était
venu
pour
rendre
hommage
au
roi
Ochine,
il
reçut
sur
sa
demande
un
évangile,
mais
l'ouvrage
était
inachevé:
«On
y
voyait,
dit-il
lui-même,
la
main
d'un
artiste
intelligent,
d'un
bon
calligraphe,
et
d'un
habile
imagier;
mais
il
ne
l'avait
pas
terminé....
c'est
pourquoi
je
me
mis
à
la
recherche
d'un
brave
imagier,
et
je
trouvai
le
chaste
prêtre
Sarkis,
surnommé
Bidzag,
très
habile
dans
l'art
d'imagier.
Je
lui
donnai
1300
piastres;
il
consentit,
et
après
avoir
travaillé
avec
grand
soin,
il
compléta
le
reste
des
images
dorées
qui
manquaient
dans
l'évangile.
Je
l'ai
reçu
comme
de
la
part
de
Dieu,
et
je
me
réjouis
en
moi-même».
Nous
n'avons
qu'à
être
reconnaissants
envers
l'évêque
qui
nous
a
fait
connaître
le
surnom
de
Sarkis:
celui-ci
ne
l'a
jamais
ajouté
dans
les
mémoires
des
livres
que
nous
connaissons;
de
même
il
ne
parle
pas
non
plus
de
sa
condition
de
prêtre,
ni
de
ses
parents.
Mais
le
contexte,
les
dates,
surtout
la
ressemblance
des
dessins
et
des
physionomies,
nous
confirment
l'identité
de
l'auteur.
Selon
Grégoire,
copiste
des
deux
évangiles
de
1325
et
de
1334,
Sarkis
est
son
oncle
d'après
la
généalogie
suivante:
Grégoire,
prêtre=Hélène,
sa
femme
Bidzag
Sarkis,
prêtre
dessinateur
Théfano,
femme
du
religieux
Mikaël
Grégoire,
écrivain.
Sarkis
fait
remarquer
qu'avant
l'achèvement
de
l'évangile
de
l'an
1325,
ses
parents
et
sa
sœur
étaient
déjà
morts.
«J'ai
beaucoup
travaillé
dit-il,
pour
dorer
et
orner
les
Concordances,
les
évangiles,
les
arcades,
et
les
lettres
iniciales,
tout
cela
me
donna
beaucoup
de
peine».
Tous
ces
mémoires
nous
ont
démontré
clairement
que
le
monastère
de
Trazarg
était
l'un
des
plus
célèbres,
et
que
les
lettres
y
fleurirent
surtout
du
commencement
du
XII
e
siècle
jusqu'à
la
moitié
du
quatozième.
Sa
longue
durée
comme
son
ancienneté,
montrent
qu'il
surpassait
presque
tous
les
autres
couvents
de
Sissouan.
Nous
pouvons
même
présumer
le
grand
nombre
de
livres
qui
doivent
avoir
été
écrits
à
Trazarg
et
dans
le
couvent
succursal
de
Saint
Thoros;
la
plupart
ont
disparu
comme
des
feuilles
de
l'automne
qu'une
tourmente
disperse
et
fait
disparaître,
à
part
quelques-unes
qui
se
sauvent
dans
un
coin
abrité.
Nous
devons
regarder
comme
de
rares
et
précieux
débris
les
fac-similés
des
mémoires
que
nous
avons
publiés
dans
nos
pages.
Vue
de
la
ville
d'Anazarbe,
d'après
V.
Langlois
[1]
C'est
ainsi
que
l'appelle
le
chroniqueur
Samuel
d'Ani.
[3]
Ce
livre
précieux,
ainsi
que
plusieurs
autres,
fut
détruit
par
les
habitants
de
Tiflis,
qui
avaient
un
différent
avec
le
propriétaire,
Chirmazanian
Kaloust,
homme
de
lettres,
qui
en
même
temps
était
leur
maire.
«Ce
livre
de
musique,
qu'on
appelle
graduel,
fut
écrit
en
762
de
l'ère
(arménienne),
dans
le
saint
et
renommé
ermitage
de
Trazarg;
par
le
grand
pécheur
qui
porte
faussement
le
nom
d'écrivain;
sous
la
protection»,
etc.
[5]
Basile
écrit
de
lui-même
dans
la
même
année,
1220:
«Moi
Basile,
évêque,
le
dernier
des
hommes
et
vil
entre
tous,...
j'ai
écrit
ce
livre
de
la
Bible,
en
1221
durant
le
patriarcat
de
Jean
et
la
domination
des
princes
Arméniens;
la
même
année
mourut
Léon,
roi
des
Arméniens;
sous
l'ombre
du
couvent
de
Trazarg...
».
[6]
«Par
la
main
dou
Reverent
pere
en
Christ
Der
Constantin,
par
la
grace
de
Dieu
Arcevesque
de
Trasarc,
aujordhui
Canceller
dou
Royaume
d'Ermenie».
—
Charte
de
Léon
IV.
[7]
«Venerabilem
fratrem
Joannem
Archiepiscopum
Sitiensem,
præfatæ
Reginæ
(Armeniæ
Mariæ)
nuncium,
latorem
præsentium
(literarum),
audivimus,
et
audiri
fecimus
diligenter»,
etc.
—
EPIST.
Greg.
XI.
—
Avinione,
22
Jann.,
1372.
[8]
Ce
manuscrit
porte
le
N.
°
258,
des
manuscrits
d'Etchmiadzine,
(d'après
un
catalogue).
...
«Fut
copié
d'un
bon
exemplaire,
en
780
de
l'ère
(arménienne),
sous
le
règne
de
Léon,
et
le
catolicat
du
Seigneur
Jacques,
dans
l'ermitage
de
Trazarg
qui
ressemble
au
ciel,
par
la
grâce
de
Jésus;
à
qui
soit
rendu
gloire.
Amen.
O!
souvenez-vous
en
Jésus-Christ,
du
condamné
pour
ses
péchés,
du
relieur
de
cet
évangile,
Grégoire,
et
de
ses
parents
et
de
tous
ses
compatriotes;
et
que
J.
-C.
se
souvienne
de
vous,
lui
qui
est
béni
pour
toute
l'éternité».